Marc-Yvan Coulombe / BabillArt Montréal
Voici des photos spectaculaires, troublantes, voire, bouleversantes et représentatives de l’actualité! L’Exposition World Press Photo est de retour à Montréal, pour une 18e édition, du 27 août au 13 octobre. Les 138 photos exposées au Marché Bonsecours ont été choisies parmi plus de 59 000 clichés, pris par 3778 photographes, provenant de 141 pays.
Ce concours de photojournalisme est dirigé par une organisation à but non lucratif, fondée aux Pays-Bas en 1955 et dont les expositions annuelles sont présentées en une soixantaine de lieux à travers le monde. Les thématiques principales de l’édition 2025 sont les conflits en cours sur la planète, ainsi que les migrations et les changements climatiques.

Cette année, le photographe documentaire québécois, Charles-Frédérick Ouellet, était l’un des membres du jury pour la région Amérique du Nord et Centrale. M. Ouellet qui est l’un des lauréats de l’édition 2024 du prestigieux concours, estime que cette exposition permet au public d’aller plus en profondeur dans sa compréhension de notre époque, au-delà du sensationnalisme.
«Ces images témoignent du battement de notre monde, de ses faiblesses, de ses malaises, mais aussi de sa vitalité. Nous devons les lire comme une radiographie de notre espèce, avec l’attention qu’elles exigent.»

Les photos exposées sont accompagnées de notes explicatives claires et concises. L’éclairage bien dosé permet de bien voir les détails de chaque cliché.
La salle est relativement spacieuse et les visiteurs sont nombreux. L’an dernier, l’exposition a attiré 73 000 personnes, souligne Yann Fortier, directeur général de l’événement, rencontré tout juste avant l’inauguration officielle de l’édition 2025. Ce succès s’expliquerait, en partie, par une croissance significative des réservations de groupes scolaires issus d’écoles secondaires du Grand Montréal.
Un symbole de l’avenir climatique ?
Parmi les pièces qui attirent l’attention dès notre arrivée dans la salle, il y a cette immense photo d’avion qui semble suspendu entre ciel et mer! Il s’agit d’un appareil de la compagnie Total, immobilisé sur le tarmac inondé de l’aéroport Porto Alegre–Salgado Filho, au Brésil.
Cette scène a été captée lors de précipitations record dans l’État du Rio Grande do Sul qui ont provoqué de très graves inondations, entre avril et juin 2024. Plus d’un demi-million de personnes de cette région ont été déplacées, des centaines ont été blessées et plus de 180 sont mortes.
Rappelons que selon des scientifiques, les changements climatiques sont principalement causés par la combustion d’énergies fossiles, notamment celles utilisées dans le transport aérien de passagers. Du coup, cette scène inquiétante nous apparaît comme un symbole de l’avenir climatique mondial.
Un survivant de Gaza

Le cliché gagnant du titre de Photo de l’année 2025 a été pris par la Palestinienne Samar Abu Elouf pour le New York Times. On y voit le jeune Mahmoud Ajjour, 9 ans, survivant de la guerre en cours à Gaza.
Alors que sa famille fuyait une attaque israélienne, Mahmoud s’est retourné pour encourager les autres à continuer. Une explosion lui a sectionné un bras et mutilé l’autre. La famille a été évacuée au Qatar où, après des soins médicaux, Mahmoud réapprend à utiliser ses pieds pour jouer sur son téléphone, écrire et ouvrir des portes. Il a toutefois besoin d’une assistance particulière pour la plupart des activités quotidiennes, comme manger et s’habiller.
La photographe, originaire de Gaza et elle-même évacuée en décembre 2023, vit dans le même complexe d’appartements que Mahmoud à Doha, au Qatar.
Chaque photo raconte une histoire

En 2020, la vie du culturiste de compétition Tamale Safalu a radicalement changé, lorsqu’il a perdu une jambe, à la suite d’un accident de moto. Malgré ses difficultés physiques et émotionnelles, le jeune homme a repris l’entraînement et il est devenu le premier athlète handicapé ougandais à affronter des athlètes valides lors d’une compétition de culturisme.
Sa force et sa détermination face à l’adversité sont une source d’inspiration pour des personnes de tous horizons, souligne la Néerlandaise Marijn Fidder, à qui l’on doit cette photo.
Bref, compte tenu de l’intensité des œuvres, il faut prévoir au moins une heure pour faire le tour de cette exposition.
Cela dit, vous avez sans doute vu quelques uns des clichés de l’édition 2025 sur votre téléphone ou sur votre ordinateur. Quoi qu’il en soit, la dimension réelle des photos exposées et l’éclairage approprié nous transportent, en quelque sorte, dans l’action!
C’est le cas, notamment, de Traversée de nuit qui met en lumière, de façon à la fois intime et presque surnaturelle, la réalité complexe de l’immigration clandestine, depuis la Chine vers les États-Unis. On y voit des personnes migrantes de Chine qui tentent de se réchauffer sous la pluie, après avoir franchi la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Ce cliché de l’Américain, John Moore, est l’une des photos finalistes de cette 70e édition du concours.

Enfin, sur la Mezzanine, on peut voir, notamment, une collection d’une vingtaine de portraits de Québécoises artistes ou militantes, photographiées principalement par Antoine Desilets, considéré comme un pionnier du photojournalisme québécois, dans les années 1970.
Les photos de Pauline Julien, Clémence DesRochers et Simonne Monet-Chartrand, entre autres, sont accompagnées de commentaires de Kim Lévesque-Lizotte, porte-parole de l’Expo World Press Photo Montréal, cette année.
À voir également, l’exposition Regards sur la pauvreté au Québec du professeur Normand Landry, de l’Université TÉLUQ. Il s’agit d’une trentaine de clichés révélant des scènes de pauvreté humaines, captées un peu partout au Québec.
Les billets pour l’Expo World Press Photo Montréal sont disponibles seulement à la porte pendant les heures d’ouverture de l’événement, du dimanche au mercredi de 10 h à 22 h et du jeudi au samedi de 10 h à minuit.
L’expo est aussi ouverte le lundi 1er septembre de 10h à 22h.
Tous les détails sur le site de l’exposition.

Laisser un commentaire