Marc-Yvan Coulombe / BabillArt Montréal
Claude Gauvreau, auteur des pièces, La charge de l’orignal épormyable, Les oranges sont vertes et L’Asile de la pureté qui ont été présentées, notamment, au Théâtre du Nouveau Monde, aurait eu 100 ans cette année. Plus d’un demi-siècle ans après sa mort tragique et mystérieuse, à l’âge de 45 ans, cet écrivain qui inventait des mots pour exprimer sa pensée, revient hanter le théâtre du Gesù, où il a notamment participé à la Nuit de la poésie en 1970.
Du 30 octobre au 4 novembre prochains, l’œuvre de ce poète, dramaturge et romancier, sera célébrée à travers ses écrits, quelques films, un lancement de livre, ainsi qu’un déambulatoire mêlant marionnettes géantes, fanfare et poésie. Cette programmation commémorative se terminera avec Cabaret Gauvreau!, réunissant plusieurs vedettes, dans une mise en scène de Lorraine Pintal.
Un langage inventé
Au coeur de l’héritage de Claude Gauvreau, il y a son langage fictif, l’«exploréen», à mi-chemin entre le langage parlé et l’onomatopée. C’est ce qui a fasciné, dès son jeune âge, Dominique B. Marier, la grande responsable de la programmation de Gauvreau 100 ans!
«Cet auteur a changé ma vision de la littérature, en me faisant découvrir qu’on pouvait «flyer» au point d’inventer des mots! Cela dit, sa révolte contre l’ordre établi a quelque chose d’intemporel. La jeunesse d’aujourd’hui vit, elle aussi, de profondes remises en questions face aux normes sociales. Il faut donc tout mettre en oeuvre pour que les jeunes, entre autres, puissent s’intéresser à Gauvreau.»

La jeunesse sera à l’honneur, dès l’ouverture de la programmation, avec la compagnie québécoise eXplo, qu’on retrouvera dans la pièce L’Asile de la pureté. Ces comédiens ont d’ailleurs été invités en France, au Festival Off Avignon, l’an dernier, pour jouer cette œuvre emblématique de Gauvreau, écrite en 1952, année où s’est suicidée l’actrice Muriel Guilbault, dont l’écrivain était amoureux.
Gauvreau 100 ans : L’Asile de la pureté
Avec: Jean-Philippe Boivin, Emmanuel Bossé-Messier, Gabrielle Boucher, Chloé Chartrand et Matthias Lefèvre.
Au Gesù, le 30 octobre à 20h.
Des films rarement présentés
Le 2 novembre sera une occasion de voir Claude Gauvreau à l’écran, dans divers films.
Au programme, entre autres: Claude Gauvreau – poète, un long métrage documentaire de Jean-Claude Labrecque, ainsi que La Nuit de la poésie 1970 de Jean-Claude Labrecque et Jean-Pierre Massé.
D’autre part, Dominique B. Marier, qui est aussi directrice «art et développement», au Gesù, souligne qu’elle a réussi à obtenir les droits pour La charge de l’orignal épormyable, réalisé par Jean Salvy et produit par Radio-Canada, «un film qui n’est plus accessible au public».
Tournée en 1992, cette adaptation en téléthéâtre de la pièce culte de Gauvreau réunissait, notamment, les comédiens Jacques Godin et Marc Béland.
Pleins feux Gauvreau!
Au Gesù, le 2 novembre, à compter de 14h.

À la suite de ces projections, on pourra assister au lancement officiel du livre Gauvreau vivant de l’auteur Thierry Bissonnette. L’oeuvre de 450 pages est publiée aux éditions de La Grenouillère. L’auteur a interrogé des contemporains de ce signataire du Refus Global, en plus de recueillir des documents inédits; il a «ainsi accompli un travail de détective qui permet d’illustrer la vie du phénomène Claude Gauvreau, et de nous le rendre plus familier», souligne l’éditeur.
Lancement du livre «Gauvreau vivant»
Dans la salle Custeau du Gesù, le 2 novembre à 17h.
Un déambulatoire suivi d’un spectacle

L’idée de cet hommage à Claude Gauvreau a commencé à germer dans la tête de Mme Marier, il y a quelques années. «En faisant du ménage dans les archives de l’église du Gesù, on a retrouvé le dossier scolaire de M. Gauvreau qui a étudié ici au Collège Sainte-Marie, une institution dirigée par les Jésuites où on dispensait le cours classique.»
Ce collège a été démoli mais l’immense église du Gesù, construite en 1865, demeure ouverte au 1202 rue de Bleury et le public y est convié dans le cadre de Gauvreau 100 ans!, le 4 novembre.
La soirée débutera sur la rue Ste-Catherine, dans le Quartier des spectacles, avec un déambulatoire réunissant des marionnettes géantes de Matthieu Bonnier et Emilie Racine, dans une mise en scène et conception visuelle de cette dernière. Le tout se déroulera au son d’une performance musicale du Sumak Brass Band. Le cortège se dirigera vers l’église du Gesù pour un spectacle gratuit d’une trentaine de minutes.
Inspiré par le roman Beauté baroque, écrit après le suicide de la comédienne Muriel Guilbault, Le Géant et la Muse évoque la réunion posthume du poète et de sa muse. On nous promet «une performance théâtrale où mémoire, mythe et folie se confondent.»
Le géant et la muse (procession festive et spectacle)
4 novembre – Déambulatoire dont le point de départ est prévu à 18h 45 sur l’esplanade Tranquille, suivi d’une performance théâtrale à l’église du Gesù, à 19h05. On peut déjà voir des images des marionnettes géantes de ce déambulatoire, sur la page Facebook de l’événement Le Géant et la Muse.
Un cabaret signé Pintal

Enfin, Gauvreau 100 ans! se terminera avec une soirée, dirigée par Lorraine Pintal, réunissant des comédiens, musiciens et marionnettes, autour des mots et de l’esprit de Gauvreau.
Julie Vincent, Jean-François Casabonne, Roger Larue, Chloé Ste-Marie et Yves Desrosiers, entre autres, seront sur la scène de l’amphithéâtre du Gesù pour ce cabaret.
On y entendra des extraits des textes: Beauté baroque, L’Asile de la pureté, Le Vampire et la nymphomane, Étal Mixte et Les Oranges sont vertes.
Même en pleine campagne électorale, Lorraine Pintal qui est candidate comme conseillère municipale dans Rosemont-La Petite-Patrie, n’aura pas résisté à l’appel de Gauvreau. Rappelons qu’au fil des ans, l’ancienne directrice du TNM a mis en scène les trois pièces de théâtre de cet auteur ainsi que son opéra Le vampire et la nymphomane.
Cabaret Gauvreau!
Textes: Claude Gauvreau / Mise en scène: Lorraine Pintal
À l’amphithéâtre du Gesù, le 4 novembre à 20h.
Tous les détails de la programmation de Gauvreau 100 ans ! sont par ici.

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