On s’est bidonné en ce soir de Saint-Valentin avec l’humoriste français Jarry. L’Olympia était plein à craquer pour l’unique représentation montréalaise à ce jour de Bonhomme, un spectacle qui a déjà été présenté 150 fois dans l’Hexagone. L’artiste de 47 ans qui oeuvre aussi au cinéma et à la télévision aborde avec autodérision son histoire personnelle d’homme gay et père de deux enfants.
À travers des gags grinçants, il écorche les valeurs woke qui, selon lui, sont omniprésentes au Québec. Au-delà du rire, cet observateur de la société s’aventure dans des sujets émouvants et rarement abordés dans les spectacles d’humour.
Macron, Trump et Blanche-Neige
Jarry nous a offert essentiellement le même spectacle qu’il présente en France. Certaines références, qui nous échappent, ont donc fait éclater de rire surtout les nombreux spectateurs français venus applaudir leur compatriote.
Malgré cela, on a tout de suite eu l’impression de connaître cet humoriste, tellement il a de la facilité à communiquer avec le public. Avec sa gestuelle qui rappelle parfois celle de Michel Serrault dans La Cage aux folles, Jarry se moque volontiers de l’accent québécois.
On lui pardonne car il est aussi très sarcastique envers son pays. On projette d’ailleurs sur grand écran une photo du président Macron et son épouse que le showman commente avec des sous-entendus assassins!
Puis, l’énergumène descend dans la salle, pour faire connaissance avec des spectateurs choisis au hasard. Entre autres, il aborde une femme en lui demandant carrément quelle était la couleur d’origine de ses cheveux! Du même souffle, il y va d’une recommandation salée à un amateur d’arts martiaux père de six enfants.
Jarry se paie la tête des féministes qui dénoncent, notamment, le baiser non consenti qui serait imposé à Blanche-Neige par le prince charmant. Au passage, il souligne qu’on ne peut plus utiliser le mot nain et il note, durant toute la soirée, les nombreux sujets qui sont devenus tabous chez nous.
«Le Québec n’est plus libre», ajoute-t-il, en écho au «Vive le Québec libre!», la phrase-clé du célèbre discours du général de Gaulle, prononcé depuis le balcon de l’hôtel de ville de Montréal, en 1967.
À travers ses propos souvent grivois et décousus, l’espiègle nous montre une photo de Donald Trump en ajoutant: «Allez! Applaudissez votre président!» Bien sûr, cette recommandation est huée copieusement mais, l’ambiance reste bon enfant.
Du rire aux larmes
C’est surtout vers la fin de la soirée qu’on comprend le choix du titre du spectacle, Bonhomme. Jarry croit en la bonté de l’homme. Selon lui, nous avons tous en nous la possibilité de devenir des héros.
Pour sa part, s’il pouvait voyager dans le temps, il irait offrir une journée de congé aux employés du World Trade Center, à la veille de l’attaque du 11 septembre 2001. Pince-sans-rire, ce papa de jeunes enfants aimerait aussi demander à Marie, mère de Jésus, comment donner un bain à un garçon qui va marcher sur l’eau?
Puis, à travers des anecdotes hilarantes, le quadragénaire raconte sa relation complexe avec son père décédé d’une tumeur au cerveau. Passant du rire aux larmes, il interprète alors la poignante Puisque tu pars de Jean-Jacques Goldman.
Du même souffle, Jarry demande au public d’applaudir les personnes malades, souffrant de cancer ou de dépression nerveuse, qui se sont déplacées pour voir son spectacle. La délicatesse et le franc-parler de ce «comique-philosophe» ont visiblement séduit aussi les Montréalais.
Des supplémentaires
Des supplémentaires sont prévues le 23 avril 2026 au Théâtre Capitole de Québec et le 24 avril 2026 à l’Espace St-Denis de Montréal.
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