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La 47e édition du Festival de Lanaudière s’est terminée en apothéose, dimanche (4 août), avec la présentation de l’opéra Aida de Verdi, dirigé par Yannick Nézet-Séguin. Cette version concert réunissait des interprètes de haut calibre de la production qui prendra l’affiche au Metropolitan Opera de New York, le 31 décembre prochain. L’Amphithéâtre Fernand-Lindsay était rempli pour ce rendez-vous très attendu qui venait clôturer quatre semaines de concerts au cours desquelles on a enregistré des revenus de billetterie records!
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«C’était écrit dans le ciel!»
Un orage a éclaté vers 15h 30, puis la pluie a cessé de tomber un peu avant 16h, de sorte que les festivaliers qui avaient acheté des billets sur la pelouse ont pu se laisser emporter par l’histoire d’Aida, sans avoir à enfiler leurs imperméables. Durant plus de 3h 30, incluant un entracte, on en a presque oublié que la température a chuté de près d’une dizaine de degrés, tellement ce qui se déroulait sur scène était intense, même sans décor et sans mise en scène!
Le directeur artistique du festival, Renaud Loranger qui avait lancé, en 2018, l’idée de cette association avec le MET, estime que ce concert aura marqué notre histoire de l’art lyrique. «Un tel niveau vocal à l’opéra au Canada est exceptionnel! C’est sans doute du jamais atteint depuis l’époque d’Expo 67 qui nous avait valu la visite des compagnies de La Scala de Milan et de l’Opéra d’État de Vienne, entre autres.»
En plus de la soprano de réputation internationale, Angel Blue, bouleversante dans le rôle-titre, le ténor SeokJong Baeck (Radamès) brille, lui aussi, à chacune de ses apparitions. Quant à la mezzo-soprano Judit Kutasi, irréprochable au point de vue vocal, elle peine parfois à s’imposer en Amneris, personnage rusé et cruel. Aux côtés de ce triangle amoureux, le puissant baryton Ambrogio Maestri (Amonasro) nous secoue par sa très forte présence sur scène!
Parmi les autres grandes voix de cet Aida, on se souviendra d’Alexandros Stavrakakis (basse), électrisant Ramfis et, dans une moindre mesure, de Morris Robinson (basse), imposant Roi d’Égypte.
Cette distribution étincelante témoigne du fait que le Festival de Lanaudière arrive «à un niveau de maturité très avancé», selon son directeur artistique. «Aida a été retardé de quatre ans à cause de la pandémie mais, c’était écrit dans le ciel que cette association avec le MET marquerait l’histoire du festival!»
Un autre fait à noter est que «Yannick dirige Aida pour la première fois de sa carrière», poursuit-il, en soulignant que c’est la personnalité du maestro montréalais qui attire les spectateurs, plus encore que la notoriété des chanteurs invités.
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Au lendemain de ce concert d’exception, interprété avec l’Orchestre Métropolitain en grande forme et le Choeur Métropolitain qui manquait parfois de volume, Renaud Loranger dit mieux réaliser l’ampleur de cet évènement lyrique dont on parlera sans doute longtemps.
«Évidemment, le jour même du concert, je suis concentré sur mes responsabilités. Mais, heureusement, j’avais assisté à la générale d’Aida, samedi matin, à la Maison symphonique et je peux vous dire que j’ai quitté la salle en larmes, troublé par l’interprétation grandiose de cet opéra tragique!»
D’ailleurs, plusieurs mélomanes avaient l’oeil humide, à l’Amphithéâtre Fernand-Lindsay, après la déchirante scène finale où Radamès, condamné à périr emmuré vivant dans une crypte, y est rejoint par Aida. Les amoureux unissent alors leurs voix dans un ultime duo d’amour de plus en plus doux: «O terra, addio». Splendide!
Une nouvelle entente avec le MET ?
Comme on pouvait s’y attendre, l’expérience est concluante sur toute la ligne et des discussions sont en cours pour une nouvelle collaboration avec le Metropolitan Opera. On sait déjà que c’est un opéra de Wagner que Yannick Nézet-Séguin dirigera, l’été prochain, en avant-première, au Festival de Lanaudière, avec des solistes d’une production qui sera ensuite présentée au MET.
Vedettes internationales
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D’ailleurs, on peut s’attendre à continuer de voir des vedettes internationales à Lanaudière, au cours des prochaines années. Renaud Loranger se réjouit, entre autres, des succès entraînés par la présence des Arts florissants et de leur fondateur qui en étaient à leur troisième été consécutif à Lanaudière. «William Christie et son ensemble ne seront pas des nôtres, l’an prochain, mais je vous promets que nous ne tarderons pas à les réinviter!»
Cela dit, on travaille à ramener «de grands noms qu’on n’a pas vu depuis longtemps à Lanaudière.» On veut aussi attirer de nouvelles stars qui en seront à leur «première visite au Québec et peut-être même au Canada.»
Changement de directeur général
Un autre défi attend l’organisation lanaudoise puisque Xavier Roy, directeur général du Festival depuis 2020, quittera son poste, à la fin du mois d’août, «pour se consacrer à de nouveaux projets», selon un communiqué émis en juin dernier.
«Le départ de Xavier est une perte indéniable ! Nous nous sommes très bien entendus lui et moi. Il a réussi à sortir de Festival de la pandémie!»
A-t-on une idée de la personne qui va le remplacer? «Le processus a été mis en branle et il devrait se conclure avant la fin de 2024.»
Monsieur Roy cède les commandes d’une organisation qui semble avoir retrouvé ses marques. La programmation diversifiée et la météo clémente de cet été auront permis d’attirer quelque 35 000 spectateurs et d’accumuler «les revenus de billetterie les plus élevés de l’histoire du Festival de Lanaudière», précise monsieur Loranger. «Il faut rester prudent mais si la tendance se maintient, on pourra travailler dans un cadre propice à l’optimisme.»
Crédit photo : Annie Bigras
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