C’était déjà la Saint-Valentin, en ce mercredi soir à la Maison symphonique, où l’Orchestre symphonique de Montréal et Rafael Payare recevaient l’épouse de ce dernier, la violoncelliste Alisa Weilerstein. La cheffe de la direction de l’OSM, Mélanie La Couture, est d’ailleurs montée sur scène, en début de soirée, pour souhaiter la bienvenue à ce prestigieux couple montréalais, réuni pour deux concerts à l’approche du 14 février. Daphnis et Chloé, oeuvre emblématique de Ravel, est la pièce de résistance de ce programme qui a été enregistré pour une éventuelle parution sur disque.

Madame Weilerstein est entrée en scène d’un pas décidé, vêtue d’un «jumpsuit» rouge écarlate, assorti d’une longue traîne noire. Après avoir échangé un regard complice avec son mari, ce dernier a lancé l’Andante de la Sinfonia concertante de Prokofiev, où le violoncelle est mis en lumière à travers une partition qui exige une grande virtuosité.
Rappelons que cette oeuvre fut d’abord un Concerto pour violoncelle (1938), laissé de côté par le compositeur russe, durant une dizaine d’années, à la suite de critiques négatives. Toutefois, Prokofiev sera touché par l’interprétation de ce Concerto par Rostropovitch, ce qui l’amènera à réviser sa partition.
D’entrée de jeu, il est clair qu’on s’éloigne de la structure classique du concerto, puisque le mouvement rapide (Allegro giusto) est placé au centre, encadré par deux Andante.
Le premier thème nous rappelle une scène du ballet Roméo et Juliette. Ce motif ascendant de quatre notes devient le socle sur lequel le violoncelle solo s’appuie.
Visiblement très habitée par cette musique, Alisa Weilerstein déploie sa virtuosité dans le deuxième mouvement qui dure à lui seul, une quinzaine de minutes. Mais, c’est surtout dans le dernier Andante qu’elle nous éblouit. En effet, ce mouvement culmine dans l’extrême aigu du violoncelle, ce qui oblige la musicienne à jouer au-delà de la touche.
Fasciné par la complicité entre la soliste et le chef d’orchestre, le public a suivi avec attention cette oeuvre exigeante de plus de 35 minutes et ovationné la soliste!
Nouvel enregistrement de Daphnis et Chloé
L’enregistrement de la symphonie chorégraphique Daphnis et Chloé de Ravel par l’OSM dirigé par Charles Dutoit, en 1980, est l’un des plus grands succès discographiques de toute l’histoire de l’Orchestre symphonique de Montréal. Cet album de renommée internationale, enregistré à l’église Saint-Eustache au nord de Montréal, a d’ailleurs été remasterisé en 1999 dans une collection marquée du sceau «Decca Legendary Performances».
45 ans plus tard, le fougueux Rafael Payare réenregistre l’oeuvre d’environ 55 minutes, en bénéficiant de l’acoustique de la Maison symphonique. Tout pétille dans cette interprétation dès la première Danse générale. La précision des cuivres et la puissance des percussions génèrent une Danse guerrière à vous donner des frissons!
Préparé par Andrew Megill, le choeur brille à travers une époustouflante maîtrise des nuances. La soixantaine de chanteurs ajoutent une dimension grandiose à cette oeuvre, notamment, dans le splendide Lever du jour !

Bref, malgré la tempête, ça vaut le coût de prendre le métro pour aller s’imprégner de cette grande musique ! Ce concert Ravel et Prokofiev est à l’affiche, ce soir également, 13 février.
Prokofiev: «Sinfonia concertante op. 125». Ravel: «Daphnis et Chloé».
Alisa Weilerstein (violoncelle), Chœur et Orchestre symphonique de Montréal, Rafael Payare.
Maison symphonique, mercredi 12 février, reprise jeudi 13 février à 19h 30.
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