Éric Dupond-Moretti: humour grinçant!

«J’ai dit oui! »: les hauts et les bas d’un ex-ministre de la Justice

Marc-Yvan Coulombe / BabillArt Montréal

Le Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts affichait complet, mardi soir, pour le spectacle solo «J’ai dit oui! » d’Éric Dupond-Moretti, avocat, ex-ministre de la Justice française et conjoint d’Isabelle Boulay. Avec son humour incisif, l’homme de 64 ans revient sur les coulisses de sa vie de garde des Sceaux de 2020 à 2024. Son expérience dans l’arène politique l’amène à conclure que la démocratie est en péril, face au populisme, à la dérive des réseaux sociaux et la méfiance généralisée des simples citoyens envers les politiciens et les institutions gouvernementales. Et pourtant, on éclate souvent de rire, tellement «J’ai dit oui!» est bien écrit et bien défendu.

Un appel qui a tout changé

Malgré ses désillusions, Éric Dupond-Moretti se rappelle avec émotion, le moment où il a été choisi et nommé ministre de la Justice par le président de la République Emmanuel Macron, en 2020.

Avocat pénaliste pendant plus de trente-quatre ans et réputé pour le grand nombre d’acquittements qu’il a obtenus, celui qu’on surnommait «Acquittator» allait alors plonger dans un nouvel univers et sa vie serait chambardée !

Règlements de comptes

Sur scène, un fauteuil, une petite table et un lutrin; ce dernier ne restera que quelques minutes à l’avant-plan, car le protagoniste promet qu’il n’est pas là pour faire de la politique.

À l’arrière-scène, un écran sert à projeter, entre autres, une photo du bureau où l’ex-ministre a vécu tant d’aberrations, dans sa croisade pour faire bouger les lignes de l’institution judiciaire et de la justice.

Éric Dupond-Moretti n’a rien oublié. Il parle, entre autres, de la présidente de l’Union syndicale des magistrats (USM) de l’époque qui lui a déclaré la guerre, dès son arrivée en poste. Il se souvient également d’un ancien procureur général qu’il accuse d’avoir dressé un mur entre lui et les magistrats. Plus encore, il en a toujours gros sur le coeur d’avoir été «mis en examen» pour «prise illégale d’intérêts», dans le cadre de ses fonctions de ministre.

Bref, il faut s’intéresser à la politique pour apprécier le spectacle «J’ai dit oui!». Durant près de deux heures sans entracte, Éric Dupond-Moretti nomme diverses personnalités avec qui il a eu à croiser le fer et on risque d’être un peu perdu, si on n’a aucune idée de qui sont, entre autres, François Molins, ancien procureur général près la Cour de cassation, ou des ministres français critiqués pour leur gestion de l’épidémie de Covid.

Dupond-Moretti règle aussi ses comptes avec certains journalistes, en montrant à l’écran, des titres de journaux trompeurs, selon lui.

Alors que chaque mot est important dans ce récit dense, la sonorisation était malheureusement défaillante au Théâtre Maisonneuve. C’était d’ailleurs le principal reproche que les spectateurs formulaient à la sortie de la salle.

Éric Dupond-Moretti dans son spectacle «J’ai dit oui! »/ Crédit: Romain Os.

Ma liberté

Enfin, même s’il avait su tout ce qu’il sait maintenant des difficultés inhérentes à la vie de ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti affirme qu’il aurait tout de même dit oui à Macron, en 2020.

Appliqué à la tâche, l’ex-ministre estime avoir mené des réformes importantes et difficiles. N’empêche que, depuis qu’il est sorti du gouvernement français, il apprécie avoir retrouvé sa liberté et pouvoir exprimer sa vérité. Il termine d’ailleurs la soirée au son de Ma liberté de Serge Reggiani, enregistrée par Isabelle Boulay.

Le spectacle J’ai dit oui! était présenté le 14 octobre au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts. Il sera aussi à l’affiche le 12 mai au Capitole de Québec, le 13 mai au Casino du Lac-Leamy, à Gatineau, et le 14 mai au Théâtre Outremont, à Montréal.

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