Électrisant! Surprenant! Stupéfiant! Le spectacle Lunar Halo de la compagnie Cloud Gate Dance Theatre of Taiwan met en scène 13 danseurs dont la formation intègre les arts martiaux et la danse contemporaine. Devant d’immenses projections vidéo, les interprètes évoluent au son de la musique envoûtante du légendaire groupe islandais Sigur Rós. Compte-rendu d’un vertigineux voyage chorégraphique.
Tempête imminente ?
Cheng Tsung-lung, directeur artistique de Cloud Gate, a eu l’idée de ce spectacle après avoir observé, dans le ciel islandais, un mystérieux anneau de lumière étincelant autour de la lune. Fallait-il voir dans ce phénomène, un présage de tempête ou encore, un signe alarmant de changement imminent?
Ces questions ont été les bougies d’allumage de cette chorégraphie qui met en lumière des transformations qui façonnent notre monde, dont notre dépendance aux écrans numériques.
Un homme géant descend du plafond, tel un dieu numérique, dominant des humains qui semblent tout petits. Pendant ce temps, de longues mains donnent l’impression de sortir de la scène. Pas de doute, les projections vidéo de Lunar Halo, offrent des images saisissantes!
Quant aux interprètes, ils sont à la fois souples, forts et parfois d’apparence belliqueuse, dans leur univers tendu, où ils semblent chercher à satisfaire leurs besoins virtuellement. Qu’adviendra-t-il, alors, des rapports humains? La troupe explore cette question existentielle, à travers des gestes d’une grande beauté.
Par exemple, on est captivé par la séquence d’ouverture, où sept danseurs sont étroitement liés les uns aux autres et bougent comme s’ils formaient un seul corps.
Comme nous, les personnages de Cloud Gate cohabitent parfois harmonieusement, alors qu’à d’autres moments leur colère éclate. Les femmes secouent leur chevelure comme un fouet! Tous finissent par s’abandonner à une danse sauvage. Quant à la musique de Sigur Rós, elle prend les allures d’une marche vers une destination inquiétante.
Avec des images poétiques, le chorégraphe laisse le spectateur libre d’interpréter chaque tableau. On comprend, toutefois, que Cheng Tsung-lung a voulu montrer que le sentiment de liberté que nous éprouvons en naviguant sur Internet est en partie illusoire. Nos allées et venues sont enregistrées sur des bases de données dont nous sommes plus ou moins prisonniers, puisqu’elles nous dirigent ensuite dans certaines directions, sans qu’on s’en rende compte.
Bref, Cloud Gate soulève des interrogations propres à notre époque, à travers un vocabulaire gestuel qui donne à certaines scènes, une atmosphère tribale. Les corps côtoient la technologie dans une chorégraphie parfois féroce et parfois délicate, entre l’obscurité et la lumière d’un halo lunaire. Percutant!
Lunar Halo
Cloud Gate Dance Theatre of Taiwan
Chorégraphie de Cheng Tsung-lung
Spectacle présenté par Danse Danse
Au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, les 28, 29 et 30 novembre
*Photos fournies par Danse Danse
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