Le titre de la nouvelle pièce de Michel Marc Bouchard a bien peu à voir avec le spectacle qui est présentement à l’affiche au Théâtre du Nouveau Monde. Une fête d’enfants est, en fait, une tragédie interprétée par un trio d’acteurs irréprochables: François Arnaud, Iannicko N’Doua et Sylvie Drapeau. Pourtant, le dramaturge qui a séduit le public avec, entre autres, Les Feluettes, Tom à la ferme, La Nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé et Embrasse ne parvient pas, cette fois-ci, à créer l’habile suspense qui traverse ses oeuvres phares.

D’entrée de jeu, la pétillante Sylvie Drapeau sait dérider l’assistance avec son personnage de dentiste à la retraite qui se passionne pour l’art du collage, en se laissant inspirer par l’artiste plasticienne allemande Hannah Höch. Blasée, la banlieusarde confie avec espièglerie apprécier l’odeur de la colle et peut-être aussi l’effet des émanations qui lui rappellent qu’elle est vivante.
La sexagénaire nous apprend également qu’elle a accepté d’ouvrir sa «vaste maison» pour l’anniversaire de son petit-fils, Nathan. Parmi les nombreux invités à la fête, il y a deux fillettes et leurs deux papas. C’est justement le drame de cette famille homoparentale qui se jouera devant nous. Bien qu’étant en apparence parfaitement heureux, ce couple s’apprête à vivre un cauchemar.
François Arnaud s’acquitte avec brio du rôle ingrat de David, un être à la fois séduisant, vaniteux et sans scrupules. Durant cette fête d’enfants, il posera d’ailleurs un geste qui ne cessera de le hanter.
Une fois de plus, Bouchard braque les projecteurs sur les pouvoirs associés à la beauté et sur le jeu dangereux des apparences. Le narcissique David sera finalement démasqué par son époux aimant et blessé qui est incarné avec justesse par Iannicko N’Doua.

Le metteur en scène, Florent Siaud multiplie les projections vidéo de Félix Fradet Faguy qui apparaissent sur plusieurs écrans. Ces images souvent floues évoquent sans doute la confusion qui habite les protagonistes de cette triste histoire.
Quant à la fête annoncée, on en parle mais on n’en voit rien! On entend des voix d’enfants et quelques phrases préenregistrées de personnages secondaires qui sont pratiquement inaudibles. Difficile de s’émouvoir, alors qu’il manque des pièces essentielles à ce casse-tête émotionnel.
Une fête d’enfants
Texte: Michel Marc Bouchard
Mise en scène: Florent Siaud
Distribution: François Arnaud, Sylvie Drapeau, Iannicko N’Doua
Au Théâtre du Nouveau Monde, jusqu’au 8 février
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