L’Espace St-Denis affichait complet, samedi, pour une deuxième soirée consécutive, consacrée au tout nouveau spectacle Cette voix : Dan et Gerry, notre histoire. Dan Bigras y raconte avec humour sa rencontre déterminante avec Gerry Boulet, au début des années 1980.
Le rocker à la voix rauque et emblématique du groupe Offenbach revit sur de nombreuses vidéos d’archives d’excellente qualité visuelle et sonore, ce qui permet à Bigras de chanter, à plusieurs reprises, en duo avec son mentor. Bref, grâce à la technologie, on assiste à une rencontre inespérée entre deux complices de longue date, près de 35 ans après la mort d’un géant de la chanson québécoise.
Duos d’amis
Dès le numéro d’ouverture, les spectateurs sont envoûtés par une version presque méditative de Tue-moi, avec une introduction a cappella. «Tu me tueras si tu t’en vas», chante Bigras, alors qu’on voit apparaître, par la suite, sur grand écran, le regretté Gerry qui entonne La voix que j’ai. Frissons!

Avec ses indéniables talents de conteur, le sexagénaire se remémore sa première rencontre avec le rocker qui était allé le joindre sur la petite scène de la Brasserie du Roi de Longueuil, un soir de 1983. Les deux énergumènes avaient alors «jammé» jusqu’aux petites heures.
Peu impressionné par les textes du jeune montréalais, le chanteur iconique avait fait appel au parolier Michel Rivard, en plus de convoquer le batteur Pat Martel d’Offenbach et le bassiste Breen LeBoeuf, ainsi que Nanette Workman comme choriste, pour les premiers enregistrements de son protégé.
En souvenir de cette époque bénie des dieux, Dan Bigras interprète, alors, Soleil noir, un titre de son tout premier 45 tours, paru en 1986 et dont le texte est de Michel Rivard.
Accompagné de trois musiciens (guitariste, bassiste et percussionniste), Bigras nous démontre qu’il est toujours habité par le répertoire de Boulet. Il s’en donne à cœur joie avec Deux autres bières, Je chante comme un coyote, Ayoye, etc. Plusieurs pièces se transforment en duo, car, on a réussi à isoler la voix de Boulet, même dans les séquences tirées de prestations avec Offenbach.
Toujours vivant
Pas étonnant qu’après la mort de Gerry, sa veuve, Françoise Faraldo, s’était tournée vers l’ami Dan pour qu’il fasse la réalisation de ce qui allait devenir le disque posthume Jézabel. Bigras offre d’ailleurs une version très sentie du Chant de la douleur, tiré de ce disque.
Durant près de deux heures de montagnes russes émotionnelles, on retrouve aussi le Gerry qui sautille comme un jeunot sur la vidéo de Toujours vivant, tournée moins de deux ans avant qu’il ne soit emporté par un cancer du côlon. On le voit aussi interpréter la prémonitoire, Pour une dernière fois.
Au programme, également, quelques tubes de Bigras, dont: Ange animal et Trois petits cochons.
Cela dit, le spectacle Cette voix : Dan et Gerry, notre histoire, en est à ses débuts. Plusieurs harmonies vocales étaient plutôt approximatives, en ce 11 janvier. On reverra sans doute aussi certains éclairages qui y gagneraient à être adoucis pour qu’on puisse toujours voir clairement les images de l’intense Gerry à l’oeuvre.
Il serait bon que Dan parle un peu plus fort, car il était parfois difficile de suivre ses propos, à l’arrière de la salle. Mais, il est clair que Bigras a développé un concept de spectacle original et qui rejoint un large public.
Au rappel, c’est Gerry lui-même qui lance Hymne à l’amour de Piaf. Pour la dernière séquence, les deux hommes chantent Dieu réunit ceux qui s’aiment, en étant l’un devant l’autre sur l’écran géant. Très réussi!
Dan Bigras a su utiliser judicieusement divers moyens technologiques pour nous faire revivre sa rencontre avec son mentor. En plus d’interpréter des pièces marquantes du répertoire québécois, il sait partager son vibrant témoignage d’affection au-delà de la mort. Éblouissant!

Cette voix : Dan et Gerry, notre histoire
En tournée au Québec; voir les dates, ici.
*Photos fournies par l’équipe du spectacle Cette voix: Dan et Gerry, notre histoire
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