Steve Hackett: maître du temps…

La tournée Genesis Greats, Lamb Highlights & Solo fait escale à Montréal

Claude Côté / Collaboration spéciale

Steve Hackett, l’ancien Genesis, retrouvait son indéfectible public jeudi soir dans une salle Wilfrid-Pelletier qui affichait quasiment complet!

L’occasion était d’autant plus belle: on soulignait à Londres, il y a deux semaines, les cinquante ans de la sortie du mythique album double The Lamb Lies Down on Broadway, le sixième album du groupe, paru à la fin novembre 1974.

Entre le passé et le présent, le guitariste n’a jamais cessé de créer et nous en avons eu un illustre exemple avec un concert de 2h45 avec entracte et bien dosé: neuf de ses compositions, neuf titres du disque jubilaire et deux grands classiques à la toute fin.

Bien posté au centre de la scène, le musicien de 75 ans est appuyé, notamment, par Roger King aux claviers qui, entre autres accomplissements, magnifiera comme toujours l’intro au piano de The Firth of Fifth (merci Tony Banks), au rappel. La foule, portée par l’émotion du moment, exprima chaleureusement son approbation!

Quant au noble et énigmatique chanteur Nad Sylvan, il arrive sans faille à atteindre les registres de voix les plus complexes. Et quand il chante du Genesis, son  timbre évoque celui de Peter Gabriel. Il est indispensable, quoi! Lorsqu’il s’attaque au monument Supper’s Ready à la fin du concert, même s’il la chante tous les soirs, hier, ces 25 minutes de génie tirées de l’album Foxtrot sont le fruit d’un vocaliste exceptionnel!

Jonas Reingold à la basse et aux voix, Rob Townsend au saxophone, flûte et claviers et pour la portion nord-américaine de la tournée, le batteur Nick D’Virgilio sont les habituels compagnons de tournée du vénérable guitariste.

Nous avons eu droit hier soir à neuf titres de The Lamb, joués en seconde partie de programme, après un menu faste de neuf compositions du guitariste. Rappelons que Hackett a lancé un énième album solo, The Circus and the Night Whale en 2024

Les premières notes de People of Smoke, avec ses bruits de locomotives, donnent le ton à cette première partie. Circle Inferno, These Passing Clouds, The Devil’s Cathedral et son terrifiant son d’orgue à tuyaux d’église. Et voilà l’entraînant Every Day qui vient mettre un peu de soleil; on chante le refrain comme une toune pop; ça fait mouche! S’ensuivront A Tower Struck Down, Basic Instincts, Camino Royale et l’imposante Shadow of the Hierophant, solide morceau qui superpose des couches de sons et crée un effet de transe!

Entracte. Il le faut parce qu’on est soufflé!

The Lamb lies Down on Broadway: l’accouchement par césarienne

C’est en ces mots que Steve Hackett décrivait récemment le processus de création du double-album. Un disque ambitieux, grandiose pour certains, imparfait et sombre pour d’autres, ce qui fit dire à Tony Banks le claviériste à votre humble journaliste en 1997 que The Lamb lui laissait le plus mauvais souvenir de la prolifique production discographique de l’époque.

Qu’à cela ne tienne, jeudi dernier, les quelques 3,000 personnes présentes ont pleinement goûté aux neuf titres choisis: The Lamb lies Down on Broadway, Fly on a Windshield, Broadway Melody of 1974, Hairless Heart, la lumineuse Carpet Crawlers, les climats incertains de The Chamber of 32 Doors, la tonifiante Lilywhite Lilith, suivie de The Lamia et It, dernière dans la séquence, comme sur l’album.

The Lamb, conte urbain se passant à Manhattan et extirpé de l’imaginaire de Peter Gabriel aura sonné le glas pour le charismatique chanteur qui quittera à la fin de la tournée l’immense groupe de rock progressif britannique. Mais la musique est toujours là et nous sommes toujours là pour l’apprécier! Le temps qui passe n’a aucune emprise sur Steve Hackett. Mémorable soirée!

*Merci à Philippe Georgiades d’avoir rendu cet article possible.

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