Que l’on soit amateur de métal ou non, on se souviendra du concert Voïvod symphonique dans nos annales de la musique ! On avait encore jamais vu une telle rencontre artistique chez nous. Sur un ton quasi-solennel, le chanteur Denis «Snake» Bélanger a d’ailleurs déclaré que l’honneur de jouer avec l’OSM dépassait ses rêves les plus fous, plus de 40 ans après la formation de son groupe «dans un sous-sol de Jonquière».
«Nous sommes deux entités réunies pour créer une troisième entité», a-t-il lancé, au grand plaisir des admirateurs de Voïvod curieux de redécouvrir Experiment, Holographic Thinking ou The Unknown Knows, propulsées par quelque 75 musiciens de l’Orchestre symphonique de Montréal, dirigés par Dina Gilbert. En plus de tenir ses promesses au niveau musical, ce spectacle est visuellement éblouissant!

Un mariage réussi
Contrairement à ce que plusieurs craignaient, il n’y a pas de cacophonie, dans ce concert qui est de nouveau présenté, ce soir (30 janvier), à la Salle Wilfrid-Pelletier.
D’une part, la batterie de Michel Langevin est entourée de plexiglas, ce qui aide à contenir l’impact de ce musicien énergique et proverbialement tapageur ! Quant à la guitare de Daniel Mongrain, elle est souvent hurlante mais, on a su équilibrer l’espace qu’occupent ces instruments ainsi que la basse de Dominic Laroche, de sorte que l’OSM a aussi sa place dans le mix.

Heureusement, car les arrangements d’Hugo Bégin magnifient, entre autres, The End of Dormancy et Forgotten in Space. Ces pièces qui ont un côté cinématographique, prennent une nouvelle envergure avec les différents pupitres de l’orchestre, dont les instruments sont amplifiés. Donc, l’ADN de Voïvod demeure intact, mais le groupe a mis en veilleuse ses élans de trash metal.
Quant au chanteur, il pousse la note avec plus de retenue qu’il ne le fait habituellement en spectacle. Alors, toutes ces composantes s’harmonisent, grâce au travail colossal de Larry O’Malley et Francis Perron, ingénieurs de son.
Cinématographique!

En plus de ce mariage musical qui a de quoi confondre bien des sceptiques, le spectacle est franchement beau à voir! Marcella Grimaux à la conception visuelle et à la mise en scène, ainsi que Noisy Head Studio à la conception vidéo font une fois de plus honneur à leur grande réputation.
On pense, entre autres, à la pièce Into My Hypercube, où des formes géométriques prennent des allures de vues aériennes d’une ville aux énormes gratte-ciel. Quant à Cosmic Drama et Nuclear War, elles sont accompagnées d’images reflétant ces univers inquiétants.
Ces projections fantasmagoriques sont élaborées à partir d’oeuvres de Michel «Away» Langevin. Rappelons que le batteur est aussi graphiste et qu’il a créé les illustrations emblématiques des pochettes d’albums de Voïvod.

Moment nostalgique
Avant d’interpréter Tribal Convictions, grand succès du groupe, Denis Bélanger a tenu à honorer la mémoire du regretté guitariste Denis D’Amour, l’un des membres fondateurs de cette formation qui s’est éteint en 2005.
Après un voyage dans le temps totalisant environ 90 minutes de métal symphonique, l’assistance a longuement ovationné le quatuor. Puis, lorsque Bélanger a remercié ses hôtes, le public s’est spontanément levé de nouveau pour applaudir, cette fois, les musiciens de l’Orchestre symphonique de Montréal visiblement appréciés par ces spectateurs réceptifs et curieux.

La soirée s’est terminée en apothéose avec la reprise d’Astronomy Domine de Pink Floyd.
Dommage que cet audacieux spectacle ait été présenté dans une salle à moitié remplie, c’est-à-dire devant quelque 1500 spectateurs. Pourtant, cette rencontre musicale insolite a un caractère historique, un peu comme le légendaire concert du groupe Offenbach à l’Oratoire qui continue de titiller notre imaginaire, plus d’un demi-siècle plus tard.
Il est encore temps d’assister à Voïvod symphonique qui est à l’affiche, une deuxième fois, ce soir, 30 janvier, à 20h, à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.
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