Les chansons de Cesária Évora résonneront sur scène à Montréal et Québec, au cours des prochains jours. Dans le cadre d’une tournée nord-américaine, Cesária Évora Orchestra – Hommage à la diva aux pieds nus, s’arrêtera au Palais Montcalm, le 21 février et au Théâtre Maisonneuve, le 27 février.
Ce spectacle réunit 11 artistes sur scène, dont Teófilo Chantre, compositeur et collaborateur de longue date de l’icône cap-verdienne. Le chanteur partagera la scène avec trois interprètes du Cap-Vert: Elida Almeida, Ceuzany et Lucibela. Tout ce beau monde sera accompagné par l’ensemble instrumental Cesária Évora Orchestra, dirigé par Humberto Ramos, pianiste et directeur musical de celle qui a conquis le monde avec Sodade.
La tournée est organisée par José da Silva qui fut l’imprésario de Madame Évora. Entretien avec ce visionnaire capverdien qui a propulsé la Reine de la morna sur la scène internationale.
Miss Perfumado
José da Silva, bien connu en tant que fondateur du label discographique Lusafrica, n’a pas oublié sa première rencontre avec Cesária Évora. Joint par téléphone à Mindelo, au Cap-Vert, il nous raconte l’ascension inattendue de sa protégée.
«C’était en 1987. À l’époque, j’étais un employé de la Société Nationale des Chemins de Fer français, à Paris. Un soir, j’étais allé écouter Cesária chanter au restaurant du chanteur cap-verdien Bana, à Lisbonne. Je ne la connaissais pas mais, sa voix m’a ému! Cette femme avait beaucoup souffert et cela s’entendait. Après son spectacle, je suis allé lui proposer de l’aider à percer en France.»
Cesária Évora avait déjà connu du succès au Cap-Vert dans les années 1970 mais, la situation politique dans son pays l’avait amenée à interrompre sa carrière, durant une dizaine d’années.
«Elle approchait la cinquantaine et elle n’était pas une artiste professionnelle. En plus, elle fumait beaucoup et elle refusait les exigences du showbiz. Il ne fallait surtout pas lui imposer des choses!»
Malgré tout, l’aiguilleur de la SNCF décide alors de fonder sa propre maison de disques. C’est ainsi que Cesária Évora enregistre, en 1988, l’album La Diva aux pieds nus, qui rencontre un succès considérable dans la communauté cap-verdienne. Deux autres opus suivront avant le lancement, en 1992, de Miss Perfumado, dont le tube Sodade est un succès international.
Les années qui suivront seront fastes pour cette interprète qui a pourtant bien failli tout abandonner.
En plus de chanter avec des stars, telles Bonnie Raitt, Salif Keita, Caetano Veloso et Bernard Lavilliers, «Cize» (abréviation affectueuse de Cesária) a reçu, en 2004, le Grammy du meilleur album world music pour son disque Voz d’Amor.
En 2009, elle a été nommée chevalière de la Légion d’honneur, ce qui est la plus haute décoration honorifique française.
Mais, de graves problèmes de santé l’ont obligée à s’arrêter. À l’âge de 70 ans, Cesária Évora meurt, des suites d’une insuffisance respiratoire, le 17 décembre 2011, à São Vicente.
«Cesária a un peu précipité sa fin en retournant vivre au Cap-Vert», estime Monsieur da Silva. Après avoir subi une opération à cœur ouvert, en 2010, elle avait besoin d’un suivi médical assidu et «ses médecins lui avaient recommandé de demeurer en France.»
L’âme de la musique cap-verdienne
En 2014, trois ans après la disparition de la Diva aux pieds nus, ses anciens musiciens ont repris la route, pour célébrer son répertoire. Trois chanteuses sont au coeur de cette tournée.
D’une part, il y a Ceuzany qui a accru sa notoriété en 2022 grâce à un duo avec le chanteur français Christophe Maé. À ses côtés, on verra Elida Almeida, découverte par les Montréalais au Festival international Nuits d’Afrique en 2019, ainsi que Lucibela, reconnue pour ses interprétations de mornas. «Chacune a des affinités par rapport à Cesária», assure José da Silva qui se réjouit à l’idée que cet hommage soit enfin présenté au Québec.
Cesária Évora Orchestra – Hommage à la diva aux pieds nus
Au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, le 27 février 2025, à 19h 30
Au Palais Montcalm, le 21 février 2025, à 19 h 30
*Photo de Cesária Évora / Crédit: Joe Wuerfel
Laisser un commentaire