L’Orchestre symphonique de Montréal et son chef Rafael Payare ont ébloui les mélomanes, mercredi soir, en interprétant la complexe et immense partition de la Symphonie no 9 de Mahler. L’œuvre en quatre mouvements, achevée moins d’un an avant la mort du compositeur autrichien, est écrite dans un esprit tourné vers la fin de la vie et le deuil. Cependant, les directions empruntées par l’OSM et son directeur artistique soulèvent des questions.

La dernière symphonie achevée par Gustav Mahler s’ouvre et se termine par des mouvements lents. Entre l’Andante et l’Adagio, les deux pièces centrales sont parfois qualifiées de «danses de mort».
Or, le traitement accordé, entre autres, au deuxième mouvement, joué plutôt rapidement, laisse perplexe. On est censé y être transporté dans des tableaux paysans, perturbés par des sonorités introduisant l’ironie et des modulations exprimant la dérision amère. Je suis loin d’être certain d’avoir entendu cela dans l’interprétation de l’OSM!
Quant au troisième mouvement, «Rondo-Burleske», on le décrit comme une marche, avec une suite de sonorités tranchantes, agressives et acides, traduisant une lutte empreinte de véhémence, de craintes, d’interrogations et d’amertume. Le caractère grotesque que cette description suppose ne se reflète pas non plus dans ce que nous avons entendu.
À mon sens, les meilleurs moments du concert tiennent dans le finale de l’Adagio, fidèle aux notes de programme judicieusement formulées par Justin Bernard. «Cet ultime aurevoir est fait de fragments de musique, de notes qui ne tiennent qu’à un fil et de silences prolongés qui suggèrent un effacement progressif, comme si le cœur battait de moins en moins, jusqu’à l’arrêt complet.»
Le public, remarquablement attentif, a tout écouté sans toussotement et sans sonnerie de téléphone, jusqu’à la dernière note de cet Adagio totalisant à lui seul environ 24 minutes. Loin des conclusions monumentales et triomphales qui sont fréquentes dans le répertoire symphonique, cet adieu résigné nous transporte dans un esprit de recueillement générateur d’émotions intenses!
L’OSM et Rafael Payare jouent la 9e de Mahler, une deuxième fois, ce jeudi soir, 16 octobre, à la Maison symphonique.

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