Ovation monstre pour les membres de Beau Dommage qui ont assisté, ce soir, à la Place des Arts, à la grande première du spectacle Ça fait 50 ans qu’on se connaît. Marie Michèle Desrosiers, Pierre Huet, Michel Hinton, ainsi que Réal Desrosiers et Robert Léger ont écouté religieusement les 11 chanteurs et chanteuses réunis pour interpréter de grands succès de ce groupe phare dont la musique a traversé les époques.
La complainte du phoque en Alaska, Tous les palmiers, Ginette et même Un incident à Bois-des-Filion renaissent dans des arrangements spectaculaires d’Antoine Gratton, joués par l’Orchestre Métropolitain, sous la direction d’Adam Johnson. Plus encore, l’ingénieuse mise en scène de Michel Poirier nous donne l’impression de retourner sur les lieux où se déroulent les captivantes histoires des pièces de Beau Dommage.
Pour ouvrir le bal, la chanson Montréal nous entraîne instantanément dans la douce poésie urbaine avec laquelle Beau Dommage a fait sa marque, dès 1974. David Latulippe qu’on a vu, cet été, dans Starmania et Krystel Mongeau, gagnante de Star Académie 2022, sont au côté d’Alexandre Désilets pour interpréter ce texte romanesque de Pierre Huet, sur une musique de Robert Léger. La chanson devient quasi-cinématographique, avec les arrangements opulents d’Antoine Gratton !
Une ambiance pour chaque chanson
L’orchestrateur a su trouver une ambiance, un ton, pour chaque titre. La frénésie des cordes rend Le géant Beaupré presque inquiétant ! De son côté, Le Picbois vole bien haut avec l’OM et la guitare d’Éléonore Pitre, sur les rythmes enlevants du batteur Robbie Kuster.
En plus de la symbiose entre la pop et le classique, Beau Dommage symphonique rassemble des nouveaux venus et des chanteurs qui ont du bagage. C’est ainsi que Coral Egan et Audrey-Michèle partagent la scène avec Jules, Lyxé et Allyson Pétrin.
Tout ce beau monde nous a concocté de riches harmonies vocales qui rappellent celles du groupe célébré. Évidemment, il ne faut pas s’attendre à une copie de Beau Dommage ! Il y a d’ailleurs des moments moins réussis dans ce spectacle. Entre autres, Le retour du flâneur par Krystel Mongeau tourne à la démonstration de prouesses vocales, ce qui a bien peu à voir avec l’esprit de cette chanson.
Cela dit, parmi les nombreux temps forts de la soirée, je retiens l’interprétation poignante et tout en douceur de Quand rose va chez son fils par Sophie Grenier qui semblait elle-même au bord des larmes.
Quant à Frank Julien, quelle aisance il a sur scène ! Qu’il s’agisse de Rouler la nuit ou d’Harmonie du soir à Châteauguay, ce chanteur nous donne l’impression de nous raconter une histoire qu’il aurait lui-même vécu !
Si, dans l’ensemble, les interprètes de Beau Dommage symphonique sont plutôt réservés, on se réjouit de les voir tous très investis et au service des chansons qui sont les grandes vedettes de la soirée.
Mise en scène
Latulippe, Désilets et Jules s’en sont donné à coeur joie sur 23 décembre, alors que des boules (de Noël) rouges sont descendues du plafond, au grand plaisir du public qui ne demandait qu’à retrouver son coeur d’adolescent, alors que l’OM sonnait comme au temps du dixie.
Puis, de magnifiques ballons rouges sont apparus lorsque Lyxé, Allyson Pétrin et Audrey-Michèle ont interprété l’indémodable Complainte du phoque en Alaska.
L’une des pièces les plus attendues était, évidemment, Un incident à Bois-des-Filion, une chanson de plus de vingt minutes qui occupait en entier la Face B du mythique album Où est passée la noce ? Cordes, cuivres, bois, percussions… avec une soixantaine de musiciens, Antoine Gratton a su transposer les divers thèmes de cet hymne du «prog» québécois en un éclatant feu d’artifice orchestral !
En disposant les chanteurs autour de l’orchestre ou parmi les musiciens, Michel Poirier a réussi à donner un côté théâtral très puissant à cette dramatique histoire d’amour et de noyade.
Pour terminer la soirée, le socle sur lequel Antoine Gratton était assis au piano s’est soudainement élevé d’au moins deux mètres au-dessus de la scène et le chanteur a lui-même entonné l’increvable Blues d’la métropole. Les interprètes sont revenus sur scène pour chanter en chœur ce vers d’oreille, avec des vestes de signaleurs routiers, comme on en voit souvent dans notre ville aux mille chantiers. Les 11 chanteurs se sont ensuite retournés, chacun portant sur sa veste l’une des onze lettres de Beau Dommage.
Bref, une soirée mémorable où l’on aurait bien aimé applaudir également Michel Rivard et Pierre Bertrand, deux piliers du groupe qui n’étaient toutefois pas au rendez-vous.
Beau Dommage symphonique est présenté deux fois, à la salle Wilfrid-Pelletier, aujourd’hui, 31 août à 15h et à 20h.
Le spectacle s’arrêtera, ensuite, à Trois-Rivières, le 5 septembre, puis, à Sherbrooke, le 12 septembre. Enfin, deux représentations sont prévues au Grand Théâtre de Québec, le 14 septembre.
*Crédit photo : Jean-Charles Labarre
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