Grandiose et émouvante! Voila ce qu’on retient de la célèbre Messe en si mineur de Bach, dirigée par Leonardo García Alarcón, samedi soir, à la Maison symphonique. En plus du charisme exceptionnel de ce maestro argentin et des grandes qualités des musiciens et solistes réunis autour de lui, une certaine théâtralité et des éclairages soignés sont venus magnifier l’émotion des divers états d’âme exprimés dans cette oeuvre emblématique du Cantor. Compte-rendu d’un concert marqué à la fois par le faste et la ferveur.
Leonardo García Alarcón a dirigé le concert d’ouverture du Festival Bach Montréal
D’entrée de jeu, la salle est plongée dans une mystérieuse obscurité pour l’introduction du Kyrie. Les choristes commencent à chanter dans les deux allées du parterre, avant d’aller s’installer sur scène devant l’orchestre, durant quelques minutes. Ils iront ensuite se placer derrière les musiciens pour le Gloria.
Avec aisance, Alarcón dirige tout sans partition. Il semble ensorceler la trentaine de choristes dont la joie est manifeste, entre autres, durant le Gloria. Dans un tout autre registre, le climat de désolation du Crucifixus est exprimé à travers les nuances du choeur, sur un rythme légèrement ralenti, ce qui contraste avec l’éclatant Et resurrexit qui suit.
Parmi les quatre solistes, on remarque, la belle voix du ténor britannique Nicholas Scott qui irradie à chacune de ses interventions. À ses côtés, le baryton-basse allemand, Andreas Wolf, brille avec son assurance et sa diction nette. Quant à Mariana Flores, épouse de maestro Alarcón, elle interprète chaque texte avec intensité, sans offrir pour autant une performance vocale mémorable.
Enfin, la mezzo-soprano estonienne, Dara Savinova, chante la partie de soprano II et celle d’alto. Avec sa voix puissante et sa robe scintillante, on a l’impression qu’elle est à l’opéra, ce qui contraste avec l’esprit de recueillement de la Messe en si. Pire encore, madame Savinova fait un bruit d’enfer avec ses talons, alors que tous ses collègues savent se déplacer silencieusement et respectueusement.
Pour ce qui est de l’orchestre d’une trentaine de musiciens, il est très attentif au maestro qui indique clairement ses intentions à chaque pupitre, le moment venu. Les vents et les trompettes se distinguent dans cette formation où le timbalier Matthias Soly-Letarte s’avère d’une grande précision.
Enfin, pour clore ce concert, un peu comme il avait commencé, les choristes ont quitté progressivement la scène et continué de chanter, en se dirigeant vers les deux allées de la salle par lesquelles ils sont arrivés. Cette scénarisation délicate et intelligente aura contribué à plonger le public dans un fabuleux voyage musical, salué par une ovation monstre!
En fin de soirée, monsieur Alarcón s’est adressé à la foule dans un excellent français pour dire, essentiellement, sa joie d’être de retour au Québec, avant de reprendre, en guise de rappel, le Dona nobis pacem (Donne-nous la paix).
Concerts gratuits
En plus des concerts payants du Festival Bach Montréal 2024, dont nous avons parlé dans un article intitulé,
Festival Bach Montréal: une 18e édition sous le signe de l’optimisme,
la programmation de concerts gratuits du Off-Bach s’ouvre cette semaine et se poursuivra, jusqu’au 3 décembre.
Dès mardi, on pourra voir et entendre le claveciniste Karl-Frédéric Bolte qui jouera plusieurs oeuvres de Bach, dont le Concerto Italien, BWV 971. (26 novembre, à 16h)
Mercredi, la pianiste Anna Saradjian interprétera les Variations Goldberg. (27 novembre, à 16h)
Le même jour, le claveciniste Luc Beauséjour et le violoniste Guillaume Villeneuve vont jouer des oeuvres de Bach, Corelli et Biber. (27 novembre, à 19h)
Samedi, l’alto Marina Thibeault et la pianiste Chloé Dumoulin seront réunies pour un concert où l’on entendra, notamment, des pièces de Bach, Britten et Hindemith. (30 novembre, à 16h)
Plusieurs conférences sont aussi offertes dont «Bach, un itinéraire avec Luc Beauséjour». Le musicien montréalais proposera un panorama chronologique de l’oeuvre pour clavecin de Bach. (Les 26, 29 et 30 novembre, ainsi que les 2 et 3 décembre à 15h 30).
Rappelons que la programmation de l’Off-Bach est gratuite et qu’il n’est pas nécessaire de réserver pour assister à ces évènements présentés au 3487, boulevard Saint-Laurent.
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