Bobby Bazini, «Seul au cinéma», à l’Outremont : un rendez-vous flou

Marc-Yvan Coulombe / BabillArt Montréal

En ce premier novembre morose, Bobby Bazini présentait, au Théâtre Outremont, son nouveau spectacle intitulé «Seul au cinéma», ce qui est aussi le titre de son plus récent album. Après avoir gravé cinq opus en anglais et connu le succès, dès 2009, avec I Wonder, l’auteur-compositeur originaire de Mont-Laurier interprète les pièces du premier disque de sa carrière écrit dans la langue de Molière. Hélas, ces nouvelles chansons que l’artiste voit comme des métaphores de sa quête d’identité, se perdent dans un spectacle flou.

Sous sa casquette qu’il ne retirera à aucun moment de la soirée, le trentenaire au corps longiligne, vêtu d’un jean et un t-shirt, a l’air d’un ado plutôt timide qui s’accroche à sa guitare. Heureusement, le temps n’a rien changé à cette mystérieuse voix haut perchée et parfois rocailleuse qui le caractérise.

Entouré de quatre musiciens et une choriste qui font honneur aux délicats arrangements de son répertoire, dans une sonorisation impeccable, il ouvre le bal avec Février et le mauve, suivie de Rouler en août. Ces morceaux agréables sans être novateurs rappellent l’ambiance planante de Rêver mieux, un classique de Daniel Bélanger, paru il y a près d’un quart de siècle.

Pendant ce temps, sur un écran rectangulaire, on projette des images déformées du visage de Bobby et d’autres formes carrément abstraites. Ces projections ont-elles un sens? Allez savoir!

Entre deux chansons, une spectatrice s’écrie: «Allumez les lumières! On ne voit rien!» Malgré ces protestations, tout le concert se déroulera dans la pénombre, comme si le principal intéressé ne voulait pas qu’on le voit clairement.

Le chanteur, né Bobby Bazinet, poursuit avec Partir avant la fin. C’est justement ce que feront plusieurs spectatrices qui quitteront la salle, moins d’une demi-heure après le début de la représentation, en maugréant, vraisemblablement insatisfaites de l’éclairage trop tamisé.

Presqu’au même moment, de nombreux retardataires se dirigeaient vers leurs sièges, avec plus de 20 minutes de retard, en ce samedi de grève à la STM.

Bref, disons que l’ambiance était plutôt tumultueuse, au balcon du moins! Malgré tout, des admirateurs ont applaudi spontanément aux premiers accords de Blood’s Thicker Than Water, ainsi qu’à l’introduction de la chanson Leonard Cohen, composée par Bazini, en hommage au regretté poète et musicien montréalais.

Peu bavard, le Lauriermontois joue aussi quelques-uns de ses tubes en s’accompagnant seul à la guitare dont, I Wonder et C’est la vie. Toutefois, à quelques reprises, le musicien prend plusieurs minutes pour accorder son instrument. Un spectateur narquois en profite alors pour nous donner des nouvelles du match opposant la Sainte-Flanelle aux Sénateurs. L’insolent s’écrie, depuis le balcon: «le Canadien mène 2 à zéro!»

Imperturbable, Bobby Bazini qui en était à la cinquième représentation de la tournée Seul au cinéma, termine avec Solitude, suivie d’Élégante solitude, deux titres mélancoliques, à l’image de ce spectacle terne dans l’ensemble. Il y a fort à parier que les fidèles de ce talentueux ténébreux auraient souhaité des retrouvailles un tantinet plus festives.

La tournée Seul au cinéma se poursuivra un peu partout dans la Belle Province jusqu’au printemps 2026 avec un arrêt au Capitole de Québec, le 6 novembre prochain.

*Photos tirées de la page Facebook de Bobby Bazini.

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