Fidèle à ses habitudes, à l’approche de Noël, Kent Nagano, chef d’orchestre émérite de l’OSM, est de retour à la Maison symphonique pour diriger quelques concerts. En ce mardi soir, Le temps des fêtes avec Nagano a permis au public de se laisser bercer par les airs les plus célèbres de Casse-Noisette de Tchaïkovski, en plus de découvrir une «recréation» des Quatre Saisons de Vivaldi. On a aussi assisté à la grande première d’une oeuvre interprétée avec Marie-Nicole Lemieux.
«Cent soleils»
Maestro Nagano qui a marqué les Noëls de l’OSM en dirigeant plusieurs concerts aux côtés du conteur Fred Pellerin, nous arrive avec une toute autre proposition, cette année. L’une des pièces de résistance du programme qui sera joué, ce soir également (11 décembre), est une oeuvre intitulée: Cent soleils, pour contralto et orchestre.
Cette partition d’un peu plus de vingt minutes est du compositeur canadien Matthew Ricketts, alors que le livret est de l’écrivain Alain Farah, né à Montréal de parents libanais. Marie-Nicole Lemieux qui a travaillé en étroite collaboration avec Ricketts pour cette création, interprète, ici, le récit d’une mystérieuse Nativité.
D’une part, il est question de la naissance d’un enfant qui menace un roi et d’un roi qui menace d’éliminer l’enfant. L’oeuvre met en parallèle l’exceptionnalité de ce contexte avec celle d’une éclipse solaire. «Hérode hurle: Rendez-moi l’enfant! Totale éclipse, noirceur totale dans la lueur du midi.»
Les développements de cette histoire en neuf tableaux sont accompagnés par une imagerie musicale diversifiée. On remarque, entre autres, un mouvement mélodique aigu qui souligne le vol d’un oiseau moqueur envoyé par le roi et des arpèges rapides évoquant un «million de sauterelles».
Le caractère fantastique de cet univers se reflète dans des sonorités typiques des Fêtes, grâce, entre autres, aux cloches et à la harpe. Quant à la contralto, très investie, elle semble en conversation avec elle-même: «As-tu entendu Nicole?»
Somme toute, cette oeuvre déroutante demeure plutôt hermétique et sombre, malgré son titre.
Quatre saisons : quatre solistes
À vrai dire, les meilleurs moments de cette soirée nous attendaient après l’entracte, avec une nouvelle version des Quatre Saisons de Vivaldi, signée par Aziza Sadikova, compositrice originaire de l’Ouzbékistan.
Dans cette recréation, le hautbois devient l’instrument central du premier concerto, intitulé Le printemps. Vincent Boilard, hautbois solo associé à l’OSM a ébloui le public, notamment, dans le premier allegro.
Paul Merkelo, trompette solo de l’Orchestre symphonique de Montréal, a été magistral dans L’été. Sa virtuosité se fond tout naturellement à cette relecture de la «saison du soleil en feu».
L’automne est associé au violoncelle, dans cette oeuvre qui représente «une sorte d’élargissement de la palette sonore de la partition originale», selon madame Sadikova. Ce concerto est interprété avec intensité par Anna Burden, violoncelle solo associée de l’OSM.
Enfin, L’hiver est sans doute la partie la plus originale de l’oeuvre avec ses thèmes revisités, grâce à divers instruments de percussion. C’est ainsi que le concert se termine avec une brillante démonstration du savoir-faire de Serge Desgagnés, percussions solo de l’OSM, depuis 1997.
Ces Quatre Saisons rebaptisées, Farbenzeiten, sont présentées pour la première fois en Amérique du Nord. L’oeuvre a été créée à la Philharmonie de Berlin, plus tôt cette année, par le Deutsches-Symphonie Orchestra, dirigé par Kent Nagano.
Kent Nagano et les solistes d’une nouvelle version des Quatre Saisons de Vivaldi / Crédit: Antoine Saito
Le temps des fêtes avec Nagano
Marie-Nicole Lemieux (contralto), Vincent Boilard (hautbois), Paul Merkelo (trompette), Anna Burden (violoncelle), Serge Desgagnés (percussions)
À la Maison symphonique, le 10 et le 11 décembre, à 19h 30
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