Lanaudière: une soirée féérique avec William Christie et Les Arts florissants

William Christie dirige Les Arts florissants, 13 juillet 2024 / Crédit: Annie Bigras

Le public était au rendez-vous, samedi soir, pour l’un des évènements les plus attendus de la 47e édition du Festival de Lanaudière. Malgré la chaleur suffocante, des milliers de mélomanes se sont entassés dans l’Amphithéâtre Fernand-Lindsay pour suivre avec délectation l’unique représentation de The Fairy Queen de Purcell, dirigée par William Christie et interprétée par Les Arts florissants et des chanteurs du Jardin des Voix.

En fusionnant le chant, la danse et le théâtre, le metteur en scène-chorégraphe Mourad Merzouki et les danseurs de la Compagnie Käfig et de la Julliard School transportent le public dans un monde enchanteur, où s’entremêlent la fantaisie et l’illusion.

Le Songe d’une nuit d’été réinventé

The Fairy Queen (La Reine des fées) est un semi-opéra, un genre musical lyrique baroque spécifiquement anglais. L’oeuvre a été créée environ trois ans avant la mort d’Henry Purcell qui s’est éteint, en 1695, à l’âge de 36 ans.

Le livret est une adaptation de la célèbre pièce de Shakespeare, Le Songe d’une nuit d’été. On y évoque plusieurs intrigues amoureuses, dont celle de la Reine des fées Titania et son époux Obéron. Les fées chantent aussi les plaisirs et les tourments amoureux de Lysandre, Hélène, Démétrius et Hermia.

À vrai dire, on n’a pas à saisir tous les détails de ces histoires arrosées de philtres d’amour pour apprécier le spectacle. Le dynamisme des chanteurs et danseurs nous entraîne dans un univers hors du temps porté par la magie de la musique de Purcell.

On se prend à fredonner intérieurement des airs souvent entendus, puisqu’ils ont été interprétés à maintes reprises, hors de l’oeuvre d’origine. On pense, entre autres, à «The Plaint: O let me weep», «Thrice happy lovers» et «Hark ! the echoing air».

The Fairy Queen au Festival de Lanaudière / Crédit: Annie Bigras

La magie de cette soirée repose, en grande partie, sur le savoir-faire du metteur en scène Mourad Merzouki qui est d’ailleurs le chorégraphe de la Danse des Jeux, célébrant les Jeux de Paris 2024.

L’artiste a su donner un élan moderne à ce spectacle opératique qui demeure fidèle à l’esprit baroque. Chanteurs et danseurs participent ensemble à la chorégraphie. Les corps épousent les lignes du chant et, parfois, on ajoute un coup de hanche où une contorsion du bassin, ce qui nous fait sourire, en nous ramenant sporadiquement à notre époque. Plus encore, les performances des six danseurs de la Compagnie Käfig et de la Julliard School s’apparentent souvent à de l’acrobatie. Épatant!

Quant aux huit chanteurs qui ont fait le voyage à Lanaudière, il sont issus du Jardin des Voix, une académie dirigée par William Christie et qui a pour but de former de jeunes interprètes baroques. Parmi eux, on remarque la charismatique mezzo-soprano Juliette Mey, récemment couronnée dans la catégorie «Révélation Artiste lyrique» des Victoires de la Musique classique 2024. Avec sa voix fine, elle séduit, entre autres, à travers de longs phrasés mélancoliques.

Pour sa part, le baryton Hugo Herman-Wilson se démarque par sa forte présence sur scène, tout au long de ce semi-opéra en cinq actes, d’une durée de près de deux heures. Ce colosse nous fait rire à travers les maladresses bien contrôlées de son jeu théâtral. Sans être particulièrement éclatante, sa voix traduit de multiples nuances évoquant les ambiances de l’intrigue.

Au centre de la photo: le baryton Hugo Herman-Wilson / Crédit: Annie Bigras

Le meilleur des mondes

Cette production nous arrive après une tournée internationale, à la suite de la création du spectacle, en 2023, dans les Jardins de William Christie, à Thiré, dans le département de la Vendée. Autrement dit, The Fairy Queen est bien rodée et maestro Christie dirige le tout en demeurant décontracté. Âgé de 79 ans, le chef d’orchestre américain, naturalisé français, se permet même à l’occasion de tourner le dos à ses musiciens pour admirer la prestation des chanteurs et danseurs.

Enfin, il faut souligner, une fois de plus, l’excellence des captations vidéo au Festival de Lanaudière. En plus de bien voir ce qui se passe sur scène, on peut jeter un coup d’oeil aux écrans pour suivre les surtitres et mieux saisir l’expression des chanteurs. Les caméras sont presque toujours au bon endroit, au bon moment! Bravo également pour l’amplification bien dosée des voix dans cet amphithéâtre qui demeure en lui-même un lieu enchanteur!

William Christie et les Arts florissants à Lanaudière / Crédit: Annie Bigras

Le Festival de Lanaudière se poursuit jusqu’au 4 août et il se terminera avec la présentation de l’opéra Aida de Verdi, dirigé par Yannick Nézet-Séguin. Voir la programmation de la 47e édition du Festival de Lanaudière

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