«Sa dernière femme»: l’ultime épouse d’Henri VIII revue et corrigée

Le Théâtre du Rideau Vert lance sa saison hivernale avec une traduction de la pièce The last wife de Kate Hennig. La dramaturge ontarienne s’inspire librement de l’histoire de Catherine Parr, sixième et ultime épouse d’Henri VIII, pour en faire une féministe, plus de 300 ans avant même l’apparition de ce mot !

Le comédien Henri Chassé, qui était tombé de scène le soir de la première, semble bien rétabli. C’est lui qui défend le rôle d’Henri VIII, aux côtés de Marie-Pier Labrecque en Kate. Les tribulations complexes de ce couple s’étirent sur près de 2 heures et demie incluant un entracte.

Henri Chassé et Marie-Pier Labrecque / Crédit photo: David Ospina

L’histoire se déroule au XVIe siècle, mais Henri VIII et tous les personnages qui l’entourent sont habillés comme s’ils vivaient en 2025. Leur sombre histoire donne l’impression de se dérouler dans un bunker, dans ce décor imaginé par Loïc Lacroix Hoy. En effet, on doit descendre quelques marches pour s’approcher du roi dans son espace de ciment gris, dominé par une pièce massive en demi-cercle qui contribue à alourdir l’atmosphère.

Triangle amoureux

Kate est toujours mariée à un homme malade, lorsqu’Henri VIII commence à la courtiser. En attendant de devenir veuve, elle accepte les avances du roi, qu’elle analyse «comme une proposition d’affaires».

D’entrée de jeu, elle impose ses conditions. Monsieur devra, entre autres, obtenir le consentement de madame pour qu’ils aient des relations sexuelles. Pendant ce temps, elle entretient, en parallèle, une relation torride avec le jeune Tom (Mikhaïl Ahooja).

Famille reconstituée

Henri Chassé, Lauren Hartley, Mounia Zahzam et Marie-Pier Labrecque /
Crédit: David Ospina

Sa dernière femme met en lumière la relation de Kate avec trois enfants d’Henri, nés de mères différentes. La protagoniste consent à éduquer le jeune Édouard (joué en alternance par Julien Désy et Nathan Savoie), mais elle s’intéresse surtout aux deux filles du roi: Bess (Lauren Hartley) et Marie (Mounia Zahzam).

L’essentiel du discours de ce personnage de la reine consort d’Angleterre et d’Irlande est un plaidoyer pour le droit d’accession des femmes au trône. Ultimement, les manœuvres de cette épouse calculatrice auront pavé la voie aux règnes de Marie Tudor et d’Élisabeth Ire.

Bien que certains accomplissements de Catherine Parr aient marqué l’Histoire, il est fastidieux de suivre le long texte de Kate Hennig et la mise en scène routinière d’Eda Holmes n’arrange rien! On s’attendait à plus, de la part de la directrice artistique du Centaur, qui avait elle-même monté The Last Wife, en 2019. Quant à la traduction de Maryse Warda, elle nous laisse perplexe, entre autres, lorsqu’Henri VIII utilise le mot «tourlou»!

Bref, à la fin de la première partie plutôt déroutante, qui dure près d’une heure et demie, on est déjà un peu assommé !

Mikhaïl Ahooja, Marie-Pier Labrecque et Henri Chassé / Crédit: David Ospina

Heureusement, le couple royal est porté par le jeu nuancé d’Henri Chassé et l’interprétation enflammée de Marie-Pier Labrecque. On remarque aussi la justesse du ton de l’énergique Mikhaïl Ahooja. Mais, la pièce n’est pas à la hauteur de cette équipe chevronnée.

Après l’entracte, l’autrice s’emploie à faire la démonstration que son héroïne a bien réussi à gérer le pays en l’absence du roi, malgré les réticences de son entourage masculin. Le roi lui-même qualifie le pouvoir de «patriarcat», un mot cher aux féministes depuis les années 1970, transposé ici, en pleine époque de la Renaissance!

Avec ses anachronismes, son manque flagrant de subtilité et ses répliques souvent anecdotiques, il est loin d’être certain que Sa dernière femme contribue à notre compréhension de l’Histoire.

Sa dernière femme

Texte de Kate Hennig / Traduction Maryse Warda / Mise en scène Eda Holmes

Au Théâtre du Rideau Vert, jusqu’au 22 février

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