Troublant hommage à Julie Suprenant, disparue il y a 25 ans

Le théâtre La Licorne présente une pièce gravitant autour de la mystérieuse disparition de Julie Surprenant, une jeune fille de Terrebonne qui n’a pas été revue depuis le 15 novembre 1999. Sarianne Cormier, autrice de cette création, était une amie de l’adolescente disparue à l’âge de 16 ans. Un quart de siècle plus tard, l’artiste met en scène, Julie, un spectacle sur l’impact de ce drame, dans le cercle d’amis de la victime.

Sans entrer dans les détails de l’enquête policière, la dramaturge a choisi de mettre en lumière le choc qu’ont vécu les adolescents qui côtoyaient Julie Surprenant quotidiennement. Le texte donne la parole à ces jeunes dans les heures, les jours et les mois qui ont suivi la disparition. Sur scène, sept comédiens irréprochables deviennent des personnages de fiction, directement inspirés des véritables amis de la disparue.

On partage, entre autres, l’angoisse de Marco qui a été le dernier à voir Julie, de sorte qu’on l’a considéré comme un suspect, durant un certain temps.

Quant à l’amoureux de la jeune femme, on apprend que ses mains ont saigné, tellement il a frappé fort sur sa batterie pour se défouler. À noter que Mattis Savard- Verhoeven est saisissant dans ce rôle, lui qui a remplacé au pied levé, Xavier Bergeron, victime d’une appendicite.

Les adultes qui interviennent dans ce récit ne semblent pas réussir à rassurer ces jeunes en crise. À plusieurs reprises, les ados répondent aux questions insistantes d’un enquêteur dont la voix provient de l’arrière de la salle. Il y a aussi la voix sirupeuse d’une stagiaire en travail social qui répète des formules creuses. Ces scènes s’étirent parfois longuement.

On remarque aussi des digressions contreproductives, dont une laborieuse explication de l’effet dévastateur des «Ziploc» sur l’environnement ! ?

Et que dire de cette interminable scène où les jeunes courent jusqu’à épuisement?

Enfin, fallait-il vraiment faire déambuler un fantôme à plusieurs reprises, pour évoquer l’âme errante de Julie ?

Cela dit, cette pièce troublante comporte plusieurs scènes bouleversantes, dont la rencontre du fantôme de Julie avec le personnage qui représente sa sœur Andrée-Anne, comme si le théâtre devenait un baume pour cette dernière.

L’autrice termine son spectacle avec un sommet d’émotion, alors que ces jeunes, ébranlés mais unis, écoutent ensemble la chanson Tu m’manques du groupe québécois La Chicane. Ce morceau, sorti en 2000, était d’ailleurs un grand succès à l’époque de la disparition de Julie. Choix pertinent et émouvant !

En un mot, Sarianne Cormier nous rappelle une énigme qui a eu beaucoup de retentissement au Québec et qui n’est toujours pas résolue. Mais, la grande force de son spectacle est de montrer la douleur de ceux qui restent dans le deuil, sans savoir ce qu’il est advenu d’un être aimé.

Julie

Texte et mise en scène: Sarianne Cormier

Avec: Pénélope Ducharme, Clémence Dufresne-Deslières, Lyna Khellef, Jules Ronfard, Mattis Savard-Verhoeven, Madani Tall et Valérie Tellos

À La Grande Licorne, du 8 octobre au 16 novembre.

https://theatrelalicorne.com/

*Crédit photo: Suzane O’Neill

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *