L’ensemble vocal, le Studio de musique ancienne de Montréal, spécialisé dans la musique baroque et celle de la Renaissance, sort de sa zone de confort. Fondé il y a plus d’un demi-siècle et réputé pour ses interprétations d’oeuvres de Bach, Schütz, Biber et Palestrina, le SMAM s’apprête à présenter son tout premier concert entièrement dédié à Schubert, compositeur emblématique de la musique romantique allemande.
Le directeur artistique, Andrew McAnerney, a conçu un programme mettant en valeur dix choristes, ainsi que deux solistes. Ce concert est présenté dans le cadre d’une collaboration avec la Salle Bourgie dans la série « Lieder de Schubert – An 1 ».
Les «schubertiades»
D’entrée de jeu, Monsieur McAnerney, explique qu’il s’est inspiré des «schubertiades», ces réunions d’amis avides de poésie et de musique, pour lesquelles Schubert a composé plusieurs oeuvres vocales. Les plaisirs terrestres et la puissance de la spiritualité sont parmi les principaux thèmes à l’honneur.
«L’un des défis que pose ce répertoire est de bien comprendre le sens poétique profond de ces chants, pour pouvoir les interpréter adéquatement. C’est d’autant plus important qu’il y a toujours des gens qui parlent l’allemand parmi les spectateurs», souligne ce musicien expérimenté qui a œuvré, entre autres, avec Arion orchestre baroque, l’Orchestre du Centre national des arts et les Chambristes du Canada.
14 artistes sur scène
Avec les solistes Nils Brown (ténor) et Marie-Andrée Mathieu, (mezzo-soprano), ainsi que le SMAM, les possibilités sont nombreuses. Par exemple, le ou la soliste pourra chanter accompagné(e) des choristes masculins ou féminins. Certaines oeuvres seront interprétées a cappella et d’autres seront accompagnées au pianoforte par Ilya Poletaev.
La première pièce au programme fait l’éloge du vivre ensemble, à travers la musique joyeuse et pétillante de Die Geselligkeit, D. 609. «Être seul est désagréable. Qui pourrait en profiter? Vivre ensemble est un délice pour l’âme» (traduction libre), dit, essentiellement, ce texte signé par l’homme de lettres hongrois Johann Karl Unger.
C’est ainsi que le SMAM lancera Schubert, terre et ciel, dont la première partie regroupe des oeuvres sur le thème de la Convivialité.
Dans un deuxième temps, on interprétera des textes plus sombres, évoquant Le grand départ, dont, Gott im Ungewitter, D. 985. Ce poème de l’Allemand Johann Peter Uz décrit la fragilité de l’être humain devant un Dieu tout puissant. On entendra également Das Grab ist tief und stille, D. 330 (Profond et silencieux est le tombeau).
C’est sans doute dans le troisième groupe d’oeuvres choisies, Beauté céleste, qu’on trouve les principaux joyaux de ce programme, dont, Der 23. Psalm, D. 706, traduction allemande d’un psaume de David parfois chanté dans certaines églises.
On entendra également Ständchen (Sérénade), D. 920, pour alto et un choeur de trois ténors et trois basses, accompagnés au piano. Ce chant festif a d’ailleurs été composé pour célébrer l’anniversaire d’une élève d’Anna Fröhlich qui fut la seule femme professeur au Conservatoire de la Société de musique de Vienne à l’époque de l’empire d’Autriche.
50e anniversaire du SMAM
Malgré les nombreux problèmes qui affectent le milieu de la culture, le SMAM a réussi à maintenir les cinq «grands concerts», soulignant son 50e anniversaire. L’ensemble sera d’ailleurs de retour, en mars, avec un programme consacré à la compositrice baroque du XVII siècle, Chiara Margarita Cozzolani. Toujours à la Salle Bourgie, le Studio de musique ancienne de Montréal interprétera, en avril, Les vêpres de Monteverdi, véritable monument de la littérature musicale..
Cela dit, plusieurs organismes culturels québécois affirment être affectés par la menace de guerre commerciale des États-Unis. Qu’en est-il pour le SMAM? «Nous sommes, nous aussi, dans l’incertitude à plusieurs points de vue, notamment, en ce qui concerne les subventions et les donateurs. Et, bien sûr, nous sommes inquiets de l’augmentation des coûts liés à la production de nos évènements», admet le directeur musical.
«D’ailleurs, vous aller constater que notre programmation de l’an prochain sera moins faste. Entre autres, nous allons devoir nous limiter à quatre grands concerts au lieu de cinq.»
Malgré une certaine morosité ambiante, Andrew McAnerney se réjouit de voir le SMAM contribuer, dès l’An 1, à l’intégrale des lieder de Schubert à la Salle Bourgie, un projet sans précédent à Montréal.
Schubert, terre et ciel
Studio de musique ancienne de Montréal
Andrew McAnerney, chef
Marie-Andrée Mathieu, mezzo-soprano
Nils Brown, ténor
Ilya Poletaev, pianoforte
À la Salle Bourgie, dimanche 23 février à 14h 30
*Crédit photo: Benoit Vermette
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