Chers parents au Rideau Vert: du «théâtre d’été» ?

Le Théâtre du Rideau Vert termine sa saison avec une comédie où les personnages défendus par Luc Senay et Josée Deschênes se retrouvent, bien malgré eux, dans un conflit majeur avec leurs enfants incarnés par Steve Gagnon, Sonia Cordeau et Simon Beaulé-Bulman. L’argent est, ici, au cœur d’un dilemme familial qui soulève des questions à la fois profondes et amusantes! On rit mais, l’aspect comique s’essouffle toutefois rapidement. Heureusement, cette pièce écrite par les Français Emmanuel et Armelle Patron (frère et soeur) nous est servie dans une habile adaptation québécoise de Danièle Lorain.

Luc Senay et Josée Deschênes, dans la pièce Chers parents au TRV

Avec leur grande complicité, Josée Deschênes et Luc Senay sont tout simplement irrésistibles en couple de sexagénaires qui ont décidé de changer radicalement de vie. Ils viennent de gagner à la loterie et ils s’apprêtent à tout laisser pour aller ouvrir un orphelinat au Cambodge! Bien qu’ils semblent naïfs, on verra qu’il n’en n’est rien!

Un cadeau empoisonné

Leurs enfants ne cachent pas leur déception de ne pas recevoir leur part de l’énorme gros lot de leurs chers parents. Ces derniers finissent par accorder à chacun une somme rondelette mais, jugée insuffisante. L’aîné, Steve Gagnon, est particulièrement intense dans la manifestation de son mécontentement, ce qui déclenche souvent des éclats de rire dans la salle.

De leur côté, les deux retraités de l’enseignement estiment qu’une plus grande aisance financière nuirait à leur progéniture qui pourrait être tentée de se satisfaire de ses acquis, sans chercher à continuer d’évoluer.

De nombreuses autres questions surgissent. Quelles sont les obligations des parents envers leurs enfants devenus adultes? De combien d’argent a-t-on besoin pour être heureux? Nos idéaux sur la répartition de la richesse sont-ils sincères? Les mimiques et l’ensemble du langage non verbal de chacun des personnages pimentent les répliques savoureusement!

Sonia Cordeau, Steve Gagnon et Simon Beaulé-Bulman dans la pièce Chers parents

Une tournure inattendue

Soudainement, la trentenaire grincheuse interprétée par Sonia Cordeau fait irruption dans le salon avec une carabine et ordonne à ses frères de ligoter leurs parents! Tous les trois veulent obliger leurs géniteurs à leurs céder davantage d’argent.

Pareille radicalisation dans une famille pacifique et encline au dialogue a de quoi surprendre! Est-ce drôle? J’ai plutôt entendu des rires embarrassés durant cette scène que la comédienne ne parvient d’ailleurs pas à rendre vraisemblable. 

Pour sa part, Simon Beaulé-Bulman se distingue avec son interprétation nuancée du cadet de la famille, à la fois peureux et sensible. Il en viendra néanmoins aux coups avec son frère aîné, dans cette mise en scène sans grandes trouvailles de Marc St-Martin.

Quant au décor de Loïc Lacroix Hoy, on y remarque une fissure sur un mur; elle s’agrandit d’ailleurs à mesure que le spectacle avance. On peut sans doute y voir un symbole du déchirement que vit cette famille mais, il est étonnant que rien dans le texte ne fasse écho à cet élément qui attire pourtant continuellement l’attention du public.

Enfin, malgré des maladresses, Chers parents vous donnera sans doute l’agréable impression d’être entré dans la période estivale, tellement cette production s’apparente à celles qui font les succès de nos «théâtres d’été».

Chers parents

Texte : Armelle et Emmanuel Patron / Adaptation : Danièle Lorain / Mise en scène : Marc St-Martin

Au Théâtre du Rideau vert jusqu’au 1er juin.

*Crédit photo: David Ospina

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