Starmania à la Place Bell: le spectacle de l’année !

Électrisant! Magistral! Ce sont quelques uns des superlatifs qu’inspire le nouveau spectacle Starmania, présenté en première médiatique québécoise, mercredi soir (7 août), à la Place Bell. L’opéra-rock de Luc Plamondon et Michel Berger nous revient avec toutes ses chansons mythiques, dans une mise en scène de Thomas Jolly, directeur artistique de la flamboyante cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris. Plusieurs interprètes québécois dont William Cloutier, Gabrielle Lapointe et David Latulippe sont de cette nouvelle mouture qui a déjà attiré un million de spectateurs en Europe et qui s’installe à Laval, jusqu’au 18 août. Malgré quelques réserves, voici pourquoi il faut voir ce spectacle !

Gabrielle Lapointe dans le rôle de Cristal

Une beauté sombre

La beauté sombre et désespérée de l’univers de Starmania, imaginée par le visionnaire Luc Plamondon, il y a plus de 45 ans, ressemble dangereusement au monde d’aujourd’hui! Comme sur la pochette de 1978, les gratte-ciel de Monopolis s’érigent en faisceaux de lumière, dans ce monde où on «cherche le soleil au milieu de la nuit».

Nous sommes à l’aube d’une élection présidentielle, opposant le milliardaire Zéro Janvier (David Latulippe) au Gourou Marabout (Malaïka Lacy). Une bande de zonards menée par un certain Johnny Rockfort (William Cloutier) sème la terreur dans les rues de la ville. Le jeune homme et sa complice Sadia (Miriam Baghdassarian) sont bien déterminés à contrecarrer l’ascension de Zéro Janvier et ils commettent leurs premiers attentats.

La première partie du spectacle est un feu roulant !

William Cloutier dans le rôle de Johnny Rockfort

William Cloutier ne tarde pas à nous montrer de quel bois il se chauffe en personnifiant l’inquiétant leader des Étoiles noires (Quand on arrive en ville). C’est toutefois avec le S.O.S. d’un terrien en détresse que se démarque le gagnant de Star Académie 2021. Même recroquevillé sur scène pour exprimer son mal de vivre, le jeune homme de Victoriaville n’escamote aucune des notes de cette partition casse-gueule, composée sur deux octaves et demie! 

Quant à David Latulippe qu’on a pu voir et entendre à La Voix, en 2016, il hérite de la délicate tâche d’interpréter l’iconique Blues du Businessman, mais comment reprendre cette chanson après Claude Dubois ? Ce n’est donc pas le meilleur moment de la performance du jeune Beauceron de Tring-Jonction qui s’avère néanmoins un chanteur et comédien talentueux. Il faut le voir discourir comme un politicien, après avoir fait son entrée en parcourant le parterre et en serrant des mains!

Sadia, le travesti à la crinière bleue, brûle les planches, grâce à Miriam Baghdassarian qui ne manque pas de chien ! Je suis toutefois resté sur ma faim devant la chorégraphie (trop ?) sage conçue par Sidi Larbi Cherkaoui pour Ce soir on danse à Naziland.

Parmi les autres Québécois qui s’illustrent dans cette production, Gabrielle Lapointe s’avère une Cristal tout feu tout flamme, à l’aise dans tous les registres. Dramatique dans Monopolis, lascive dans Besoin d’amour… tout lui réussit ! Toujours en contrôle, même lorsqu’elle se tient en équilibre sur le toit d’une voiture vandalisée par les Étoiles noires !

Maag dans le rôle de Stella Spotlight

Cela dit, après un long entracte d’environ une demi-heure (en ce soir de première), la deuxième partie du spectacle tarde à trouver son rythme et souffre carrément de temps morts. Par contre, on y entend plusieurs des plus grandes chansons de Starmania.

Entre autres, Maag arrive à nous faire frissonner avec Les adieux d’un sex symbol, pièce monumentale marquée par l’intense interprétation de Diane Dufresne. Chapeau !

En duo, Maag et David Latulippe font de la chanson, Ego trip, une scène de ménage sur fond de questionnements existentiels. Savoureux!

Pour sa part, Alex Montembault est une Marie-Jeanne irrésistible et remarquablement bien servie par le savoir-faire du metteur en scène. Pendant Les uns contre les autres, elle est entourée d’étranges personnages immobiles sur une plaque tournante, comme s’ils étaient devenus insensibles au monde qui les entoure.

Plus encore Le monde est stone revêt un caractère apocalyptique, pendant que les débris d’une énorme explosion tombent du ciel. On a l’impression d’être à Manhattan, un certain 11 septembre…

David Latulippe dans le rôle de Zéro Janvier

Par contre, Adrian Fruit ne parvient pas à s’imposer en Ziggy, malgré son aisance sur scène. Ce «garçon pas comme les autres», n’en n’est pas moins touchant dans la scène où il fait ses adieux à la douce Marie-Jeanne.

Cela dit, on va voir Starmania, avant tout, pour réentendre les fabuleuses chansons du tandem Berger-Plamondon et on est servi! Oui, il y a des pistes préenregistrées pour certains passages, mais il y a surtout six musiciens de haut calibre, placés de chaque côté de la scène. Basses vrombissantes! Guitares vraiment rock! Électrisant!

Cela dit, la scénographie spectaculaire se transforme de chanson en chanson. Tout est continuellement en mouvement sur scène, qu’il s’agisse des interprètes, des danseurs, ou des éléments de décors qui se déplacent. À cette magie, s’ajoutent des éclairages éblouissants du début à la fin.

Il est bien rare qu’un spectacle d’un parolier québécois bénéficie de tels moyens ! En ce sens, je dirais que cette production époustouflante de Starmania est le spectacle de l’année!

Grosse surprise !

Diane Dufresne, au bras de Luc Plamondon / Crédit: Serge Lehoux

Toute une surprise attendait les spectateurs assis à la Place Bell, à quelques minutes de cette grande première de Starmania ! Luc Plamondon et son interprète fétiche, Diane Dufresne, qu’on n’avait pratiquement pas revus ensemble depuis une vieille querelle des années 1980, sont arrivés bras dessus, bras dessous! On n’en croyait pas nos yeux, mais cette apparition inattendue a été rapidement authentifiée par Marie-Christine Champagne, directrice des relations de presse de La Tribu, en réponse à un courriel de votre humble serviteur.

Ces deux monstres sacrés de la chanson ont parcouru le parterre dans la pénombre, comme s’ils voulaient envelopper leur réconciliation d’une part de mystère. Voir ces géants de notre culture, à nouveau réunis, semblait presque irréel mais, même Le Rêve de Stella Spotlight devient réalité, en quelque sorte, dans Starmania!

Starmania, à la Place Bell, à Laval, jusqu’au 18 août.

Voir l’horaire des représentations de Starmania.

*Photos fournies par evenko et La Tribu.

Commentaires

2 réponses à “Starmania à la Place Bell: le spectacle de l’année !”

  1. Avatar de Serge Lehoux
    Serge Lehoux

    Excellent article, monsieur Coulombe.
    Vous nous donnez des informations que je n’ai lues ou entendues nulle part ailleurs.
    Bravo !

    1. Avatar de admin

      Bonjour et merci d’avoir pris le temps de m’écrire!
      Bonne journée!

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