«La Semaine du neuf»: une 3e édition éclectique

De grosses pointures de la musique contemporaine seront à Montréal, dans le cadre de la 3e édition de La Semaine du neuf, du 8 au 16 mars 2025.

Ce festival est organisé par le Vivier, un organisme montréalais à but non lucratif, dédié à la diffusion de musique de création.

Des concerts, ainsi que des performances multidisciplinaires et des installations sonores seront présentés en plusieurs lieux, dont  l’Édifice Wilder, le CIRMMT et la Chapelle Scènes contemporaines.

On y verra, entre autres, l’ensemble new-yorkais TAK, figure de proue de la musique expérimentale américaine. Pour sa part, l’ensemble montréalais Paramirabo s’offrira une rencontre inédite avec Musikfabrik, un groupe phare de musique contemporaine en Allemagne.  

Voici quelques évènements qui s’annoncent comme des temps forts de La Semaine du neuf, 2025.

D’ici et d’ailleurs

D’entrée de jeu, Jeffrey Stonehouse, directeur artistique du Vivier, se réjouit de pouvoir maintenir son ambitieuse programmation, malgré l’incertitude qui plane sur le milieu culturel, surtout dans le climat actuel de possible guerre commerciale avec les États-Unis. «On remarque une légère baisse des ventes de billets par rapport à l’an dernier mais, nous demeurons confiants»

Malgré les tensions canado-américaines, l’un des concerts les plus attendus de cette 3e édition réunit six artistes de la formation new yorkaise TAK. Au programme: Star Maker Fragments, une oeuvre inspirée d’un roman de science fiction.

Il s’agit d’une pièce du compositeur canadien, Taylor Brook, basée sur des extraits de Star Maker, d’Olaf Stapledon. Ce roman invite le lecteur à suivre un narrateur, projeté dans un voyage cosmique et qui explore les confins de l’espace et du temps. Brook transpose musicalement les sociétés imaginaires de Stapledon à travers son langage sonore.

En première partie, on entendra Love songs d’Ana Sokolovic, compositrice montréalaise d’origine serbe. La mezzo-soprano Kristin Hoff fera revivre cet opéra intime qui explore, à travers des mots d’une centaine de langues (!), les diverses expressions de l’amour, allant de la passion à l’amour perdu, en passant par l’amour familial.

Ana Sokolovic: Love Songs / Taylor Brook: Star Maker Fragments

Présenté au CIRMMT (Centre interdisciplinaire de recherche en musique, médias et technologie) de l’Université McGill, le 16 mars à 18h.

D’Ukraine et de Lituanie

«Tout en étant sensible à l’avant-garde sur la scène internationale, l’une de nos priorités est de mettre en valeur les musiciens d’ici», souligne le directeur artistique du Vivier.

C’est ainsi que le quatuor de saxophones Quasar va présenter, en première nord-américaine, trois œuvres lituaniennes de Bubnelis, Natalevičius et Medekšaitė. L’ensemble jouera aussi The Saxophone Quartet/While Flying Up, de la compositrice ukrainienne Alla Zagaykevych. 

Ce concert s’intitule Tout ce qui m’épouvante, des mots tirés d’un poème de Guillaume Apollinaire, dont certains extraits sont récités dans la pièce de Bubnelis.

Quasar: Tout ce qui m’épouvante / Salle bleue de L’Édifice Wilder, le 8 mars à 19h 30

Une expérience avant-gardiste

À mi-chemin du festival, on assistera à une rencontre inédite entre trois musiciens de l’ensemble allemand Musikfabrik et la formation montréalaise Paramirabo dont Jeffrey Stonehouse est le directeur artistique. «Notre programme regroupe des oeuvres de compositeurs visionnaires, dont Gordon Williamson, Chris Paul Harman et Paul Frehner. Attendez-vous à une expérience avant-gardiste, fidèle à la mission des deux ensembles, qui est d’explorer de nouveaux langages de la musique contemporaine.»

Paramirabo / Musikfabrik / Salle orange de l’Édifice Wilder, le 11 mars, à 20h.

Le chant et le coprs

Pour sa part, Chants libres propose son nouveau «laboratoire lyric». Ce projet de recherche-création réunit le scénographe Cédric Delorme-Bouchard, la comédienne Jennyfer Desbiens, la violoncelliste Audréanne Filion, la mezzo-soprano Marie-Annick Béliveau et le compositeur Frédéric Lebel, dans un triptyque alliant voix, violoncelle et électronique.

«La dramaturgie sonore met en lumière la métamorphose des corps physiques sur scène, en offrant ainsi au public une immersion dans la création lyrique contemporaine», promet le programme de la soirée.

Chants libres / Laboratoire lyric 03: La voix lumineuse / Présenté à la Chapelle Scènes contemporaines, le 12 mars, à 19h 30

Le haut-parleur à l’honneur

Le techno-opéra intitulé Le Baptême du Haut-Parleur se veut une réflexion sur la place de cet objet dans nos vies, invitant à réfléchir à son rôle, au-delà du simple utilitarisme. Imaginée par le duo Sawtooth (Sarah Albu et Matti Pulkki) et le compositeur et performeur Charles Quevillon, cette oeuvre pour soprano, accordéon, marionnettiste, électronique et haut-parleur Genelec, établit un parallèle entre le cadre consumériste du haut-parleur et son symbolisme spirituel.

Sawtooth et Charles Quevillon: Le Baptême du Haut-Parleur / Présenté à l’Espace orange de l’Édifice Wilder, le 13 mars, à 19h30

Un anniversaire

Le Quatuor Bozzini célèbre ses 25 ans avec des invités et des créations de trois compositeurs. Ce concert mettra en lumière, 3-Way Cotillion, un sextuor de Martin Arnold, où on retrouve la fascination du compositeur pour la musique ancienne, les traditions folk et l’influence des musiques psychédéliques. Au programme, également, le Quatuor no 4 de Michael Oesterle, ainsi que la pièce Reverie de Linda Catlin Smith.

Quatuor Bozzini : Effusione d’amicizia

Présenté au CIRMMT (Centre interdisciplinaire de recherche en musique, médias et technologie) de l’Université McGill, le 14 mars à 19h30

Musique et poésie

Le nonette collectif9 et le quatuor Architek Percussion, deux formations montréalaises, vont combiner musique et poésie dans un concert intitulé Quelque part, mon jardin. L’ancrage du spectacle est le poème bilingue across/virage, de l’auteur et performeur canadien Kaie Kellough, qui évoque les thèmes de la langue et de l’appartenance à un lieu, à une culture.

Le programme explore les styles de cinq compositeurs: Eliot Britton, Nicole Lizée, Derek Charke, Luna Pearl Woolf et Bret Higgins. «Sur scène, le lyrisme, le groove et les textures exploratoires des compositions rejoignent la voix du récitant Kaie Kellough, pour créer un dialogue entre la musique et la poésie», résume Jeffrey Stonehouse.

collectif9 et Architek Percussion: Quelque part, mon jardin / Présenté à l’Espace orange de l’Édifice Wilder, le 15 mars à 19h30 et le 16 mars à 15h.

Projection vidéo

Le lancement officiel de la 3e édition de La Semaine du neuf aura lieu le 8 mars, avec la projection de The Holy Presence of Joan D’Arc de Julius Eastman. Cet enregistrement vidéo, mettant en vedette le violoncelliste, Amahl Arulanandam, a nécessité la synchronisation de plus de quatre heures de séquences vidéo.

Quant à Julius Eastman (1940-1990), il était un compositeur, pianiste et chanteur afro-américain. Il est considéré comme un précurseur du post-minimalisme. La pièce The Holy Presence of Joan D’Arc a été créée en 1981, mais la partition a été perdue. Il ne restait qu’un enregistrement d’archives que la compositrice Clarice Jensen a utilisé pour écrire une transcription de l’oeuvre.

Soirée d’ouverture + Projection vidéo / À la Salle bleue de l’Édifice Wilder, le 8 mars, à 18h 30.

Programmation: 3e édition de La Semaine du neuf

*Photo d’accueil: affiche du spectacle de collectif9 et Architek Percussion présenté par Le Vivier dans le cadre de la 3e édition de La Semaine du neuf.

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