Lanaudière: «La douce France» lumineuse d’Anne Sofie von Otter!

On a vécu des moments de grâce, avec la mezzo suédoise Anne Sofie von Otter, samedi (27 juillet), au Festival de Lanaudière! Cette habituée des opéras de Mozart, Gluck et Strauss est venue au Québec pour interpréter des chansons françaises et son concert intitulé «Douce France» ne pouvait mieux tomber, au lendemain de l’ouverture historique des Jeux de Paris. Après avoir brillé à la Scala de Milan et au Metropolitan Opera de New York, cette étoile internationale resplendissait sur la scène de l’Amphithéâtre Fernand-Lindsay, où elle nous a d’ailleurs fait le plaisir d’interpréter quelques titres des Soeurs McGarrigle.

Accompagnée de quatre musiciens très soudés autour d’elle, elle lance le bal avec À Paris de Francis Lemarque, suivie de Douce France de Charles Trenet, des pièces qu’elle a d’ailleurs gravé sur disque en 2013. On savait donc déjà que cette native de Stockholm a une excellente prononciation française; on constate qu’elle a toujours une voix souple qui atteint les aigus sans effort apparent.

Et madame a du souffle! À 69 ans, il faut la voir swinguer (un peu comme on le fait lors de nos soirées folkloriques), sur un pot-pourri irlandais, où le violoniste Anders Jakobsson s’en donne à coeur joie ! La bonne humeur s’empare alors des milliers de spectateurs qui battent la mesure en frappant des mains, amusés de découvrir cette boute-en-train qui a bien des tours dans son sac !

En effet, ses interprétations nuancées de mélodies de Reynaldo Hahn et Cécile Chaminade nous ramènent élégamment en territoire classique.

Puis, visiblement passionnée par de nombreux styles musicaux, maman von Otter écoute attentivement son fils, Fabian Fredriksson, qui interprète Nuages, un morceau emblématique du jazz manouche, composé par le guitariste français Django Reinhardt.

De son côté, l’accordéoniste Bengan Janson fera grande impression avec la pièce Fou rire du bandonéoniste et compositeur français Richard Galliano.

Cela dit, la surprise de ce concert aura été de voir cette cantatrice, habituellement si réservée sur scène, se lancer dans la Complainte pour Ste-Catherine des Québécoises Kate et Anna McGarrigle : «Je ne me sens pas intrépide Quand il fait fret, j’fais pas du ski». De toute évidence, l’adorable Scandinave sait de quoi elle parle !

Bengan Janson (accordéon) et Anders Jakobsson (violon) / Crédit: Annie Bigras

Abba, Barbara et Moustaki

Après l’entracte, Anne Sofie von Otter rend hommage à ses compatriotes du groupe ABBA, en reprenant, avec théâtralité, le tube planétaire: Money, Money, Money. Elle interprète aussi, en suédois, une chanson de Benny Andersson, l’un des piliers d’ABBA. Du jamais entendu au Festival de Lanaudière !

Déjà comblé, le public allait ensuite vivre les moments les plus intenses de cet après-midi de rêve! Avec la complicité du pianiste Johan Siberg, l’artiste nous entraîne à Göttingen. Que d’émotions dans ce poignant hymne à l’amitié franco-allemande, composé par Barbara, moins de 20 ans après l’occupation de la France par l’Allemagne, durant la Seconde Guerre mondiale !

Là où d’autres déploieraient des prouesses vocales pour épater la galerie, Anne Sofie von Otter sculpte chaque note avec la douceur et la sensibilité des âmes apaisées.

La dame est bouleversante, également, dans Ma solitude de Georges Moustaki ! En plus de la beauté de sa voix bien préservée, il y a chez elle cette chaleur humaine, cette intelligence du texte et cette générosité qui nous touchent droit au cœur !

Dans un tout autre registre, elle sait aussi donner un cachet clownesque approprié à un autre classique de Trenet. Il faut la voir gonfler exagérément les joues, à chaque fois qu’elle chante le mot «Boum!» Et elle réussit à ne pas trébucher sur ce texte casse-gueule: «La pendule fait tic-tac tic-tic Les oiseaux du lac pic-pac pic-pic… Le monde entier fait boum… Quand notre cœur fait boum boum». Décidément, rien n’arrête von Otter!

Devant tant de savoir faire, même Serge Gainsbourg aurait sans doute hésité à répéter que la chanson est «un art mineur».

Avec ses airs de gamine, dans sa robe fleurie et ses souliers rouges à semelles blanches, elle demeure enjouée jusqu’à la fin et nous laisse avec la nostalgique Que reste-t-il de nos amours ?

Malgré la chaleur accablante, la foule réunie à l’Amphithéâtre Fernand-Lindsay a longuement ovationné ce spectacle éclectique et rafraîchissant ! Pas de doute, La douce France d’Anne Sofie von Otter est un autre pari réussi du Festival de Lanaudière.

Voir la programmation de la dernière semaine du Festival de Lanaudière 2024.

Crédit photo: Annie Bigras

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