«Sainte Marine»: un opéra inspiré d’une sainte qui a vécu en homme

La Société des arts technologiques (SAT) sera bientôt le lieu de création d’un opéra immersif, inspiré de la vie d’une sainte, dont l’ambiguité de genre aura marqué l’histoire. Le cheminement de Sainte Marine, qui aurait vécu au Ve siècle, est d’ailleurs devenu une source d’inspiration pour des personnes transgenres chrétiennes qui se placent sous son patronage.

Selon la tradition chrétienne catholique, romaine et maronite, «Marine la Déguisée» aurait vécu dans le monastère de Qannoubine, au Liban, sous l’identité masculine de frère Marin.

À la suite d’une accusation de viol par la fille d’un aubergiste (ignorante de son genre véritable), frère Marin est expulsé. Après sa réintégration au monastère où il a vécu jusqu’à la fin de sa vie, les moines découvrent, durant sa toilette mortuaire, que Marin est bel et bien une femme.

Ce sont là les grandes lignes de l’opéra Sainte Marine, une oeuvre de trois créatrices contemporaines. Entretien avec Marie-Annick Béliveau, directrice artistique de cet intrigant projet.

Marie-Annick Béliveau, mezzo-soprano / Crédit: Laurent Guérin

Le personnage de Sainte Marine sera incarné par Marie-Annick Béliveau, mezzo-soprano à la longue feuille de route. Directrice artistique de Chants libres, madame Béliveau a participé à la création de nombreux opéras, en plus de vingt ans de carrière.

Cette fois-ci, elle est aussi la conceptrice du livret: «Notre opéra raconte quelques épisodes de la vie de Marine. À l’époque où elle a vécu, les maronites parlaient le syriaque. Cette langue est toujours présente dans la liturgie maronite. Le livret est donc en français, avec des passages syriaques, afin d’insuffler à l’oeuvre une dimension mystique et sacrée.»

Musicalement, on entendra quelques hymnes de Saint-Éphrem, auteur prolifique de chants en langue syriaque qui a vécu en Turquie au IVe siècle. «Pour m’imprégner de cet univers musical, nous avons demandé à un prêtre maronite qui vit dans la campagne au Liban, d’enregistrer, pour moi, deux chants qui m’ont servi de guide dans mon travail. Puis, nous avons trouvé sa voix si belle que nous l’avons intégrée au spectacle, de sorte que le public entendra ces enregistrements du frère Jean Aoun, durant la représentation.»

Quant à la partition, composée par la libano-québécoise Katia Makdissi-Warren, elle marie instruments traditionnels et contemporains, s’inspirant de la musique maronite. «Je dirais que c’est somme toute assez contemporain. C’est même, parfois, proche de la chanson, du slam ou du spoken word. Cela dit, en tant qu’interprète, je dois pouvoir voyager du grave à l’aigu pour jouer sur l’ambiguité du genre Marin/Marine avec ma voix.»

Parmi les instruments utilisés: une flûte orientale (nay) et des percussions aux sonorités associées à la musique du Moyen-Orient. En tout, huit musiciens et chanteurs seront à l’oeuvre. «Parfois, on va recourir au «flash mob», de sorte que les gens vont réaliser soudainement que la personne qui est à côté d’eux fait partie du spectacle. Tout sera en mouvement. On a d’ailleurs décidé de limiter l’assistance à 175 personnes pour que les spectateurs puissent se déplacer, s’ils le veulent.»

Enfin, la conception vidéo de Charlie Poirier-Bouthillette a pour but de transformer le dôme de la SAT, grâce à des projections de vitraux lumineux, de lever du soleil, ou d’une grotte éclairée par des chandelles. «On mise sur une iconographie du Moyen Âge, quelques images d’archives du Liban et les dessins naïfs et pleins de couleur de Charlie. On veut éviter que ce soit trop réaliste. Il faut garder une part de mystère dans ce dialogue entre les voix du passé et du présent.»

Sainte Marine (opéra)

Conception:

Katia Makdissi-Warren : Conception et composition
Marie-Annick Béliveau : Conception, livret et direction artistique
Charlie Poirier-Bouthillette : Conception vidéo

Interprétation:

Marie-Annick Béliveau, mezzo-soprano
Marie-Hélène Breault, flûte
Aymen Trabulsi, nay
Pamela Reimer, piano
Bertil Schulrabe, percussions
Michel Duval, David Cronkite et Clayton Kennedy, basses

Où et quand?

Du 9 au 11 novembre 2024
Satosphère, Société des arts technologiques
1201, boul. Saint-Laurent, Montréal
Billetterie : Sainte Marine

Durée : 1 heure

Création de Chants libres et de l’ensemble de musique du monde Oktoecho, en partenariat avec la Société des arts technologiques (SAT), présentée dans le cadre du Festival du monde arabe de Montréal.

*Photo d’accueil fournie par Chants libres

Commentaires

Une réponse à “«Sainte Marine»: un opéra inspiré d’une sainte qui a vécu en homme”

  1. Avatar de Jean-Paul Coulombe
    Jean-Paul Coulombe

    Histoire fascinante qui,au surplus,fait appel aux riches traditions du Liban.

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