Un grand frisson a traversé la Maison symphonique, samedi soir, lorsque la présidente-directrice générale de l’Orchestre Métropolitain, Fabienne Voisin, a annoncé que Gilles Vigneault lui-même était dans la salle pour assister à l’interprétation de sa Grand-Messe ! Il s’en est suivi une longue ovation ! L’artiste de 96 ans, installé dans une loge surplombant la scène, s’est levé pour saluer le public solennellement ! Au cours de cette soirée mémorable, le Choeur Métropolitain et quelques musiciens de l’OM ont aussi interprété quelques chansons du poète de Natashquan, dont Si les bateaux et Gens du pays.
Messes rythmées
En première partie de ce concert intitulé, Sacré Gilles Vigneault, on a redonné vie à une célèbre messe écrite en espagnol, par l’Argentin Ariel Ramírez (1921-2010). En plus de connaître un important succès populaire, La Misa Criolla, enregistrée en 1964, a été inscrite au catalogue du Vatican, où elle fut également présentée sous le pontificat du pape Paul VI, comme une «œuvre d’importance religieuse universelle».
Après un Kyrie qui s’apparente à un dialogue entre le ténor très expressif Antonio Figueroa et l’impeccable choeur aux interventions quasi-murmurées, on passe à un Gloria plus exubérant. Le caractère exotique de ce morceau où surgissent des rythmes de danse traditionnelle argentine est accentué par les interventions du charango, une petite guitare des peuples autochtones des Andes.
Un autre temps fort de cette messe d’une vingtaine de minutes est le Sanctus sur un rythme dansant, où se distingue Alexandre Lavoie, percussionniste de l’OM.

Cette alliance du sacré et du folklore musical est aussi fondamentale dans la messe de Vigneault, comme l’ont souligné les chefs de choeur Pierre Tourville et François A. Ouimet, tous les deux à l’oeuvre dans ce concert.
Le public nombreux est d’ailleurs resté attentif et enthousiaste durant ce riche voyage musical dont la pièce de résistance nous attendait après l’entracte.
Simplicité et émotion
Rappelons que la Grand-Messe a été écrite par Gilles Vigneault et Bruno Fecteau (1959-2011), à l’occasion du 400e anniversaire de la Ville de Québec. Dès 2008, l’oeuvre a été gravée sur disque avec l’Orchestre symphonique de Québec mais, c’est une version plus intime que nous présente le Choeur Métropolitain.
Dans un esprit de recueillement, les arrangements de Sebastian Verdugo qui est lui-même au piano, font aussi place au violon, la guitare et la contrebasse. Misant principalement sur les voix, on a décidé d’omettre l’ouverture et de commencer directement par l’Introït, douce prière où se glissent quelques mots en innu.
La soprano Myriam Leblanc est lumineuse dans le Gloria où l’on reconnaît bien le caractère universel de la plume de Monsieur Vigneault: «Dans la ville et sur les places Dans le village et les champs Au désert et dans les glaces Dans le gouffre et le volcan… La terre et le ciel chantent l’éternel»
Fidèle à sa grande simplicité, l’artiste nous touche également avec son Alleluya qui prend l’allure d’un rigodon!
Le Pater Noster suppliant du ténor Antonio Figueroa est d’une grande beauté ! Les remarquables qualités d’interprétation de la mezzo-soprano Andréanne Moreau et du baryton Emanuel Lebel se fondent admirablement à la relecture à la fois sobre et touchante de cette messe aux accents résolument québécois.
Pour conclure, le choeur chante avec une grande ferveur: «Maintenant que la messe est dite Allez vivre en paix», des mots qui nous interpellent en cette période trouble.
Un anniversaire…
Quoi de mieux pour terminer cette soirée enchanteresse qu’un bouquet de chansons de Vigneault ? Avec son enthousiasme communicatif, le chef de choeur François A. Ouimet a, notamment, dirigé une version enlevante de Jack Monoloy !
On en a aussi profité pour souligner le 50e anniversaire de Gens du pays, qu’on a chanté du parterre au balcon: «Monsieur Vigneault, c’est votre tour de vous laisser parler d’amour.»
Pas de doute, ceux qui ont eu la chance de vivre ce moment s’en souviendront longtemps!

Sacré Gilles Vigneault
Ce concert du Choeur Métropolitain était présenté à la Maison symphonique, le 5 avril 2025.
*Crédit photo: Denis Germain
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