Larrue-St-Jacques et l’OSM : un cocktail pétillant!

Des centaines de jeunes dans la vingtaine et la trentaine étaient au rendez-vous, ce soir, à la Maison symphonique, pour le premier d’une série de concerts de l’Orchestre symphonique de Montréal, présentés avec humour par Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques. L’inauguration de cette formule «Concerts 5 à 7» aura permis à de nombreux mélomanes de découvrir des compositeurs d’Amérique latine, dans un programme éclatant, conçu et dirigé avec passion par Rafael Payare. Des couleurs jazz se sont aussi glissées dans cette soirée où le trompettiste Paul Merkello a électrisé la foule!

S’amuser sérieusement

Larrue-St-Jacques, révélé au grand public en 2016 avec la série Like-moi à Télé-Québec, sait être drôle sans forcer la note. L’artiste qui a reçu deux trophées au Gala des Oliviers 2024 pour son spectacle Enfant du siècle, ne tient rien pour acquis. Malgré sa grande popularité, il s’est en quelque sorte glissé sur la pointe des pieds dans ce concert de l’OSM, sans hausser le ton et sans jouer les animateurs de foule.

Avec une autodérision irrésistible, il nous raconte ses déboires, à une époque où il aspirait à devenir musicien. Il s’amuse aussi en soulignant l’optimisme naïf des critiques, convaincus que le grand public s’intéresse aux petits détails qui diffèrent dans les interprétations d’une même oeuvre.

Après avoir ainsi gagné la complicité de l’assistance qui rit de bon cœur, il nous incite à réaliser que contrairement à nos ancêtres, nous avons aujourd’hui accès à pratiquement tout ce qui se fait en musique, grâce aux différentes plateformes. Nous avons donc tous les moyens pour élargir continuellement nos horizons musicaux, souligne-t-il.

L’homme sait aussi piquer notre curiosité, en quelques mots d’introduction au concerto Altar de bronce (Autel de bronze). Il s’agit d’une oeuvre de Gabriela Ortiz, une compositrice mexicaine, née en 1964, qui puise son inspiration autant dans l’avant-garde que dans les musiques traditionnelles et populaires de son pays.

Après cette entrée en matière sympathique et plutôt brève, place à la musique!

Paul Merkello, trompette solo de l’OSM

D’entrée de jeu, le public est visiblement ébloui, par la performance de Paul Merkello, trompette solo de l’OSM. Durant ce concerto pour trompette d’une vingtaine de minutes, le musicien joue de trois instruments: la trompette en ré, la trompette en ut et le bugle. On est captivé, entre autres, par les interactions entre l’orchestre et le soliste. L’oeuvre qui s’achève sur un rythme de mambo endiablé est applaudie à tout rompre!

Le concert se poursuit tout en douceur avec une partition d’Antonio Estévez (1916-1988), grand représentant de la musique du Venezuela, pays natal de maestro Payare. Après cette courte pièce intitulée Mediodía en el Llano (Midi sur la plaine), Philippe-Audrey nous revient avec sa meilleure intervention de la soirée.

Pince-sans-rire, le comédien nous entraîne dans l’univers du compositeur Alberto Ginastera (1916-1983), en comparant la campagne argentine à certaines municipalités québécoises, ce qui fait bien rire la foule nombreuse de ce «Concert 5 à 7». Quant aux gauchos, gardiens de troupeaux en Amérique du Sud, il les décrit comme des cowboys sud-américains.

En prenant tout cela avec un grain de sel, les spectateurs se laissent emporter par la fougueuse musique du ballet Estancia, un mot espagnol qui désigne une ferme où sont élevés des troupeaux de bétail et de chevaux. Le baryton Gustavo Castillo, originaire du Venezuela, incarne l’exotisme de la pampa argentine avec sa voix puissante et son indéniable magnétisme.

Dans cette partition enlevante, Rafael Payare, débordant d’énergie, amène son orchestre à briller au sommet, tel un feu d’artifice!

Gustavo Castillo, baryton et Rafael Payare, directeur musical de l’OSM

Bien sûr, on retiendra de cette soirée, la grande qualité d’interprétation de l’OSM et l’originalité du programme. En plus, l’humour intelligent et les mots bien pesés de Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques auront sans doute séduit des néophytes et contribué à mettre en lumière ces musiques sud-américaines peu connues chez nous.

Le comédien sera de retour aux côtés de l’OSM, au printemps 2025, notamment, pour un concert où Beethoven sera à l’honneur avec la Symphonie «Pastorale».

L’OSM aux couleurs de l’Amérique latine

Ortiz : Altar de bronce / Estévez : Mediodía en el Llano / Ginastera : Estancia, op. 8, ballet

Paul Merkelo (trompette) / Gustavo Castillo (baryton) / Orchestre symphonique de Montréal, Rafael Payare / Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques, présentateur

À la Maison symphonique, le 7 novembre, à 18h. 30, dans le cadre des «Concerts 5 à 7» de l’OSM.

*Crédit photo: Gabriel Fournier

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