L’ensemble de musique baroque Les Idées heureuses lance son année 2025 avec un spectacle qui se veut le reflet de la vie musicale en Nouvelle-France, au 18e siècle. Six interprètes, à la fois instrumentistes, chanteurs, danseurs et comédiens, feront revivre l’histoire intrigante d’Élisabeth Bégon née à Montréal, dans une famille qui faisait partie des notables de la ville, il y a quelque 300 ans. Ce voyage dans le temps met en lumière, notamment, des oeuvres de Lully, Charpentier et Marin Marais.
Avec enthousiasme, la directrice artistique, Dorothéa Ventura, nous résume les grandes lignes de ce spectacle multidisciplinaire, en plus de nous révéler le nom d’un musicien célèbre qui sera de la programmation des Idées heureuses, l’an prochain.
«Un spectacle transformé»
À la fois soprano, claveciniste et danseuse, Dorothéa Ventura qui succède à Geneviève Soly comme directrice des Idées heureuses, en est déjà à sa deuxième année à la tête de cet ensemble fondé en 1987.
Avec humour, elle souligne qu’elle a dû approfondir rapidement ses connaissances en demandes de subventions. Il avait d’abord été question qu’elle s’acclimate progressivement à ses nouvelles fonctions, alors que la passation des pouvoirs devait s’étendre sur cinq ans. Mais, Geneviève Soly, 68 ans, a décidé de se retirer dès 2023.
Prendre la direction d’un ensemble créé par une musicienne aussi renommée comme musicologue, pédagogue, conférencière, communicatrice et gestionnaire culturelle, «c’est chausser de grands souliers», estime Madame Ventura. «J’avoue que j’avais un peu sous-estimé l’ampleur de ce travail, entre autres, tout le côté administratif et le défi de perpétuer la mission en y apportant de nouvelles couleurs.»
Cela dit, la patronne des Idées heureuses a plusieurs cordes à son arc: directrice artistique de l’ensemble ALKEMIA, cheffe du Chœur Opus Novum, coordonnatrice de production et de l’administration artistique pour l’Ensemble ArtChoral et chargée de cours à la faculté de musique de l’Université McGill.
Parmi les nombreux musiciens qu’elle côtoie depuis longtemps, il y a l’illustre Hervé Niquet, spécialisé dans la musique baroque. Ce dernier a justement invité Les Idées heureuses à présenter le spectacle «Musique et danse en Nouvelle-France», l’an dernier, au festival de Saintes. Rappelons que cette commune du sud-ouest de la France accueille, à chaque été depuis 1972, de grands noms de la musique classique, dont William Christie, Jordi Savall et Philippe Herreweghe.
Emballée par la réaction du public saintais, Dorothéa Ventura espère recréer cette magie à la Salle Bourgie, le 16 janvier prochain. Certains se souviendront que ce spectacle avait été présenté, en tournée dans les Maisons de la culture de Montréal en 2009, mais c’est une toute nouvelle mouture qu’on présente. «Le volet autochtone, notamment, a été supprimé parce que ces questions sont devenues trop sensibles.»
«Une histoire d’amour jamais consommé»
On mettra donc l’accent sur l’histoire d’Élizabeth Bégon (1696-1755), «dont la correspondance constitue un précieux héritage historique. Au fil de ses lettres, elle dresse le portrait de l’élite coloniale, à la fin du Régime français en Nouvelle France.»
Fille d’un garde-magasin du roi de France, madame Bégon entretient une longue correspondance avec son gendre, après qu’il soit devenu veuf. «On peut penser qu’il s’agit d’une histoire d’amour jamais consommé. En même temps, ça nous en dit long sur la façon dont les gens vivaient en Nouvelle-France et, notamment, sur le poids de l’église à cette époque». Des extraits des lettres en question seront lus avec les voix enregistrées de Marie-Nathalie Lacoursière et Jean-François Gagnon.
«Pour ce qui est des pièces musicales, on s’est basé sur des recherches menées dans les bibliothèques des intendants de la Nouvelle France, notamment Dupuy et Bigot. On se dit que les partitions qu’ils possédaient devaient sans doute être représentatives de la musique de leur époque.»
Au programme : des œuvres profanes et sacrées de Marc-Antoine Charpentier, Jean Baptiste Lully, Louis-Nicolas Clérambault, Marin Marais, Nicolas Bernier ainsi que des extraits du Livre d’Orgue de Montréal.
Avec: Marie-Nathalie Lacoursière, danse, chant, flûte à bec, chorégraphie et mise en scène, Catherine St-Arnaud, soprano, clavecin, percussions et danse, Olivier Brault, violon, danse et chant, Grégoire Jeay, traverso, percussions, danse, chant, ainsi que Marie-Laurence Primeau, viole de gambe, danse et Dorothéa Ventura, clavecin, soprano, danse.
Les Idées heureuses – Musique et danse en Nouvelle-France
À la Salle Bourgie, le 16 janvier à 19h 30
Place à la relève
En première partie de ce concert, on fera place à la musique médiévale avec le tout nouvel ensemble À l’Orée du temps, formé à l’automne 2024. La fondatrice de ce collectif, la contralto Gabrielle Cloutier, ainsi que Namgon Lee à la vièle et Cécile Delage à la harpe interpréteront, entre autres, plusieurs chants de troubadours.
«C’est important de faire entendre la relève! Pour ma part, je me souviens que Geneviève Soly m’a donné la chance de me produire avec les Idées heureuses, pour la première fois, en 1996, il y a donc presque 30 ans! Il va de soi que je contribue à mon tour à la mise en valeur de nouveaux talents.»
Résolument tournée vers l’avenir, la directrice artistique nous dévoile que le musicien de réputation internationale Hervé Niquet, chef d’orchestre et claveciniste français, sera l’un des invités des Idées heureuses, au cours de la prochaine saison.
En janvier, à la Salle Bourgie
Pour son tout premier concert de 2025, la Salle Bourgie reçoit le pianiste Herbert Schuch, qui jouera les trois dernières sonates de Schubert, le 15 janvier à 19h 30.
Le violoncelliste Cameron Crozman et la pianiste Meagan Milatz interpréteront, entre autres, les deux sonates pour violoncelle et piano de Brahms, le 17 janvier à 19h 30.
La violoniste Stella Chen et le pianiste Gilles Vonsattel proposent un concert intitulé De Beethoven à Ravel, le 21 janvier à 19h 30.
Dans le cadre des «5 à 7 Jazz», le pianiste américain David Chesky revisitera, avec son trio, des œuvres de grands compositeurs classiques. Ode à la joie de Beethoven et Le beau Danube bleu de J. Strauss sont au programme des relectures de cette formation incluant Walter A. Stinson à la contrebasse et Jim Doxas, à la batterie. 23 janvier à 18h.
Cela dit, l’un des évènements les plus attendus de la rentrée hivernale à la Salle Bourgie est la visite du baryton Christian Gerhaher et du pianiste Gerold Huber, deux artistes dont la collaboration remonte à plus de 30 ans. Ce concert sera entièrement consacré à des cycles de lieder de Robert Schumann.
Rappelons que Monsieur Gerhaher est connu du public montréalais, puisqu’il fut invité comme soliste par l’OSM lors de plusieurs concerts. De plus, avec ce même orchestre, il a enregistré des lieder orchestraux de Mahler, sous la baguette de Kent Nagano.
Christian Gerhaher, baryton & Gerold Huber, piano – Récital Schumann, le 28 janvier à 19h 30.
Enfin, Imogen Cooper viendra interpréter les trois dernières sonates pour piano de Beethoven, dans le cadre de la série «Pianistes d’exception», le 30 janvier à 19h 30.
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