La Salle Bourgie convie les mélomanes à un évènement rare, dimanche le 9 février, alors que le pianiste Raoul Sosa, 85 ans, se produira pour la toute première fois sur cette scène. Après avoir triomphé à Montréal et rayonné en Europe et en Asie, le musicien d’origine argentine s’est fait plus rare, ces dernières années. Mozart, Schumann et Brahms sont les pierres angulaires du programme de ce concert de Raoul Sosa, son premier depuis 8 ans.
Une vie sous le signe de la résilience
Né à Buenos Aires en 1939, Raoul Sosa étudie d’abord la musique dans son pays et il se fait remarquer comme finaliste au Concours international Van Cliburn, aux États-Unis (1962). Il est aussi finaliste au Concours musical international de Montréal pour piano (1968). Un an plus tôt, ce pédagogue avait commencé à enseigner au Conservatoire de musique du Québec à Montréal.
«Je suis arrivé à Montréal en 1967 et c’est ici que j’ai fait ma vie», souligne l’octogénaire, heureux de pouvoir encore jouer de son instrument «à chaque jour». Avec une douce nostalgie, l’artiste se souvient de ses tournées en Asie, au début des années 1990, en tant que pianiste, chef d’orchestre et professeur.
«Au Japon, un critique m’avait même qualifié de «pianiste à la main gauche en or», rappelle-t-il. Ce souvenir est loin d’être anodin, puisque le pianiste s’est blessé à la main droite, en 1980, ce qui l’a amené à orienter son art vers l’interprétation d’œuvres pour la main gauche.
Sa carrière aurait pu s’arrêter là mais, l’amour de la musique et la persévérance de Raoul Sosa ont tenu le coup. «Il y a des moments ou tout semble perdu! On ne sait plus ou aller et on se demande si ça vaut la peine de continuer. Pour ma part, j’ai été sauvé par la musique qui est toute ma vie, depuis toujours!»
Même avec une seule main, l’artiste a su émouvoir le public et de nombreux critiques dont le légendaire et parfois féroce Claude Gingras du quotidien La Presse: «Sosa joue son Prokofiev (en première à l’OSM) avec une vélocité et une force extraordinaires (il faut voir cette main unique courir et faire presque office de deux mains), tout en y apportant à chaque instant sa grande musicalité.»*
Sosa le compositeur
Raoul Sosa a aussi composé un Concerto pour Piano main gauche et Orchestre à cordes, présenté avec l’ensemble I Musici de Montréal, à la Salle Pollack, en 1992.
Le pianiste qui a recommencé à jouer avec ses deux mains après une longue réhabilitation interprétera, dimanche prochain, l’une de ses compositions. Il s’agit de sa Fantaisie sur des thèmes de Tchaïkovski, où il explore l’univers du Lac des Cygnes et celui de Roméo et Juliette.
Ce passionné du romantisme jouera aussi la Fantasie en do majeur, op. 17 de Schumann et quelques pièces de Brahms dont la Rhapsodie en mi bémol majeur, op. 119 n°4. Au programme, également, une oeuvre de Mozart plutôt rarement jouée: Fantaisie et fugue en do majeur, K. 394.
Chaleureux et enthousiaste, l’artiste prépare son concert avec ferveur. «Ce sera un moment rempli de bonheur et d’espoir pour faire contrepoids aux inquiétudes qui s’emparent parfois de nous au quotidien. Pour ma part, après l’épreuve qui m’a privé de ma main droite durant plusieurs années, je suis devenu imperturbable. Il y a toujours quelque chose de nouveau qui nous arrive. Chaque jour peut être une renaissance!»
Raoul Sosa – Le piano romantique
Présenté dans le cadre de la série «Pianistes d’exception», à la Salle Bourgie, le 9 février à 14h 30.
*Citation tirée de la biographie officielle de Raoul Sosa.
Laisser un commentaire