Des dizaines de milliers de personnes se sont massées au pied du mont Royal, mardi soir (6 août), pour le grand rendez-vous estival avec Yannick Nézet-Séguin et l’Orchestre Métropolitain. La pianiste Alexandra Stréliski était l’invitée spéciale de cette soirée animée par Pierre-Yves Lord. Même si la majorité des oeuvres au programme était sans doute inconnue du public, les admirateurs du célèbre maestro québécois sont restés jusqu’à la fin de ce concert de près de deux heures qui avait des allures de rassemblement EDI (équité, diversité et inclusion).
Après avoir salué la présence de quelques dignitaires dont celle du ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon et de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, l’animateur Pierre-Yves Lord a donné le ton de la soirée, en français et en anglais. Monsieur Lord a d’abord souligné que le concert avait lieu sur des «terres non cédées», une formule qu’on reprend continuellement, malgré les réserves émises par des historiens. Le maître de cérémonie d’origine haïtienne soulignera plus tard son émotion de présenter une pièce de la compositrice afro-américaine Florence Price à cette énorme foule montréalaise.
L’entrée en matière musicale fut un régal! La Suite Carmen n°1 a suscité l’enthousiasme de milliers de spectateurs, chantonnant Les Toréadors ou Seguedille, mélodies intemporelles de Bizet.
Fin communicateur, Yannick nous a ensuite présenté avec humour la charmante Danse Villageoise de Claude Champagne. La diversité des qualités de ce compositeur québécois donnent à penser qu’il aurait pu être le fils de Ravel et Stravinsky, selon Nézet-Séguin. On sait que c’est impossible, dit-il, mais on peut toujours rêver; «après tout, c’est la semaine de la Fierté!» Ces mots ont instantanément suscité des cris d’enthousiasme de la part de milliers de spectatrices et spectateurs.
Enjoué, le maestro a poursuivi en nous entraînant dans l’univers olympien de Citius, altius, fortius!, une pièce du compositeur québécois Maxime Goulet qui était d’ailleurs présent. L’OM a interprété énergiquement cette ingénieuse partition, pendant que défilaient à l’écran des images de performances d’athlètes aux Jeux olympiques de Paris.
Avec bonheur également, on a joué des extraits de l’élégant ballet Fancy Free de Leonard Bernstein, histoire de souligner que Yannick Nézet-Séguin a été consultant pour le film Maestro, un drame biographique, consacré à ce légendaire compositeur et chef d’orchestre américain.
Puis, on s’est laissé emporter par les rythmes dansants d’un extrait de la Symphonie no 3 de Florence Price. On sait que le Montréalais a largement contribué au rayonnement de cette oeuvre, grâce à un enregistrement qui lui a valu un Grammy.
Par la suite, on a considérablement changé d’ambiance. L’orchestration très lourde du premier mouvement de la Symphonie gaélique d’Amy Beach m’a paru presque assommant, par rapport à la légèreté qui prévalait jusqu’à ce moment. Et puis, cette oeuvre a beau être la première symphonie écrite par une compositrice américaine, en 1894, elle n’en demeure pas moins plutôt monotone et (trop?) longue (plus d’une demi-heure) pour être présentée lors d’un concert en plein air! Le troisième mouvement, en particulier, paraît interminable !
Alors qu’une partie de l’assistance semblait assoupie, on a ralenti le rythme encore un peu avec Alexandra Stréliski qui est venue interpréter deux de ses pièces soporifiques: Changing Winds et Umbra. Vraisemblablement, c’est cette vedette qu’une partie du public attendait. Après l’avoir annoncée comme «invitée surprise», l’OM avait divulgué sur sa page Facebook que la pianiste serait présente en fin de concert.
Le dynamique Yannick n’allait pas quitter la scène sans redonner un peu de vigueur à ses spectateurs. Au rappel, l’OM jouera une version disco de la Symphonie no 5 de Beethoven, comme il l’avait fait, à la fin de son grand concert estival, en 2022. Puis, on rejouera l’air des Toréadors de Bizet, au grand bonheur de cette foule conquise!
Contrat prolongé à New York
Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, on a confirmé que le contrat de Yannick Nézet-Séguin avec The Metropolitan Opera de New York est prolongé jusqu’en 2030!
Crédit photo: Denis Germain
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