L’éblouissant concert «Grandeur d’âme» de l’Orchestre Métropolitain dépasse le cadre de la musique comme telle! D’une part, le jeu sublime du pianiste britannique Christian Blackshaw nous entraîne dans une véritable expérience spirituelle mozartienne. Puis, l’interprétation magistrale de la Symphonie n° 9 de Schubert, par l’OM, est d’une puissance à nous redonner foi en l’être humain.
Au-delà des brillantes partitions au programme, il y a l’immense savoir-faire et la simplicité de Yannick Nézet-Séguin lui-même. L’artiste qui vient d’avoir 50 ans a le don de nous ramener à l’essentiel ! Nous avons besoin de musique, particulièrement en ces temps troublants, souligne-t-il, en nous expliquant avec limpidité ce qu’il a choisi de jouer et pourquoi. Du coup, les mélomanes et les néophytes comprennent le sens de l’exceptionnel voyage musical qu’ils s’apprêtent à vivre.
Intemporel

Il y a quelque chose de saisissant à voir le soliste invité, Christian Blackshaw, entrer en scène, à la Maison symphonique, en ce 26 mars 2025. Rappelons que le septuagénaire fut le tout dernier artiste à présenter un concert, à la Salle Bourgie, en mars 2020, juste avant la fermeture prolongée des salles de concert, à cause de la pandémie. Depuis ce temps, le monde a profondément changé mais, le pianiste à la chevelure blanche porte toujours la musique de Mozart comme un phare!
Le Concerto pour piano no 24 exprime les épreuves que doit affronter l’être humain pour donner un sens à sa vie. Blackshaw semble particulièrement habité par ce thème, lui qui avait même cessé de donner des concerts durant une vingtaine d’années, à la suite du décès de son épouse, emportée par un cancer.
Cette oeuvre d’un peu plus d’une demi-heure culmine dans un Larghetto qui devient une conversation entre le piano et l’orchestre. La subtilité presque surréelle des nuances jouées par Blackshaw et l’équilibre du dialogue avec l’OM furent de véritables moments de grâce. L’émotion a continué de régner sur scène et dans la salle jusqu’aux dernières notes de l’Allegretto, à la conclusion dramatique.
Puissance émotive

Après l’entracte, on a compris mieux que jamais pourquoi la 9e symphonie de Franz Schubert mérite bien d’être appelée «La Grande». En plus de ses proportions monumentales, il s’agit d’une oeuvre que Schumann qualifiait de «fondamentale», en précisant qu’elle «offre une maîtrise concise du rythme, des procédés structurels et rythmiques dignes de Beethoven et une rigueur de la forme qu’on ne retrouve dans aucun autre ouvrage symphonique ou instrumental de Schubert.»
Grâce à sa connaissance profonde de la partition, Yannick Nézet-Séguin réussit à établir une relation presque magnétique avec l’OM. Il en résulte une interprétation d’envergure de cette symphonie encore peu connue du grand public.
Après un premier mouvement qui commence par une introduction lente où les cors sont mis en lumière, on passe à l’Andante aux allures de marche dont Schumann soulignait la «voix si touchante» avec laquelle Schubert parle au public. Suivent l’exubérant Scherzo et le grandiose finale dont la conclusion est triomphale!
En plus de ses extraordinaires qualités de chef d’orchestre, Yannick Nézet-Séguin incarne l’amour de la musique ! Même s’il est depuis longtemps une star internationale, il faut le voir s’avancer jusqu’à l’arrière-scène, à la fin du concert, pour aller remercier ses musiciens, pupitre par pupitre, avec l’enthousiasme d’un enfant comblé ! De telles marques de respect font aussi vibrer la foule ! Une fois de plus, le charisme de Nézet-Séguin aura amené le public à élargir ses horizons musicaux.
Cela dit, en début de soirée, l’OM a joué une Ouverture d’Emilie Mayer, une compositrice allemande du XIXe siècle. Maestro Nézet-Séguin nous a présenté cette oeuvre en la comparant à certaines pages de Rossini ou à l’Ouverture d’un opéra de Mozart. À vrai dire, cette musique est agréable mais, sans caractère distinctif, comme s’il s’agissait d’un ensemble d’idées empruntées à divers compositeurs
Enfin, soulignons que l’excellent concert Grandeur d’âme, par l’Orchestre Métropolitain, sera repris trois fois dans divers arrondissements montréalais. Les représentations des 28 et 30 mars sont dirigées par Naomi Woo et celle du 29 mars, par Yannick Nézet-Séguin.
-Le 28 mars, à 19h 30, à l’Église Saint-Sixte, arrondissement de Saint-Laurent
-Le 29 mars, à 19h 30, à l’Église Sainte-Suzanne de Pierrefonds
-Le 30 mars, à 15h, à la Salle Désilets, arrondissement de Rivière-des-Prairies – Pointe-aux-Trembles
Détails: https://orchestremetropolitain.com
Laisser un commentaire