Le comédien Hubert Proulx et son fils Viktor ont su faire rire et émouvoir le public, lors de la première du spectacle On s’lâche pas, lundi soir, à la Cinquième Salle de la Place des Arts. À mi-chemin entre le stand-up et le théâtre, cette pièce, mise en scène par Anne Dorval, révèle de grands pans d’un univers familial rocambolesque!
L’acteur qu’on connaît entre autres pour son rôle dans la série télévisée Indéfendable, se confie au sujet du «syndrome du sauveur» qui l’habite depuis l’enfance, en le poussant à rechercher la reconnaissance pour son héroïsme. Il raconte aussi les spectaculaires rebondissements de sa relation avec son frère dont la toxicomanie a chamboulé la vie du clan Proulx.
Ces sujets graves sont dédramatisés, en partie grâce aux répliques sans complaisance d’un brave partenaire de scène, âgé de 14 ans.

Il est bien rare d’entendre un père déclarer à son fils: «tu es la personne la plus importante au monde pour moi!» C’est encore plus rare, sans doute, d’entendre pareille phrase au théâtre québécois.
C’est pourtant ce que Hubert Proulx ose dire sans détour à son descendant qui semble avoir, lui aussi, la fièvre des planches.
Du même souffle, le quadragénaire parle de ses relations imparfaites avec son père et son frère sans les juger et en se réjouissant de la richesse des liens qui les unit.
Durant toute sa jeunesse, Hubert a voulu «sauver» son frère aîné, Steeven, de son mal de vivre et de ses dépendances. Cet homme alcoolique et toxicomane a multiplié les frasques, jusqu’à ce qu’un AVC le plonge dans le coma, à l’âge de 32 ans. Il a «miraculeusement» survécu mais, avec des séquelles sur ses facultés cognitives, de sorte que Steeven, maintenant quinquagénaire, a désormais l’âge mental d’un jeune adolescent.

Le texte écrit par Hubert Proulx lui-même est très imagé! On a l’impression d’assister aux nombreuses péripéties racontées, qu’il s’agisse d’une audition perturbée dans une école de théâtre, ou de l’enterrement plutôt insolite d’une grand-mère. Les remarques de Viktor apportent un point de vue souvent divergent mais, jamais au détriment de la bonne humeur de ces deux complices.
On s’lâche pas est aussi un spectacle très physique pour son auteur, artiste multidisciplinaire, qui multiplie les enchaînements en se lançant avec autodérision dans des numéros de danse contemporaine, sous le regard amusé de son fils.
Visiblement heureux de vivre cette performance libératrice, Hubert Proulx a d’ailleurs salué plusieurs des personnages de son histoire personnelle, présents en ce ce soir de première, dont sa conjointe Ruba Ghazal, députée et co-porte-parole de Québec solidaire.

Avec la collaboration du comédien Vincent Bolduc, à la script-édition, Proulx réussit à intéresser le public du début à la fin de cette pièce de près de 90 minutes sans entracte. Souvent ému aux larmes, l’homme nous livre ses états d’âme sur la paternité. Il parle aussi de son admiration pour l’endurance au travail de son père et de son attachement indéfectible à son frère qui lui en a pourtant fait voir de toutes les couleurs. Bref, on assiste à une prise de parole masculine comme on en voit peu!
On s’lâche pas sera présentée à la salle Le Club, à Brossard, le 23 mai, ainsi qu’à Québec, à la Salle Octave-Crémazie, le 27 mai.
Voir la liste des représentations de la pièce On s’lâche pas!
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