Monique Miller brille parmi «Les Voix humaines»

Ce n’est pas tous les soirs qu’on peut voir une actrice de 90 ans habiter la scène comme si elle était chez elle, à la fois au présent et dans le passé. Celle qu’on associe encore aujourd’hui, affectueusement, à son rôle dans le téléroman «Septième nord», joue dans une pièce qui semble épouser sa propre histoire.

«Les Voix humaines» est une adaptation de «L’indiscret» de Louis-Georges Carrier, télé-théâtre créé en 1963, dans lequel Monique Miller interprète une femme seule dans son appartement et qui attend son amant. La nonagénaire fait revivre sur scène ce même personnage, plus de 60 ans plus tard, comme si elle avait attendu, durant tout ce temps, l’amour ou peut-être la mort…

Ce passage du temps, la comédienne le porte dans tout son corps. Il faut la voir entrer en scène à petit pas, comme si elle craignait de tomber. En longeant un long mur de ciment gris de l’Espace libre, elle contourne, dans un premier temps, le grand miroir qui y est appuyé.

Puis, elle s’avance dans son décor qui se résume à un canapé, un grand rideau qui restera fermé, quelques lampes, ainsi qu’une vieille radio. C’est de là que sortent les voix humaines de «L’indiscret», dont celle du regretté Albert Millaire.

La dame observe son passé avec une certaine désinvolture. Entre autres, elle danse langoureusement, en enlaçant un amant imaginaire, au son d’une chanson portée par la voix grave de Leonard Cohen. Plus tard, elle s’étend sur son divan, en agitant voluptueusement les jambes, comme si la fièvre des plaisirs amoureux s’emparaît d’elle.

Qu’est devenue celle qu’elle a été? Est-elle toujours la même femme, se demande-t-elle, confrontée à son miroir.

Quant à Larissa Corriveau, à qui l’on doit cette adaptation de «L’indiscret», elle est sur scène durant tout le spectacle. Elle y joue un rôle de confidente, voire d’ange gardien, allant jusqu’à souffler quelques répliques à l’oreille de la protagoniste.

La mise en scène de Félix-Antoine Boutin reflète l’univers suspendu entre le rêve et la réalité des «Voix humaines», où le mystère s’insinue à travers les savants éclairages de Cédric Delorme-Bouchard. D’ailleurs, la pièce se termine avec la puissante symbolique d’une lampe qui s’allume et s’éteint. Frissons!

Une installation multimédia

Cette incursion à l’intérieur de la mémoire de l’actrice Monique Miller se prolonge à travers une installation multimédia, conçue et réalisée par Larissa Corriveau.

Dans une pièce obscure d’Espace libre, on voit apparaître, sur des écrans de différents formats, des extraits de téléfilms dans lesquels madame Miller a joué, au cours de sa carrière entreprise il y a plus de 70 ans! On y entend aussi la comédienne parler, aujourd’hui, de son métier et des rôles qu’elle a eus.

Cela dit, les trois écrans centraux sont petits et il est parfois difficile de saisir les propos exprimés; c’était aussi le cas, lorsque cette installation a été présentée à la Cinémathèque québécoise, l’an dernier. Malgré tout, ces images d’archive de madame Miller constituent un fabuleux témoignage de tout un pan de notre histoire!

À noter qu’il faut réserver pour voir cette installation de 38 minutes.

«Les Voix humaines», avec Monique Miller sur scène, est à l’affiche jusqu’au 12 novembre, au théâtre Espace libre.

Crédit photo: Maryse Boyce

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