«Le Songe d’une nuit d’été» au Rideau Vert: une parodie déjantée!

Shakespeare s’exprime souvent en joual dans l’adaptation désopilante du Songe d’une nuit d’été, à l’affiche, au Rideau Vert. Avec différents niveaux de langage et la direction d’acteurs contrastée du metteur en scène, Michel Monty, on rit beaucoup durant ce spectacle de deux heures, porté par une imposante distribution. Douze interprètes, dont, Marc Béland, Bénédicte Décary, Justin Laramée et Mathieu Quesnel font revivre cette comédie fantaisiste où l’on joue aussi avec les genres, puisque l’amant Démétrius est interprété par Parfaite Moussouanga alors qu’Olivier Morin incarne Hermia.

Sarcastique

Marc Béland dans la rôle du lutin Puck / Crédit: Ève B. Lavoie

Une vieille voiture abandonnée trône au milieu d’arbres calcinés. On constate rapidement qu’il n’y a plus rien d’enchanté dans la forêt où s’enfuient Lysandre avec son amoureuse, Hermia. La jeune femme tente d’échapper à son père, Égée, désireux de la voir se marier avec Démétrius. Ce dernier poursuit les tourtereaux et il est lui-même poursuivi par Héléna qu’il rejette. Mais, la jeune femme continue de hurler son amour à Démétrius sur l’air de la chanson Je t’aime de Lara Fabian.

Cette histoire hallucinante qui se déroule dans la forêt, non loin d’Athènes, a des résonances bien québécoises. Entre autres, on parle de la Reine des fées, en prononçant «Titaniâ» avec un dernier «a» bien gras, comme on en entend souvent dans «la belle province».

Écrite il y a plus de 400 ans, l’oeuvre fait peau neuve avec des mots inattendus dont, «déguedine» (déguerpi) et «flabergasté» (étonné). On peut se demander si cela sert bien l’esprit shakespearien.

Mathieu Quesnel, Vicky Bertrand, Guillaume Chouinard et Guillaume Tremblay / Crédit: Ève B. Lavoie

En ce lundi soir de première, le public a ri à gorge déployée, devant les scènes, où un groupe d’apprentis comédiens prépare un spectacle. Il s’agit, en fait, de quatre ouvriers vêtus de salopettes de travail orange qui répètent une tragédie offerte pour les noces du duc Thésée. C’est drôle mais, on cabotine comme on le fait parfois au théâtre d’été et les répliques drues ne sont pas toujours clairement audibles sous les éclats de rire de la foule.

Des performances mémorables

Xavier Bergeron en Lysandre et Olivier Morin en Hermia / Crédit: Ève B. Lavoie

Cela dit, Mathieu Quesnel, est particulièrement comique, lorsqu’il est transformé en âne et capturé par les fées.

Pour sa part, Marc Béland se glisse comme par enchantement dans le rôle de Puck, chargé de faire naître l’amour, en versant une potion sur les yeux de l’être désiré.

Justin Laramée se distingue avec son intense Obéron, revenchard et torse nu.

Xavier Bergeron est impayable en Lysandre, jeune homme grandiloquent qui plaque pompeusement quelques accords sur une guitare affreusement désaccordée!

Quant à Olivier Morin, en Hermia, ses apparitions sont à pleurer de rire! Il faut voir son personnage de jeune citadine capricieuse qui se retrouve en forêt juchée sur ses talons hauts et armée d’une canette de chasse-moustique!

Justin Laramée et Marc Béland / Crédit: Ève B. Lavoie

Après ce spectacle de deux heures sans entracte, on quitte la salle, la tête remplie d’images qui continuent de nous faire rire intérieurement. Par contre, il ne faut pas s’attendre à trouver la féérie shakespearienne traditionnelle dans cette relecture audacieuse. Avec son imagination débridée, Michel Monty nous entraîne dans Le songe d’une nuit d’été, comme on ne l’avait encore jamais vu.

La pièce Le songe d’une nuit d’été est présentée au Théâtre du Rideau Vert, jusqu’au 12 avril.

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