Marc-Yvan Coulombe / BabillArt Montréal
Inspirée du roman Anna Karénine de Tolstoï, la pièce Anna, ces trains qui foncent sur moi, de l’auteur saguenéen Steve Gagnon, réunit sur scène 14 comédiens québécois, français et belges. Créé en France, ce spectacle mis en scène par le Français Vincent Goethals a aussi été présenté à Québec en 2023 et il est maintenant à l’affiche au TNM, jusqu’au 26 octobre. Cette fresque théâtrale de 3 heures et demie, incluant un entracte, raconte, essentiellement, la réunion estivale annuelle d’un groupe d’amis soudés par les liens familiaux et l’appartenance à un parti politique. L’alcool coule à flots. Progressivement, on se coupe la parole, le ton monte et les couteaux volent bas.
Règlements de comptes
D’entrée de jeu, les personnages se retrouvent pour un long week-end dans le domaine de Daria (Violette Chauveau) et Stéphane (Marc Schapira), premier ministre sortant.
Au coeur de ces retrouvailles bien arrosées, on remarque l’énigmatique Anna (Véronique Côté), soeur de Stéphane et épouse d’Yvan (Frédéric Cherboeuf) qui s’apprête à prendre la tête du parti politique actuellement au pouvoir.
On finira par comprendre qu’Anna a vécu une liaison avec Alexis (David Boutin), un député du parti, avec qui elle a eu une fille qu’Yvan fait passer pour la sienne.
Or, après plusieurs années d’absence, Alexis fait irruption dans la fête, alors qu’on vient de découvrir une dizaine de cadavres de cerfs au bord de la rivière…
C’est ainsi que l’auteur installe les mécanismes qui amèneront ses personnages à s’entre-déchirer, mettant ainsi en lumière l’importance accordée aux apparences, l’hypocrisie individuelle et collective, etc.
Parmi les interprètes, tous très investis, allons-y d’une mention spéciale pour Violette Chauveau qui est tout feu tout flamme en femme légèrement névrosée qui apporte de salutaires touches d’humour dans cet univers tourmenté.
Cela dit, il n’y a rien de neuf dans ce triste constat des paradoxes qui habitent les humains, à la fois aimants, impétueux et rancuniers. Quant à la mise en scène plutôt statique de Goethals, elle n’arrive pas à dynamiser ce (trop?) long spectacle.
À elle seule, la première partie, d’une durée de deux heures, est consacrée à des discussions sur la définition du couple, les classes sociales, l’environnement, l’anxiété, etc. L’auteur reprend, en fait, des opinions qui, pour la plupart, ont déjà été exprimées des centaines de fois. Résultat: de nombreux spectateurs ont quitté à l’entracte, samedi dernier.
On aura compris que l’assistance n’arrive pas à s’intéresser simultanément à quatorze personnages qui, en plus, ne parlent pas toujours face au public et génèrent de nombreux moments de cacophonie! Comme si leurs conversations denses et truffées de reproches ne suffisaient pas, le récit est alourdi par de nombreuses trames narratives secondaires qu’on peine à suivre.
Anna, ces trains qui foncent sur moi
Texte : Steve Gagnon. Mise en scène : Vincent Goethals. Une production du Théâtre Jésus, Shakespeare et Caroline. Au Théâtre du Nouveau Monde, jusqu’au 26 octobre.
*Photo fournie par le TNM.

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