Le cri du coeur d’un jeune homme neuroatypique résonne sur la scène du Rideau Vert, cet automne. L’adaptation théâtrale du roman Le boulevard de Jean-François Sénéchal, met en lumière l’immense talent d’Alexandre Lagueux, dont le personnage se décrit lui-même comme étant «en retard». Bouleversé d’avoir été abandonné par sa mère, ce garçon au coeur sensible saura-t-il éviter les pièges que lui tendent certaines de ses fréquentations sur le boulevard ?
Chris (Lagueux) excelle au bowling et au cube Rubik mais, il n’a pas de métier. Après avoir grandi en l’absence de son papa, il vient d’avoir 18 ans et il peine à trouver ses repères, depuis que sa mère a quitté le nid familial, sans jamais redonner de nouvelles. Désemparé, il passe son temps, entre autres, au Village des Valeurs et au Marcado, commerces très fréquentés du boulevard qui est son univers, quelque part sur la Rive-Sud.
Avec ses tics inhérents à son «intelligence atypique» et sa franchise parfois déconcertante, le jeune homme attend le retour de sa maman, mais il cherche, malgré tout, à devenir plus autonome.
Il inspire de la sympathie à plusieurs de ses connaissances qui tentent de l’aider, dont la propriétaire de l’immeuble où il habite (Nathalie Mallette) qui lui propose un emploi de concierge. Il apprend aussi de petits boulots d’homme à tout faire, grâce à Joe (Sébastien Rajotte), un ex-détenu.
Chris a aussi des amis qui vivent avec un handicap intellectuel dont la pétillante Chloé (Paméla Dupont), ainsi que l’intense Félix, incarné par Cédrik Tremblay-Maltais, un comédien qui est lui-même neurodivergent.
Serviable et naïf, Chris se laisse parfois entraîner dans des histoires hasardeuses car, tout le monde n’est pas nécessairement bienfaisant sur le boulevard. Il goûtera, entre autres, à la médecine d’un jeune fier-à-bras, remarquablement joué par Félix-Antoine Duval.
Grâce à l’ingénieuse scénographie tournante de Francis Farley-Lemieux, un ensemble de blocs, qui semble faire écho au cube Rubik, permet des changements de lieu, en un claquement de doigts!
Cependant, on reste parfois perplexe devant la direction d’acteur. Par exemple, la scène où Chris réussit à réunir Jessica (Louise Cardinal) et son père mourant (Claude Despins) est jouée sans émotion et évacuée en quelques minutes, comme une formalité!
Il n’en reste pas moins que cette histoire de résilience nous touche droit au coeur! Bouleversant, Chris va jusqu’à se placer en retrait de son groupe d’amis, un soir de fête du nouvel an, pour souhaiter intérieurement la bonne année à sa mère qui lui manque cruellement.
Malgré des heures sombres, cet écorché saura choisir une voie vers le bonheur.
Criant de vérité dans la recherche de la lumière, Alexandre Lagueux nous surprend jusqu’à la toute dernière scène! Du grand art !
Le boulevard
D’après le roman de Jean-François Sénéchal. Adaptation théâtrale : Jean-François Sénéchal et Frédéric Bélanger. Mise en scène : Frédéric Bélanger.
Au Théâtre du Rideau Vert jusqu’au 2 novembre.
Crédit photo : David Ospina
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