Rire pour survivre
D’entrée de jeu, le texte de Geneviève Beaudet situe, avec quelques références historiques, les années sombres que vivait Montréal, à l’époque de la Première Guerre mondiale. À travers des citations d’Henri Bourassa, fondateur du quotidien Le Devoir, on comprend que les Canadiens français n’en menaient pas large dans la métropole du Québec. C’est dans ce contexte que la jeune Ouellette réalise qu’elle peut aider les siens à garder le moral, en les faisant rire.
Un duo émouvant
Fille du chanteur Martin Fontaine, qui a longtemps personnifié Elvis Presley sur scène, Gabrielle Fontaine, 31 ans, est une idole des tout-petits, depuis qu’elle est devenue Passe-Carreau dans la nouvelle mouture de Passe-Partout. Avec sa personnalité douce, elle a, ici, le défi d’incarner une femme frondeuse dont on se souvient pour son franc-parler, son chapeau de matelot et sa voix rauque.
À vrai dire, on reconnaît plus ou moins La Poune dans cette interprétation tout en douceur. Néanmoins, Gabrielle sait être émouvante dans les scènes où, malgré son amour du public, La Poune continue de garder secrète son orientation sexuelle. Elle chante, d’ailleurs, «Je choisis de me taire», l’un des moments touchants de la soirée.
À ses côtés, Jade Bruneau est très convaincante en Gigi, amoureuse de Rose. Les deux femmes interprètent, entre autres, un duo mélodieux, intitulé, «La même rivière».
Artiste polyvalente, Jade joue aussi avec aplomb le rôle de la mère de Rose, en plus de signer la mise en scène dynamique de La Géante.
Cela dit, la musique d’Audrey Thériault évolue sur divers rythmes allant du swing à la valse, avec Marc-André Perron à la direction musicale. Les harmonies vocales sont soignées et tout ce beau monde chante juste, tout en maintenant le rythme des chorégraphies. Beau travail!
Cependant, il n’y a pas dans La Géante un numéro qu’on pourrait qualifier de clou du spectacle. On parle longuement du génie comique de La Poune, mais on n’arrive pas à le faire revivre sur scène, même si Gabrielle Fontaine chante: «Vous faire rire, c’est ma vie».
En fait, les moments les plus drôles de la soirée, on les doit à l’insolence de Rita Tabbakh qui brûle les planches à chacune de ses apparitions! Parmi les autres piliers de ce spectacle, mention spéciale à Simon Fréchette-Daoust, le Cheminot qui, à travers ses nombreuses interventions, assure le fil conducteur de cette histoire tortueuse où la fiction se mélange à des scènes inspirées de faits réels.
Rappelons que La Géante est une production du Théâtre de l’œil ouvert qui s’est donné pour mission de parler de l’histoire du Québec à travers des personnalités féminines. Après La Corriveau et des spectacles consacrés à Diane Dufresne et Clémence DesRochers, la troupe met maintenant en lumière le parcours hors du commun de Rose Ouellette. Au-delà du burlesque, ce théâtre musical est un regard sur des faits historiques dont la «Grande Noirceur» de l’époque duplessiste. Au bout du compte, La Géante est plus didactique que comique.
La Géante est présentée au Centre culturel Desjardins de Joliette jusqu’au 10 août, et du 15 au 31 août au Carré 150 de Victoriaville. Détails des représentations.
Laisser un commentaire