Yves Lambert: 50 ans, de la Bottine à aujourd’hui

Yves Lambert, cofondateur de la Bottine souriante, s’apprête à célébrer ses 50 ans de carrière à L’Espace St-Denis, avec son orchestre de 7 musiciens. Au programme de ce souper-spectacle: La ziguezonLa cuisinièreDans nos vieilles maisons et La tourtière. Ce ne sont que quelques-uns des titres de l’immense répertoire de ce chanteur et musicien qui, après 26 ans avec la Bottine, a continué d’enregistrer de nouveaux disques et de se produire en spectacle, depuis plus de deux décennies.

Chaleureux et volubile, Monsieur Lambert s’est réinventé à plusieurs reprises et il vit actuellement l’une des plus belles périodes de sa vie.

«La musique est un élixir de jeunesse»

Yves Lambert / Crédit: Jean Charles Labarre

«J’suis content de ce qui m’arrive», lance d’entrée de jeu le Lanaudois de 68 ans. «À bien y penser, y’en n’a pas beaucoup d’artistes québécois qui peuvent partir en tournée, pratiquement à chaque année», souligne le musicien qui a un mois de décembre très chargé et des engagements jusqu’en 2026.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que la route ne lui fait pas peur, même en hiver, lui qui se rendra jusqu’à Malartic pour terminer l’année 2024. «Pour moi, ce n’est pas un travail! Ça me donne plus d’énergie que ça m’en enlève! J’aime voir les gens! Parfois, je vais dans la salle pour les rencontrer, avant le début du show.»

Tout a commencé sur le mont Royal

Pourtant, cet heureux destin ne semblait pas tracé d’avance. «J’ai lâché l’école en 72, parce que ça marchait pas! J’avais 16 ans.» Mais, déjà à cette époque, l’autodidacte aimait lire les nombreux journaux qui traînaient dans la maison familiale.

Quelques années plus tard, il se rend sur le mont Royal pour assister au spectacle légendaire du 24 juin 1975 qui rassemblait notamment Gilles Vigneault, Yvon Deschamps et Louise Forestier.

«C’est là que j’ai eu l’illumination, comme Saint Paul!», dit Monsieur Lambert, qui se souvient d’avoir vibré plus que jamais auparavant, au son de la musique québécoise, acclamée par une foule en délire!

«En fait, j’ai passé cinq nuits sur le mont Royal! J’avais ma vieille couverte grise qui me servait de poncho», précise-t-il, en se rappelant de cette grande célébration de la Saint-Jean-Baptiste, organisée par la regrettée Lise Payette. «C’est là que j’ai rencontré Mario Forest», l’un des cofondateurs de la Bottine.

Y’a ben du changement

De fil en aiguille, la Bottine souriante, formée en 1976, lancera, en 1978, son premier disque intitulé Y’a ben du changement. Bénéficiant du regain d’intérêt de la jeunesse pour la musique traditionnelle, le groupe publiera d’autres albums bien accueillis dont Chic & Swell et Je voudrais changer d’chapeau, au cours des années 1980.

Puis, en 1991, l’arrivée des cuivres change le son de la formation, alors que le sax et la trompette n’avaient encore jamais été associés aux airs traditionnels canadiens français. Cette audace porte ses fruits, puisque le disque Jusqu’aux p’tites heures remporte le Félix de l’Album Folk, en 1992 et le Juno du meilleur album de musique traditionnelle, en 1993.

L’année suivante, LBS atteint un nouveau sommet avec La Mistrine, dont plusieurs morceaux sont devenus des classiques, qu’il s’agisse du Rap à ti-pétang, du Reel des soucoupes volantes ou de Martin de la Chasse-galerie, une chanson écrite par Michel Rivard.

Mais à la fin de 2002, on apprendra que l’aventure «bottinienne» est terminée pour Yves Lambert qui annonce alors sa démission. «Il y avait des égo très forts dans ce groupe et tellement de conflits que ça devenait invivable! D’ailleurs, j’ai dû aller en thérapie; ça m’a pris 15 ans à revenir de la Bottine!»

Malgré tout, l’artiste a poursuivi sa carrière solo, avec différentes formations dont le Bébert Orchestra et le Trio Yves Lambert. «Aujourd’hui, j’ai un big band qui me ressemble beaucoup plus», affirme-t-il.

Son Grand Orchestre réunit: Paul Audy (guitare, voix) Robin Boulianne (violon, mandoline, podorythmie, voix) Mathieu Royer (contrebasse), Geneviève St-Pierre (clavier), ainsi que Mélanie Bourassa (clarinette basse et clarinette), Antoine Trépanier (basson) et Gabriel Schwartz (saxophone, flûte traversière, piccolo, percussion et arrangements).

«Ce sont des instrumentistes très à l’aise en improvisation! D’ailleurs, je trouve que notre musique commence à ressembler à celle de l’Infonie», groupe de jazz expérimental, fondé en 1967, par Raôul Duguay et Walter Boudreau.

Ouvert au changement, Monsieur Lambert a toutefois pris ses distances par rapport à certaines idées qui ont émergé, ces dernières années. «Quand on a commencé à dénoncer l’appropriation culturelle, j’étais bien malheureux, car, justement, ma musique puise dans différentes cultures.»

Très au fait de l’actualité internationale, il évoque d’ailleurs un bouleversement imminent en Syrie, lors de notre entretien, deux jours avant la chute du régime de Bachar Al-Assad.

Alors, comment cet observateur de la société voit-il les paradigmes d’aujourd’hui, transformés notamment par #MeToo et les questions de fluidité de genre ?

«J’ai travaillé avec des jeunes de troisième génération et je dois dire qu’il y a des points de vue qui me surprennent! Mais, je n’embarque plus dans les débats! Je suis devenu allergique aux opinions! Je ne veux plus de politique! J’veux juste faire de la musique pour que le monde s’amuse!»

Santé et sérénité

Évidemment, la santé est une condition sine qua non pour la suite de la carrière du sexagénaire qui a été hospitalisé, cet automne. Après un spectacle à Carleton, en Gaspésie, on a dû l’amener à l’hôpital de Maria, puis le transporter en ambulance à l’hôpital de Rimouski, à cause d’une pierre au rein. D’ailleurs, quelques heures avant notre entretien, on lui a retiré un cathéter au rein. «Apprendre à vieillir, c’est apprendre à vivre avec la douleur.»

En plus d’avoir redéfini son identité musicale, Yves Lambert se réjouit de travailler avec un gérant attentionné du nom de Louis-Philippe Contré. «C’est mon fils! Il vit au Chili et c’est à partir de là qu’il s’occupe de ma carrière et de celle de quelques autres artistes et ça va très bien. Je chanterai tant que je pourrai! J’suis encore capable! Et je n’ai pas peur de la mort!»

Yves Lambert – 50 ans, de la Bottine à aujourd’hui

Souper-spectacle, à l’Espace St-Denis, les 3 et 4 janvier 2025.

Pour voir les dates de la tournée d’Yves Lambert, c’est par ici.

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