L’opéra Hamlet du compositeur français, Ambroise Thomas, fait son entrée à l’Opéra de Montréal, cet automne. Cette oeuvre du XIXe siècle est adaptée de la pièce emblématique de Shakespeare, mais elle se termine de façon moins dramatique, puisque Hamlet ne meurt pas dans le livret de Michel Carré et Jules Barbier.
À compter du 16 novembre, une distribution majoritairement canadienne fera renaître cette tragédie avec le baryton Elliot Madore dans le rôle-titre et la soprano Sarah Dufresne en Ophélie. Quant à la Reine Gertrude, elle sera incarnée par la mezzo française Karine Deshayes.
À quelques jours de la première, le metteur en scène Alain Gauthier ne cache pas sa grande fébrilité!
Plus de 50 artistes sur scène
Ambroise Thomas est surtout réputé pour l’opéra Mignon mais, son Hamlet, créé en 1868, a aussi laissé sa marque. Aujourd’hui encore, l’air le plus connu de l’oeuvre («À vos jeux, mes amis») est souvent interprété en récital.
L’art orchestral du compositeur et sa maîtrise de l’écriture vocale atteignent des sommets, notamment, dans le duo d’amour entre Hamlet et Ophélie («Doute de la lumière») et l’air d’Hamlet («Ô vin, dissipe la tristesse»).
Alors, comment expliquer que pareil opéra, en français par surcroît, n’ait jamais été présenté à l’Opéra de Montréal? Le metteur en scène Alain Gauthier souligne qu’il y a, actuellement, «une redécouverte de cette oeuvre» qui était plus ou moins tombée dans l’oubli. Or, Hamlet de Thomas a été produit en Europe, au cours des dernières années, notamment, à l’Opéra de Paris, en 2023.
Cela dit, monsieur Gauthier émet l’hypothèse que l’ampleur des effectifs requis puisse être dissuasif. «Il faut une quarantaine de choristes et neuf solistes en plus des figurants. Il y a, en tout, plus de cinquante artistes sur scène. Le grand opéra romantique français nécessite aussi un orchestre imposant. Donc, c’est un gros bateau!»
Néanmoins, l’unique représentation montréalaise de cet opéra remonterait à 1928! L’oeuvre avait alors été montée par la Société canadienne d’opérette qui a été en activité de 1921 à 1934.
Le défi d’aller à l’essentiel
Comment présenter cet opéra en cinq actes, sans perdre le public dans les méandres d’une histoire aussi sombre et complexe? «L’un de mes défis, en tant que metteur en scène, est d’évoquer les nombreux lieux où se déroule l’action, sans interrompre la musique pour des changements de décors. Nous avons donc un décor unique qui se transforme et qui évoque divers lieux», qu’il s’agisse de la salle de bal, de la campagne (scène de la folie), du cimetière, etc.
«Il faut aussi simplifier le texte et les intrigues pour arriver à un spectacle d’environ trois heures incluant un entracte. Nous avons coupé des chœurs plutôt décoratifs qui ne font pas avancer l’action et certaines scènes qui ne sont pas déterminantes. Mais, tout se tient et la dimension tragique est intacte.»
«Si on regarde seulement le livret, ça peut sembler simpliste mais, je dirais que la profondeur shakespearienne se retrouve dans la musique.» Le metteur en scène et son équipe ont d’ailleurs découvert ensemble les vertus de la partition d’Ambroise Thomas, où «la musique est toujours connectée avec l’action». Tous en sont à leur première expérience avec cet Hamlet, à l’exception de Jacque Lacombe qui a déjà dirigé cet opéra en France.
Le grand dilemme Shakespearien, «être ou ne pas être» viendra hanter la Salle Wilfrid-Pelletier les 16, 19 et 21 novembre à 19h 30, ainsi que le 24 novembre, à 14h.
Hamlet d’Ambroise Thomas
Avec: Elliot Madore, Sarah Dufresne, Karine Deshayes, Nathan Berg, Antoine Bélanger, ainsi que l’Orchestre Métropolitain, dirigé par Jacques Lacombe.
Mise en scène: Alain Gauthier.
Production de l’Opéra de Montréal
*Photo d’accueil
De gauche à droite: Alain Gauthier, Elliot Madore, Sarah Dufresne et Jacques Lacombe / À l’avant: Michel Beaulac directeur artistique de l’Opéra de Montréal et la chanteuse Karine Deshayes / Crédit: Brenden Friesen
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