Pour la première fois en plus de 90 ans d’existence, l’Orchestre symphonique de Montréal a joué, ce mercredi soir, la Symphonie fantastique avec des cloches de carillon, comme le réclame cette célèbre partition de Berlioz. Dès le début du concert, ces cloches, spécialement fondues pour l’OSM, ont résonné dans une création du compositeur canadien d’origine allemande, Michael Oesterle, qui a voulu rendre hommage à Montréal, parfois surnommée «la ville aux cent clochers». Ce concert marquait aussi le retour à la Maison symphonique du pianiste Daniil Trifonov pour interpréter le Concerto de Schumann. Compte rendu d’une soirée faste !
Parlons d’abord de la Symphonie fantastique, puisque maestro Payare la dirigera deux fois, aujourd’hui (19 septembre), à la Maison symphonique à 10h 30 et à 19h 30.
Cette oeuvre, créée en 1830, alors que Berlioz n’avait que 27 ans, est composée de cinq parties ayant chacune sa propre instrumentation, allant de la douceur au déferlement orchestral, où les percussions et les cuivres font trembler la salle !
C’est dans ce fabuleux voyage orchestral que nous entraîne l’OSM ! La première pièce, Rêveries n’utilise qu’un orchestre réduit, où se glissent deux timbales. Deux harpes s’ajoutent pour la deuxième pièce qui est tout en douceur, également. Ici, maestro Payare valse, en quelque sorte, sur le podium, entraînant ses musiciens dans ce tourbillon musical intitulé Un bal.
Puis, la Scène aux champs fait place au cor anglais, aux bassons et à quatre timbaliers. Suivra, la Marche au supplice où brilleront, entre autres, les cuivres et les percussions (timbales, grosse caisse, cymbales, etc.)
Mais, c’est surtout le Songe d’une Nuit du Sabbat qu’on attendait. Deux cloches de carillon, placées au Foyer du niveau Corbeille, auront été la cerise sur le gâteau ! Ces quelques notes provenant des hauteurs et de l’arrière de la salle ont permis aux mélomanes montréalais de goûter, mieux que jamais, les fameux effets de spatialisation de la musique développés par cet illustre compositeur français.
Hommage aux clochers de Montréal
En ouverture du concert, on a interprété, pour la toute première fois, l’oeuvre de Michael Oesterle, commandée par l’OSM et intitulée La Chapelle. Cette pièce d’une douzaine de minutes se veut un hommage à la Chapelle historique du Bon-Pasteur qui a été le théâtre de la création de plusieurs oeuvres, avant d’être ravagée par un incendie, l’an dernier.
Dès les premières mesures, les nouvelles cloches de l’OSM sont mises en valeur. L’une d’entre elles est placée sur la scène. Deux autres cloches se font entendre depuis la Mezzanine, côté jardin et une quatrième résonne depuis le Foyer de la Corbeille, côté cour. Ici aussi, la spatialisation nous fascine, à travers une partition bien ficelée !
Cette création s’est d’ailleurs déroulée en présence du compositeur qui explique, dans le programme de la soirée, avoir été inspiré par le son des cloches de l’Église catholique Santa Cruiz qui se mêlait à la vie de quartier du Plateau-Mont-Royal, où il habitait quand il est arrivé au Québec. La Chapelle est aussi au programme du concert de l’OSM de ce soir, 19 septembre.
Une ovation et un rappel
Puis, Daniil Trifonov s’est amené sur scène pour livrer une interprétation très contrastée du Concerto pour piano en la mineur du compositeur allemand Robert Schumann. Reflet d’une âme tourmentée, l’oeuvre semble posséder ce pianiste virtuose qui passe du lyrisme aux élans passionnés, avec une grande intensité.
L’artiste russe a d’ailleurs été ovationné avec insistance avant d’offrir en rappel, le troisième mouvement d’une sonate pour piano de Tchaïkovski (Sonate en do dièse mineur opus posthume 80). À noter que ce soir (19 septembre) monsieur Trifonov et l’OSM interpréteront le Concerto pour piano no 1 de Beethoven.
Enfin, les deux concerts à l’affiche, ce jeudi, sont de belles occasions de découvrir le précieux apport des nouvelles cloches de notre orchestre qui poursuit son ascension avec le fougueux Payare.
19 septembre 2024 à 10h 30
Hector Berlioz, Symphonie fantastique, H 48, op. 14
19 septembre 2024 à 19h 30
Michael Oesterle, Création mondiale – commande de l’OSM
Ludwig van Beethoven, Concerto pour piano no 1 en do majeur, op. 15 – pianiste invité : Daniil Trifonov
Hector Berlioz, Symphonie fantastique, H 48, op. 14
Crédit photo : Antoine Saito
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