OSM: deux concerts qui vont changer la vie de ces jeunes musiciens

Malgré les trottoirs enfouis sous la neige et le froid mordant, la Maison symphonique était remplie, mercredi soir, pour un concert de l’Orchestre symphonique de Montréal, placé sous le signe de la jeunesse. Des centaines de spectateurs dans la vingtaine étaient tout ouïe pour ce programme où des étudiants en musique ont joué avec les pros de l’OSM, la puissante Symphonie no 11 de Chostakovitch, sous la direction de Rafael Payare.

Le public a aussi applaudi longuement l’interprétation du Concerto pour violon de Tchaïkovski, par le soliste de réputation internationale, Sergey Khachatryan. Ce concert est de nouveau présenté, ce soir, 20 février.

Une immersion orchestrale

Rafael Payare et l’OSM, 20 février 2025 / Crédit, Antoine Saito

Les 13 jeunes instrumentistes choisis par l’OSM étudient au Conservatoire de musique de Montréal, à la Faculté de musique de l’Université de Montréal et à l’École de musique Schulich de l’Université McGill. Ils se souviendront sans doute longtemps de cette immersion qui leur a permis de plonger au coeur de la réalité d’un orchestre professionnel.

Ce baptême se concrétise par l’interprétation de L’Année 1905, symphonie du compositeur russe Dmitri Chostakovitch qui évoque l’insurrection de 1905. Avec ses images musicales saisissantes, cette oeuvre pour grand orchestre, écrite en 1957, nous apparaît comme une musique de film.

Par exemple, le premier mouvement intitulé «La place du palais» est déjà inquiétant avec des appels lointains des cuivres. La tension grimpe dans l’Allegro, qui traduit en musique le «Dimanche rouge», marqué par la répression sanglante d’une manifestation populaire à Saint-Pétersbourg. Rappelons que cet événement a entraîné le début de la révolution russe de 1905.

La partition de Chostakovitch raconte, en quelque sorte, cette période tragique. Les rafales de caisse claire résonnent telles des rafales de fusils. Puis, le tambour, la grosse caisse et les timbales se déchaînent comme une métaphore du massacre. L’orchestration de la Symphonie no 11 est si spectaculaire qu’on utilisait, autrefois, l’enregistrement de cette oeuvre dirigée par Eliahu Inbal chez Denon, pour tester des systèmes de son!

Même si cette musique est sombre, elle demeure accessible. Le compositeur s’est inspiré, notamment, de chants révolutionnaires. L’Adagio, «Mémoire éternelle», s’appuie d’ailleurs sur la marche funèbre des Révolutionnaires, que l’orchestre joue comme un hommage aux défunts.

Après ce voyage musical intense de près d’une heure, maestro Payare a eu la bonne idée de demander spécifiquement à ses 13 jeunes collaborateurs de se lever pour que le public puisse les voir. Ils ont alors reçu la première ovation de leur carrière à la Maison symphonique! Édifiant!

Contraste

Le violoniste Sergey Khachatryan avec l’OSM / Crédit: Antoine Saito

En début de soirée, le réputé violoniste d’origine arménienne, Sergey Khachatryan a interprété le célèbre Concerto pour violon de Tchaïkovski. Maintenant âgé de 39 ans, l’artiste poursuit une carrière internationale florissante, après avoir gagné le Concours Reine Elisabeth à Bruxelles, en 2005. C’est la première fois qu’il se produit aux côtés de l’OSM.

Reconnu pour sa fougue et son lyrisme, le virtuose n’a pas fait mentir sa réputation dans cette oeuvre dont la souplesse mélodique contraste avec l’intensité dramatique de la symphonie de Chostakovitch au programme.

Le brillant Concerto pour violon de Tchaïkovski

Orchestre symphonique de Montréal, dirigé par Rafael Payare

Violoniste invité: Sergey Khachatryan

  • Tchaïkovski – Concerto pour violon en ré majeur, op. 35
  • Chostakovitch – Symphonie no 11 en sol mineur, op. 103, «L’année 1905»

À la Maison symphonique, le 20 février à 19h 30

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