I Musici qui traverse une période difficile, a pourtant terminé l’année en présentant un concert à guichets fermés. L’immense église St-Andrew and St-Paul, voisine du Musée des beaux-arts, était remplie à craquer, dimanche, pour le «Grand concert de Noël», dirigé par Jean-François Rivest. Ce franc succès est un baume pour l’orchestre de chambre montréalais qui, depuis la pandémie, a souvent joué dans des salles loin d’être pleines, en plus d’avoir dû réduire de moitié sa programmation 2024-2025, à cause de problèmes financiers.
Qu’à cela ne tienne, en ce 22 décembre, des mélomanes de tous âges ont bravé le froid mordant, pour venir écouter un programme à la fois sophistiqué et rassembleur.
Après de nombreux spectacles du temps des Fêtes aux accents pop, quel bonheur d’entendre des mélodies classiques de Noël interprétées, enfin, avec le caractère solennel qui les caractérisent.
De leur côté, les Petits Chanteurs du Mont-Royal ont réjoui les cœurs avec quelques extraits du Gloria de Vivaldi. Justesse, énergie et candeur sont des qualités maîtresses de ce chœur emblématique de Montréal, dirigé par Andrew Gray.
Pour sa part, la soprano Anna-Sophie Neher, récipiendaire du premier prix du Concours OSM Manuvie (2017), a brillé dans la Cantate BWV 51 (Exultez de joie) de Bach. Sa voix souple et puissante a résonné, même dans les dernières rangées de bancs de l’église, mais il était difficile de percevoir les subtilités de son art dans cette acoustique ingrate. À ses côtés, le trompettiste Stéphane Beaulac a ajouté un vif éclat à cette oeuvre d’une quinzaine de minutes, jouée en entier.
Le public a visiblement apprécié l’alternance entre des pièces confiées au chœur dont Ave verum corpus de Mozart et d’autres interprétées par la soprano, notamment, l’Alleluia de l’Exsultate, jubilate de Mozart également.
Le travail d’I Musici a été mis en lumière, au cours d’un ingénieux medley. Les arrangements de François Vallières y ont fait renaître l’émotion de Joy to the world, C’est l’hiver et même de Minuit, chrétiens, à travers la délicatesse d’un orchestre à cordes.
Cela dit, pour la majeure partie du public, l’apothéose aura été une suite de chants de Noël interprétés avec ferveur par le choeur, la soliste et l’orchestre, dans ce décor grandiose! On a pu apprécier, entre autres, Les anges dans nos campagnes, dans une harmonisation du regretté Gilbert Patenaude qui a été le directeur musical de la maîtrise des Petits Chanteurs du Mont-Royal, pendant près de quatre décennies.
Bref, à 48 heures du réveillon, le temps s’est arrêté grâce à des classiques, tels, Entre le boeuf et l’âne gris, suivie de Sainte nuit, interprétée en français, en espagnol et en anglais. Pour terminer, la foule a elle aussi chanté joyeusement Çà, bergers, assemblons-nous. C’est donc mission accomplie pour I Musici qui aura peut-être ainsi convaincu des mélomanes de suivre sa programmation en 2025.
I Musici de Montréal reprendra du service le 6 mars prochain, lors d’un concert intitulé Les tableaux d’une exposition. Le pianiste français Alexandre Tharaud sera l’un des invités de cette soirée, présentée à la salle Pierre-Mercure.
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