Le célèbre groupe américain de musique électronique, Thievery Corporation, a écopé, ce soir, d’un moment d’exaspération du public montréalais, face à la guerre commerciale déclenchée par les États-Unis. Une grande partie des spectateurs réunis au MTelus ont spontanément hué la projection d’images du drapeau américain, qui accompagnait l’une des pièces. Ce froid a cependant été de courte durée. Certaines chansons au programme semblaient même dénoncer l’administration Trump. Au bout du compte, heureusement, c’est le rythme et l’harmonie qui l’ont emporté.
Contrastes
Le groupe de Rob Garza et Eric Hilton, formé il y a 30 ans, demeure phénoménal! Qui d’autre mélange le downtempo, le lounge, le trip hop et la bossa nova, en chantant en anglais, en espagnol, en français, en italien, en portugais et même en persan, en hindi et en roumain?
Parmi les huit musiciens et chanteurs de cette tournée, on trouve d’ailleurs un sitariste, ce qui est plutôt rare dans les soirées de musique électro!

D’entrée de jeu, les basses fréquences électrisent l’assistance avec A Warning (dub), pièce emblématique de l’album Sounds from the Thievery Hi-Fi, sorti en 1997. Puis, on passe à Heaven’s Gonna Burn Your Eyes, douce et indémodable ballade existentialiste, lancée en 2002.
Cet enchaînement de pièces, à tout le moins contrastantes, indique déjà la richesse du registre de Thievery Corporation. Ces maîtres de la piste de danse excellent dans les tubes planants comme Lebanese blonde mais, ils défendent aussi des chansons empreintes de critiques sociales.
C’est d’ailleurs au moment d’interpréter Amerimacka qu’un drapeau américain déformé est apparu sur un grand écran, à l’arrière-scène. Immédiatement la foule s’est mise à chahuter, avant même le début de cette pièce dont le titre est un terme inventé par Thievery Corporation, combinant «Amérique» et «Jamaïque».
Le calme est toutefois revenu lorsqu’on a écouté ces paroles corrosives: «Amerimacka, Oh what a beautiful lie / Amerimacka, It’s like licking honey off of a knife»… des mots applaudis par un public visiblement en colère contre l’administration Trump.
Dans ce segment acoustique du spectacle, avec trois guitaristes et deux percussionnistes, on a aussi interprété History qui décrit la relation d’une personne noire avec les policiers : «I can’t be black without historic, systematic oppression / I can’t look at a cop without second guessing».
Après ces moments sombres, la pièce Sweet Tides est venue détendre l’atmosphère, dans cette soirée à la fois grave et festive, où l’on a même eu droit à une chanson interprétée en français, bien que le titre soit Shadows of ourselves.
Au rappel, The Richest Man in Babylon, qui lance une mise en garde aux puissants de ce monde, demeure fort percutante plus de 20 ans après sa création.
Du début à la fin de ce spectacle d’environ 90 minutes, les interprétations vocales et instrumentales sont impeccables, les éclairages et projections sont dynamiques et la sono est, pratiquement, parfaite!
Bref, Thievery Corporation est loin d’avoir perdu la main. Le groupe poursuit sa tournée, ce soir (7 mars) à Ottawa, puis, à Toronto, le 8 mars. https://thieverycorporation.com/tour/
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