Marc-Yvan Coulombe / BabillArt Montréal
Alors que Montréal vibrait à la démesure du Grand Prix de Formule 1, Yannick Nézet-Séguin et l’Orchestre Métropolitain ont fait salle comble à la Maison symphonique, en ce dernier dimanche après-midi du printemps. Les mélomanes, à la fois attentifs et enthousiastes, ont pu découvrir, en avant-première, le programme intitulé «Invitation au voyage» que l’OM s’en va jouer en Europe. Cette tournée sur le Vieux Continent s’arrêtera dans des salles prestigieuses de Paris, Vienne, Hambourg et Baden-Baden, d’ici la fin juin. Ravel, Assiginaak, Saint-Saëns et Tchaïkovski sont à l’honneur dans ce concert qui met aussi en lumière les talents du pianiste virtuose Alexandre Kantorow.

Alexandre Kantorow à la Maison symphonique / Crédit : François Goupil
Âgé de 28 ans, Kantorow est ce pianiste français qui a interprété Jeux d’eau de Ravel, sous une pluie battante, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, à Paris, l’an dernier. Auparavant, le jeune homme a remporté le premier prix et la médaille d’or au Concours international Tchaïkovski à Moscou, en 2019.
Ce musicien semble faire corps avec le Concerto pour piano no 2 de Saint-Saens qui commence par un étincelant solo de piano. Les arpèges cristallins de Kantorow alimentent le caractère fougueux de cet Andante. Suivra le sautillant Allegro où on constate que la finesse dans la synchronisation du piano avec l’orchestre est déjà bien en place. Enfin, la technique sans faille du pianiste, notamment, dans le rythme endiablé du Presto éblouit l’assistance!
Ces moments de grâce ont été précédés de La Valse de Ravel, enlevante sous la baguette de maestro Nézet-Séguin et de Eko-Bmijwang (Aussi longtemps que la rivière coule), une musique plutôt hermétique de la compositrice autochtone Barbara Assiginaak.

Yannick-Nézet Séguin et le pianiste Alexandre Kantorow / Crédit : François Goupil
Après l’entracte, on a servi la pièce de résistance: la Symphonie «Pathétique», une œuvre emblématique de Tchaïkovski. Le compositeur russe en a d’ailleurs dirigé la première exécution publique, quelques jours avant sa mort.
Avant d’entreprendre cet intense voyage musical en quatre mouvements, Yannick Nézet-Séguin a su prévenir les applaudissements indésirables, avec l’humour qui caractérise ses grandes qualités de pédagogue. «Après le 3e mouvement, il faut presque s’attacher les mains pour ne pas applaudir» a-t-il fait valoir, en guise de mise en garde, soulevant des éclats de rire approbateurs dans l’assistance.
Le chef a été entendu. Personne n’a applaudi avant la fin mais, comme s’il craignait que certains spectateurs oublient ce mot d’ordre, il a enchaîné très (trop?) rapidement le 3e et le 4e mouvement où l’on passe, selon lui, de la «frénésie» à «la chute». Ce contraste est toutefois si fort, qu’on a besoin d’un moment de silence pour l’absorber. Il n’en reste pas moins que l’interprétation de la «Pathétique» entendue dimanche est splendide!

D’ailleurs, même si la fin du concert coïncidait sans doute pour plusieurs avec l’heure du souper, l’immense majorité des spectateurs a pris le temps d’ovationner longuement l’OM et son chef. C’est à ce moment qu’on a vu apparaître, derrière l’orchestre, une banderole portant le message: «Bonne tournée!»
Invitation au voyage
Ravel : La valse. Assiginaak : Eko-Bmijwang. Saint-Saëns : Concerto pour piano n° 2. Tchaïkovski : Symphonie n° 6, « Pathétique ». Alexandre Kantorow (piano), Orchestre Métropolitain, Yannick Nézet-Séguin. Maison symphonique, dimanche 15 juin 2025.
OM: un été chargé
Enfin, rappelons qu’à leur retour d’Europe Yannick Nézet-Séguin et l’OM donneront plusieurs concerts, notamment, au Domaine Forget de Charlevoix, au Festival des Arts de Saint-Sauveur et au Festival de Lanaudière, sans oublier le traditionnel rendez-vous avec L’OM au pied du mont Royal qui aura lieu le mercredi 30 juillet, à 19 h 30.

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