Marc-Yvan Coulombe / BabillArt Montréal
Les Violons du Roy ont brillé de mille feux, vendredi soir, à la Maison symphonique, dans leur «Grand concert d’ouverture» de la saison qui avait été présenté, la veille, au Palais Montcalm, à Québec. Bach, Vivaldi, Gluck et Lully étaient au programme de cette soirée mettant en lumière les talents de la soprano autochtone originaire du Saguenay, Elisabeth St-Gelais et du violoncelliste canadien, Cameron Crozman. C’était aussi le tout dernier concert des Violons du Roy dirigé par Jonathan Cohen, à la Maison symphonique. Malgré tout, seulement quelques centaines de spectateurs étaient au rendez-vous.
Splendeur baroque
Une fois de plus, l’ensemble fondé par Bernard Labadie nous a démontré son remarquable savoir-faire, en interprétant des œuvres de musique baroque.
Installé à son clavecin durant pratiquement tout le concert, Cohen lance d’abord l’Ouverture de la Suite extraite du Bourgeois gentilhomme de Jean-Baptiste Lully. Quelques gestes vifs, entre deux accords, suffisent au claveciniste pour diriger l’orchestre, dans cette envoûtante partition trop rarement jouée chez nous.
La Gavotte, la Marche pour la cérémonie des Turcs et l’Entrée des Scaramouches, entre autres, sont enlevantes! On y remarque, notamment, la précision de Vincent Lauzer et Caroline Tremblay aux flûtes à bec et de Marc-André Lalonde aux percussions.
Après une entrée en matière si convaincante, on se dit que ce serait un bon moment pour le Britannique de nous adresser la parole, lui qui a collaboré durant une dizaine d’années avec les Violons du Roy. Mais, le chef d’orchestre se contente de sourire, alors que moins de la moitié des sièges de la Maison symphonique ont trouvé preneurs.
Puis, c’est au tour d’Elisabeth St-Gelais de faire son entrée en scène. Gagnante du Prix d’Europe 2023 et Révélation Radio-Canada Classique 2023-2024, l’artiste innue n’est plus une nouvelle venue! Elle était d’ailleurs l’une des têtes d’affiche du concert d’ouverture de la saison de l’Orchestre classique de Montréal, à la Maison symphonique, au début d’octobre.
L’an dernier, on l’a vue, entre autres, dans une série de trois concerts à l’occasion d’une «carte blanche» des Jeunesses Musicales Canada (JMC). Elle s’y est distinguée en interprétant un extrait de l’opéra Eugène Onéguine de Tchaïkovski.
Mais, l’univers de Tchaïkovski est à des années-lumière de celui de Lully et on ne peut pas dire que Madame St-Gelais apporte grand chose aux extraits choisis d’Armide, Alceste et Iphigénie en Aulide.
Sa prononciation est irréprochable; ses gestes précis magnifient les textes chantés mais, sa voix se crispe parfois. D’ailleurs, même si la chanteuse était très attendue, le public a salué sa performance par des applaudissements chaleureux, sans plus.
À vrai dire, celui qui a en quelque sorte volé la vedette est le violoncelliste Cameron Crozman. Le jeune homme qui a été Révélation Classique 2019 de Radio-Canada nous a ébloui avec le Concerto RV. 401 de Vivaldi.
Tantôt méditatif, tantôt fougueux, ce musicien débordant d’énergie nous a fasciné, dès le premier mouvement, avec ses gammes descendantes. On a aussi suivi avec délectation ses dialogues avec l’orchestre et ses arpèges couvrant plusieurs registres. Résultat: le public s’est levé pour ovationner ce virtuose dont on n’a pas fini d’entendre parler!
Ajoutons que l’assistance est demeurée attentive jusqu’à la fin du concert. Une spectatrice a même lancé un retentissant «Bravo!», après un Air de l’Ouverture pour orchestre no 3 de Bach. Il faut dire que cette partition semble gravée dans l’ADN musical de Jonathan Cohen qui la dirige avec un plaisir communicatif!
Enfin, même si son contrat de directeur musical des Violons du Roy n’a pas été renouvelé, le maestro dirigera deux autres concerts de l’orchestre québécois, à titre de «chef principal», dont L’estro armonico de Vivaldi, en novembre, au Palais Montcalm et à la salle Bourgie.
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