Alain Simard: le rêveur qui a confondu les sceptiques !

Le Festival international de jazz de Montréal s’ouvre sur une note des plus réjouissantes avec le lancement d’une exposition d’objets rares et fascinants de la collection d’Alain Simard, fondateur du FIJM. On y trouve, entre autres, une guitare de Ben Harper, un dessin original de Miles Davis et un chapeau de Leonard Cohen. Monsieur Simard sera d’ailleurs présent à tous les soirs de cette 44e édition du FIJM pour rencontrer les visiteurs de l’exposition Je rêvais d’un festival, offerte gratuitement, à la Place des Arts.

«En mission pour mes artistes préférés!»

Alain Simard devant une affiche de l’exposition «Je rêvais d’un festival»

Imprésario, producteur de spectacles, de disques et de télévision, Alain Simard a joué un rôle majeur dans le développement de la culture, au Québec, depuis plus d’un demi-siècle. Dès le début des années 1970, alors qu’il venait d’avoir 20 ans, ce visionnaire a réussi à produire en spectacle, pour la première fois à Montréal, des groupes tels, Pink Floyd, Genesis, Gentle Giant et Yes.

Avec Spectra Scène (devenue L’Équipe Spectra), il a aussi présenté des spectacles d’Harmonium, Beau Dommage et Offenbach. Gerry Boulet et sa bande auront d’ailleurs été les premiers artistes québécois à se produire en vedette au Forum de Montréal, grâce à l’audace d’Alain Simard.

Comment expliquer le parcours atypique de cet homme aux mille projets qui a aussi lancé le Spectrum, une salle de spectacles montréalaise mythique?

«J’ai été sans cesse en mission pour mes artistes préférés», résume-t-il en entrevue à BaBillart Montréal, au milieu des affiches, photos et artefacts de sa collection qui nous plongent dans les coulisses des grands festivals montréalais.

On y voit, entre autres, une affiche dédicacée par la légendaire chanteuse française Juliette Gréco, invitée aux FrancoFolies de Montréal, cofondées par cet entrepreneur audacieux qui a aussi lancé le festival Montréal en lumière en 2000.

Évidemment, toutes ces réalisations ont leur histoire que monsieur Simard raconte dans un passionnant livre autobiographique, truffé de photos, qui porte le même titre que l’exposition: Je rêvais d’un festival.

On y lit, entre autres:

«Lors de ma première entrevue pour parler du FIJM au talk-show de Jean-Pierre Ferland (en 1980), sa première question avait été: -«Pourquoi faire un Festival de jazz à Montréal? Tout le monde sait que ça ne marchera jamais!»

Malgré tout, la première édition du Festival de jazz a laissé une impression plutôt positive dans les médias, en présentant de grands noms tels Ray Charles et Chick Corea, mais ce n’était pas gagné pour autant! En plus des nombreuses difficultés financières, la deuxième édition s’est heurtée à l’administration du maire Jean Drapeau qui avait fait démanteler la principale scène du festival, sur la rue St-Denis, à la suite de plaintes pour le bruit.

Guitare de Ben Harper, autographiée

«La musique a transfiguré le centre-ville»

Déterminés, Simard et ses collaborateurs ont gardé le cap et continué de présenter des spectacles gratuits, même si le financement public n’est arrivé qu’en 1982 et pour seulement 3% du budget du festival. «On était jeunes et on croyait que la musique pouvait changer le monde», se rappelle-t-il, en ajoutant que la popularité des festivals aura finalement «transfiguré le centre-ville», avec la place des Festivals.

Affiche signée par Stevie Wonder

Ce désir de démocratiser la culture est toujours au coeur des préoccupations du septuagénaire. C’est pourquoi il a accepté de céder, pour cette exposition, les nombreuses pièces qui feront l’objet d’une vente aux enchères. Les profits seront remis à la Fondation de la Place des Arts, qui a pour but d’accroître l’accessibilité aux arts et à la culture.

Parmi les trouvailles inédites qui vous attendent, on remarque une statuette du Prix Miles-Davis; il s’agit d’une sculpture de bronze créée par le Québécois Jules Lasalle. C’est le premier et le seul des 50 exemplaires de cette sculpture qui est mis en vente au grand public. Bob Dylan, Leonard Cohen, Paul Simon, Joni Mitchell et Stevie Wonder, entre autres, ont reçu ce prestigieux trophée qui est remis par le Festival de jazz, à chaque année, à un illustre musicien.

Voir les items de l’encan.

Prix Miles-Davis, sculpture de bronze

Alors que les gérants d’artistes sont souvent des personnages qui affichent un air sérieux pour ne pas dire sévère, Alain Simard, lui, a séduit le public, entre autres, avec son sourire. J’ai eu très souvent l’occasion de l’interviewer, durant la vingtaine d’années où j’ai travaillé à CKAC et je n’ai jamais vu cet homme en colère, ou impatient, même les soirs où des pluies diluviennes jouaient les trouble-fête, lors de grands événements extérieur du FIJM.

Quel est donc son secret? «J’ai toujours fait ce que j’aimais, entouré de gens que j’aime», répond-il… avec le sourire, évidemment!

Infos pratiques

  • Exposition: « Alain Simard – Je rêvais d’un festival »
  • Du 27 juin au 6 juillet 2024
  • Salle d’exposition de la Place des Arts, à côté du Théâtre Maisonneuve
  • Gratuit
  • Séances de dédicaces du livre «Je rêvais d’un festival», par Alain Simard: tous les soirs, de 17 h 30 à 19 h 30
  • Encan virtuel: du 26 juin au 6 juillet 2024
  • Pour plus de détails: https://placedesarts.com

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