Arion Orchestre baroque: un concert d’ouverture sous le signe de la découverte

Marc-Yvan Coulombe / BabillArt Montréal

Des œuvres rarement entendues chez nous étaient au programme de l’élégant concert d’ouverture de saison d’Arion Orchestre baroque, à la salle Bourgie, en fin de semaine. En plus de pièces célèbres de Rameau et de Jean-Marie Leclair, la vingtaine de musiciens dirigés par Mathieu Lussier nous a permis de découvrir, notamment, une compositrice appelée Mademoiselle Laurant, une contemporaine de Rameau.

Bien que peu nombreux, samedi soir, le public a chaudement applaudi ces découvertes musicales ainsi que la soprano Emma Fekete, originaire de Val-d’Or et qui fut pour plusieurs la révélation de ce «Concert de la reine».

Emma Fekete, soprano québécoise

Ancienne artiste en résidence à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal (2022-2024), Emma Fekete s’est alors attirée des critiques élogieuses, notamment, pour son rôle de Poppea dans L’incoronazione di Poppea, drame musical de Monteverdi.

La jeune femme qui a ensuite fait ses débuts en France au Festival d’Aix-en-Provence, l’an dernier, est déjà vraisemblablement très sûre d’elle et cela s’entend dans sa vibrante interprétation de «Rossignols amoureux», extrait de la tragédie lyrique Hyppolite et Aricie de Rameau.

Avec ses aigus clairs et son vibrato velouté, la soprano nous entraîne ensuite dans l’univers de La Princesse de Navarre, du même illustre compositeur français. En plus de sa diction impeccable, la Valdorienne d’origine sait intégrer sa voix à l’orchestre dirigé avec grande délicatesse par Mathieu Lussier.

Après la pause, la reine de la soirée brille à nouveau, notamment, dans l’air de «Serments trompeurs» de la tragédie lyrique Scylla et Glaucus de Jean-Marie Leclair.

Au-delà de sa technique vocale remarquable, Emma Fekete semble pleinement habitée par ce qu’elle chante, de sorte que chacune de ses interventions tient du ravissement!

De la suite dans les idées

Fidèle à sa mission de nous faire découvrir des compositeurs de musique baroque peu joués chez nous, Mathieu Lussier a conçu ce programme, en s’inspirant des Concerts de la Reine. Rappelons que, sous l’égide de Marie Leszcynska, épouse de Louis XV, les Concerts de la Reine présentaient à la cour, entre 1725 et 1762, des extraits d’oeuvres lyriques.

C’est dans cet esprit qu’Arion Orchestre baroque a ouvert la soirée avec une suite instrumentale de Mademoiselle Laurant, compositrice dont on ne sait pratiquement rien. Les pièces au programme étaient tirées d’un opéra pastoral intitulé Le Concert. Bien qu’agréable, cette musique m’a semblé presque banale, à comparer avec l’univers de Rameau qui, encore aujourd’hui, fascine de nombreux mélomanes avec son écriture complexe.

Cela dit, après l’entracte, une œuvre de Mademoiselle Duval a grandement piqué ma curiosité. Des extraits de l’opéra-ballet Les Génies ou Les Caractères de l’Amour donnent le goût d’en connaître davantage au sujet de cette Française qui était à la fois compositrice, claveciniste et danseuse. Les airs, bourrées, sarabande et menuets de cette énigmatique artiste sont habilement tournés et souvent enlevants, en plus d’être portés avec grâce par Arion. Tout était là! Il ne manquait que des spectateurs!

Le Concert de la Reine était présenté à la salle Bourgie les 4 et 5 octobre.

Le prochain concert d’Arion Orchestre baroque, intitulé «Les adieux», sera dirigé par la violoniste franco-arménienne Chouchane Siranossian, les 15 et 16 novembre, à la salle Bourgie. https://arionbaroque.com/

*Photo de Mathieu Lussier / Crédit: Matthew Perrin

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