Les Ballets Trockadero de Monte Carlo célèbrent leurs 50 ans, à Montréal

Technique spectaculaire et humour mordant!

Marc-Yvan Coulombe / BabillArt Montréal

Après cinq décennies passées à parodier le ballet classique, la compagnie de ballerines masculines, fondée à New York, faisait escale à la Place des Arts, jeudi soir. Fidèle à ses habitudes, la troupe s’en est donné à cœur joie avec des satires désopilantes d’œuvres connues du grand public dont l’inénarrable Lac des cygnes! On a souvent ri à gorge déployée du parterre au balcon du Théâtre Maisonneuve! Mais, le spectacle traîne en longueur et il mise sur une approche qui n’a vraisemblablement pas beaucoup évolué, depuis sa création.

Crédit: Ralph Arvesen

Ces dernières années, un débat s’est ouvert sur la rigidité des rôles de genre au ballet et sur les danseurs masculins ou non binaires interprétant des rôles traditionnellement féminins. Mais, les Trocks avaient une longueur d’avance à ce sujet, puisque ces danseurs jouent les ballerines classiques en pointes et tutu depuis un demi-siècle et que le public est au rendez-vous, quoique de nombreux sièges n’avaient pas trouvé preneurs en ce 16 octobre.

Le généreux programme de ces divas du chausson, qui ont chacune leur nom de scène, incluait, notamment, des extraits tordants de Paquita, créé à l’Opéra de Paris en 1846. Avec treize danseurs, on offre des numéros à grand déploiement et d’autres plus intimes, comme cette incursion dans le ballet Le Corsaire, avec le Pas de deux, sur une musique de Riccardo Drigo. Du début à la fin de ce spectacle, on s’amuse à parodier les conventions de la danse classique sans jamais tomber dans la vulgarité.

Tout demeure sur le ton de la pitrerie. Une danseuse ramène sèchement à l’ordre un partenaire aux mains baladeuses. Tantôt, un danseur traverse la scène avec affectation et lassitude, tantôt une ballerine se fait foudroyer du regard par une partenaire de scène, car ses pieds ne sont pas placés comme le veut la chorégraphie. Même les spectateurs qui ne connaissent rien au ballet pouffent de rire devant ces espiègles!

Il y a aussi un numéro de danse contemporaine, Metal Garden, où les ballerines avancent en hochant la tête un peu mécaniquement! Irrésistible!

Cela dit, l’un des temps forts de la soirée fut la première œuvre du programme, soit, l’acte II du Lac des Cygnes, dont la chorégraphie s’inspirerait des pas originaux de Lev Ivanov, considéré comme «l’âme de la danse russe».

Au son de cette célèbre partition de Tchaïkovski, la reine des cygnes (Colette Adae) est à la fois une danseuse d’une grande précision et une comédienne remarquable. Bien que moins spectaculaire, son partenaire, Araf Legupski, s’avère un Prince Siegfried souvent hilarant!

Enfin, la parodie de La Mort du cygne, à elle seule, vaut le prix du billet! Cette variation pour danse en solo est inspirée de l’un des mouvements du Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns.

Alors que le plateau est plongé dans l’obscurité, un éclairagiste nous donne l’impression de chercher le cygne, en dirigeant un projecteur de gauche à droite sur la scène. Puis, soudainement, Olga Supphozova fait son apparition dans la pénombre, mais elle est rapidement repérée et brille sous les projecteurs dans son rôle de cygne qui vit ses derniers instants, en espérant pourtant vaincre la mort. L’oiseau finit par s’allonger, vaincu par la grande faucheuse mais, digne jusqu’à son dernier souffle.

Comme une grande diva du ballet classique, Olga se retire émue mais, quelques instants plus tard, elle allonge l’une de ses jambes entre les rideaux de scène, pour encourager les spectateurs à l’ovationner. On se bidonne!

Crédit: Ralph Arvesen

Cela dit, certains numéros s’éternisent, dans ce spectacle de plus de deux heures incluant deux entractes. L’effet de surprise n’est pas toujours au rendez-vous, au fil des gags qui deviennent répétitifs. Les Trocks auraient-ils fait le tour de leur jardin? Quoi qu’il en soit, on sent qu’ils sont encore amoureux de la tradition classique et ils ont toujours un talent fou pour s’en moquer!

Les Ballets Trockadero de Monte Carlo poursuivent leur route à Toronto au Winter Garden Theatre les 18 et 19 octobre, dans le cadre de la tournée de leur 50e anniversaire.

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